« Persévérez ! » encourage le cardinal Beniamino Stella en s’adressant aux familles : « sachez vous aimer courageusement avec la même tendresse que celle du Seigneur, pour faire des défis quotidiens une occasion mutuelle de maturation ! » Et pour cela, il appelle à la confiance en la miséricorde divine.
Le préfet de la Congrégation pour le clergé a présenté ses réflexions sur la famille au cours de la messe célébrée à Assise, dimanche 13 novembre, pendant le congrès intitulé « Vous vous occuperez de pastorale familiale », organisé pour réfléchir sur l’exhortation apostolique postsynodale du pape François Amoris Laetitia, indique L’Osservatore Romano.
Le cardinal Stella a invité à « persévérer et grandir dans la foi, croire dans la famille même quand les liens sont blessés, promouvoir l’action pastorale et la mission ecclésiale même devant les situations les plus difficiles ». La foi chrétienne, a-t-il souligné, « est la vision d’une promesse qui demeure toujours au-delà et, par conséquent, même dans les situations personnelles ou sociales qui semblent les plus hostiles, elle requiert de notre vie la disponibilité à nous mettre en chemin, à abandonner nos sécurités et à nous jeter avec confiance dans les bras de Dieu, avec la ferme espérance qu’il répondra à notre supplication et ne permettra pas que nous vacillions ».
Les familles, a-t-il affirmé, « doivent cheminer dans cette foi persévérante : dans la nuit de la fragilité, de la douleur et de l’incompréhension, Dieu est proche, il se fait gardien de la famille ».
« Ne vous rendez pas à la culture de l’individualisme et du plaisir facile ! a exhorté le préfet. Ne permettez pas que les rythmes, parfois excessivement frénétiques, vous empêchent de vous embrasser sans hâte, de dialoguer, d’apprendre chaque jour à vous donner ! Qu’il n’arrive pas que votre mariage devienne une eau stagnante qui croupit ! »
Le cardinal a adressé la même suggestion – « Persévérez ! » – aux prêtres: « Devant les situations pastorales les plus complexes », soyez « des pasteurs pleins de compassion qui écoutent, accompagnent et soignent les blessures de leur peuple ». « Il nous est demandé, a-t-il rappelé, le courage de semer généreusement et abondamment, en rejoignant toutes les personnes, tous les types de terrains : libérés du rigorisme de la loi, de la fascination de se sentir le chef des personnes, de la fixation sur nos schémas et sur nos idées, nous devons être les audacieux annonciateurs de l’Évangile. »
Le cardinal a estimé que « la vérité évangélique » devrait être proposée par l’Église de la façon qu’elle ne soit pas « accueillie comme un poids insupportable, imposé sur les épaules des personnes, une pierre jetée contre leur conscience ou carrément un obstacle pour franchir le seuil de l’Église ».
L’Évangile « n’est ni un roman ni une fable recouverte de sucre », a souligné le cardinal, mais il a invité à « ne pas fuir devant la complexité et la fragilité de la vie. L’échappatoire commode de la fuite dans un monde idéal, la sécurité de la loi qui regarde les choses à distance et sans s’impliquer, ou le jugement facile de condamnation, ne sont pas la bonne route ».
« Nous sommes au contraire appelés à une œuvre de discernement, a-t-il dit, observer la réalité, nous poser des questions, approfondir les situations et les interpréter à la lumière de l’Évangile, en apprenant à partager dans la compassion les blessures de nos frères et de l’histoire ». C’est « celle-là, la voie que le synode a voulu tracer pour la pastorale de la famille : aller au-delà d’une annonce purement théorique et détachée des problèmes réels des personnes et trouver de nouvelles voies pour rejoindre les époux et les familles ».
Le cardinal italien n’a pas caché le fait que plusieurs familles vivent aujourd’hui les situations difficiles et même des « guerres ». Il s’agit de « relations affaiblies et fragmentées par la culture de l’immédiat et du provisoire », de « droits non reconnus », de l’ « impossibilité, dans de nombreux cas, de mener une vie digne et sûre », de « renoncements » et de « sacrifices », d’un « narcissisme exacerbé » et d’une « idée de l’autonomie personnelle » qui génèrent « parfois la rupture des liens ».
Le cardinal Stella a appelé à « renouveler sa confiance dans le Dieu de la miséricorde ». « Quand certains liens matrimoniaux et familiaux se brisent, a-t-il dit, quand l’amour est appesanti par la fatigue ou blessé par l’égoïsme et les infidélités, quand les situations particulières d’une relation ne parviennent pas à s’intégrer pleinement avec l’idéal évangélique du mariage, nous devons témoigner, avec encore plus de passion, de l’amour miséricordieux de Dieu qui ne permet même pas à un cheveu de notre tête de périr ».
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Cardinal Stella © Wikimedia commons
Le cardinal Beniamino Stella aux familles: «Persévérez!»
Messe au congrès sur Amoris Laetitia, à Assise