Qui était ce Français sont le pape François a offert le traité « La Vie Spirituelle, traité de théologie ascétique et mystique » à toute la curie romaine, Adolphe-Alfred Tanquerey, pss (1854-1932) ?
Son traité s’inspire de « l’expérience directe » des baptisés qui « prennent au sérieux l’appel à la sainteté », souligne l’édition italienne. On peut le trouver en français sur « Calameo » en ligne, ici.
Le pape a aussi cité une nouvelle fois Léon Bloy dans son discours au personnel de la Cité du Vatican, plus tard dans la matinée, ce vendredi 21 décembre 2018. On sait qu’il a aussi, à d’autres occasions, cité Joseph Malègue.
Et voici un Français moins connu aujourd’hui, mais dont l’enseignement – il était aussi professeur de théologie dogmatique et de droit canon – a nourri des générations de prêtres. Il est mis à l’honneur, grâce à une nouvelle édition de son œuvre en italien.
C’était aussi un « grand écrivain spirituel »: « Le 21 février 1932 la Compagnie de Saint-Sulpice perdait l’un de ses grands écrivains spirituels du début du XXème siècle, Adolphe Tanquerey », indique le site des pères Sulpiciens.
Né à Blainville-sur-Mer (France) en 1854, il entre au séminaire de Coutances (1873-1875) avant d’intégrer le séminaire Saint-Sulpice de Paris et il est ordonné prêtre en 1878. Il entre dans la Compagnie de Saint-Sulpice l’année suivante.
Il est envoyé à Rome pour continuer ses études de théologie, à l’Angelicum des dominicains, se spécialisant dans la théologie thomiste et en droit canon.
Il enseigne ensuite à Nantes puis au séminaire de Rodez (1879-1887).
En 1887, il est nommé professeur aux Etats Unis, car il est reconnu « comme un Français ouvert à la possibilité d’acquérir l’anglais et de pouvoir s’adapter à une autre manière de considérer la formation des prêtres dans le Nouveau Monde »!
Bientôt le père Tanquerey devient membre de la faculté au séminaire et à l’Université Sainte Marie de Baltimore, au Maryland. C’est le premier séminaire des Etats-Unis: il a été fondé en 1791.
Durant cette période (1887-1902), il développe ses aptitudes de théologien et il écrit de nombreux ouvrages en théologie spirituelle et mystique, en théologie morale et également en dogmatique.
En 1902, il revient en France comme chargé d’enseignement à Saint-Sulpice. Il a aussi été supérieur du séminaire de Saint-Sulpice.
Clarté et rigueur
Ses nombreuses publications deviennent des modèles de “manuels de théologie”. Ceux-ci furent très utilisés tant en France qu’aux Etats-Unis, pour la formation de base théologique des séminaristes, jusqu’au Concile de Vatican II.
Parmi les ouvrages les plus significatifs de Tanquerey, le site de Saint-Sulpice évoque le traité offert par le pape à ses collaborateurs, mais aussi Un manuel de théologie dogmatique (2 volumes, réédités jusqu’en 1959), Une courte synopse de théologie morale et pastorale (2 volumes, 1902), et le De Virtute Justitiae (1905).
Ces livres étaient appréciés « pour leur clarté, leur plan rigoureux, et l’extrême aisance avec laquelle était exposée la théologie catholique ».
Le manuel du Tanquerey consiste en une « Introduction » sur les fondements de la théologie ascétique et mystique, puis développe dans la « Première partie » les principes de la vie spirituelle chrétienne et dans la « Deuxième partie » un exposé ordonné des progrès de la vie chrétienne, indique l’édition italienne.
Ce n’est pas un « manuel », mais plutôt un « compendium », « c’est-à-dire un résumé suffisamment complet mais bref des termes de chaque question et de chaque sujet. Son but est de rappeler immédiatement l’essentiel à connaître, tant dans le domaine de l’ascèse chrétienne que de l’abandon à la grâce dans la vie mystique », précise la même source.
Progresser dans l’amour
Il est marqué, souligne toujours l’éditeur, « par l’idée de progrès » dans la vie spirituelle, « de lutte, de confiance authentique en la grâce et des moyens ordinaires pour en tirer parti, ainsi que le courage de la complexité contre tout réductionnisme simpliste. Sans parler d’un sens répandu de la présence constante de la lumière de Dieu dans le cœur de l’homme ».
Voilà donc le cadeau de Noël du pape François à se collaborateurs: il n’hésite pas à dire, à la suite Benoît XVI qu’il y a des « saints » parmi eux.
Mais il ajoute aussi, dans ce même discours de ce matin à la curie, cet avertissement: « Souvent, même les élus, chemin faisant, commencent à penser, à croire et à se comporter comme les maîtres du salut et non comme des bénéficiaires, comme des contrôleurs des mystères de Dieu et non comme d’humbles distributeurs, comme des douaniers de Dieu, et non comme des serviteurs du troupeau qui leur est confié ».
« Souvent, continue le pape, – par zèle excessif et mal orienté – au lieu de suivre Dieu on se met devant lui, comme Pierre (…) ».
Le pape souligne que le progrès est inhérent au don reçu: « Le salut est un don qui doit être accueilli, gardé et qu’il faut faire fructifier ».
Il offre donc ce « compendium » pour contribuer à ce progrès dans l’amour du Christ et du prochain.