"La présence du Saint-Siège dans les organismes internationaux", par Mgr Tauran

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Au cœur de la douleur du monde, une autorité morale, pas politique

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CITE DU VATICAN, Mardi 23 avril 2002 (ZENIT.org) – « La présence du Saint-Siège dans les organismes internationaux », c´est le titre de la «lectio magistralis» donnée par Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les Relations avec les Etats, à l´université catholique de Milan, comme le rapporte le quotidien italien d´inspiration catholique « L’avvenire ».

Lorsque Karol Wojtyla a été élu pape, rappelle le quotidien, le Saint-Siège entretenait des relations diplomatiques avec 84 pays. Aujourd´hui, le chiffre est passé à 172. Deux autres pays devraient les rejoindre sous peu. On mesure alors l´ampleur et la profondeur de l´action diplomatique du Saint-Siège, observe le quotidien italien, au niveau bilatéral et « multilatéral », étant donné la représentation du Saint-Siège dans les organismes internationaux, en particulier, comme Observateur à l´ONU. Mgr Tauran évoquait tous ces aspects dans le cadre d´un cycle de conférences sur « Le gouvernement de l´Eglise universelle » promu par la faculté de droit de l´université milanaise.

Le Saint-Siège, précisait Mgr Tauran, agit « en tant qu´autorité morale », visant à « la promotion d´une éthique des relations entre les différents protagonistes de la communauté internationale ». Et de citer Jean-Paul II: « La raison d´être du Saint-Siège au sein de la communauté des Nations est d´être la voix que la conscience humaine attend, sans diminuer pour autant l´apport des autres traditions religieuses ».

Mgr Tauran a ensuite répondu aux questions de L´Avvenire en particulier sur l´expulsion récente d´un évêque de Russie et d´un prêtre, catholiques.

Avvenire – Quelles initiatives concrètes avez-vous prises face à ces expulsions?
Mgr Tauran – Nous avons porté notre protestation à l´attention des autorités russes, pour qui Mgr Mazur et le P. Caprio sont « persona non grata ». Pourquoi? C´est une violation des engagements internationaux sur le plan de la liberté religieuse que la Russie a également faits siens.

Avvenire – Les deux expulsions ont été décrétées par l´autorité publique. Mais il est difficile de ne pas les situer dans le cadre des relations critiques entre l´Eglise orthodoxe russe et l´Eglise catholique. S´il en est ainsi, que faire ?
Mgr Tauran – Notre protestation et notre amertume ne diminuent en rien la mesure et la qualité de notre compréhension. Nous savons bien ce que l´Eglise orthodoxe a souffert au cours des longues années du régime soviétique. Isolement, oppression, martyre… Ce sont des souffrances qui ont, en particulier, marqué l´Orthodoxie russe. C´est pour cela que je dis que le Saint-Siège n´a aucune animosité contre l´Eglise orthodoxe. Au contraire, nous sommes heureux de pouvoir l´aider à grandir.

Avvenire – Autre front très chaud: la Terre Sainte. Quelle est la position du Saint-Siège?
Mgr Tauran – Je le répète: ce sont deux peuples avec des droits égaux. Les Israéliens, le droit à la sécurité; les Palestiniens, à une terre et à un Etat. Aucun droit ne peut prévaloir sur l´autre. Il est absolument nécessaire que la force de la loi prévale sur la loi de la force. Je le répète avec une grande conviction en ces jours où, une fois encore, le mépris de la vie et la violence armée sont en train de conduire toute une région – et peut-être davantage – vers l´abîme.

Avvenire – Quels pas faut-il envisager pour rétablir la paix et la justice en Terre Sainte?
Mgr Tauran – Le retrait des territoires occupés, le respect des résolutions de l´ONU, l´implication de la Communauté internationale, et la reconnaissance d´un statut juridique international pour les Lieux Saints.

Avvenire – Ce dernier thème, qui est de nouveau d´actualité, après l´arrivée de quelque 200 Palestiniens dans la basilique de la Nativité à Bethléem…
Mgr Tauran – L´entrée de ces hommes armés représente une violation d´un lieu saint. Mais ce ne sera pas par la force que nous résoudrons le problème. La Saint-Siège a proposé l´institution d´une commission bilatérale palestinienne et israélienne pour affronter la question. Plus généralement, on peut observer que – c´est l´histoire qui nous l´enseigne – les garanties diminuent lorsque la protection des lieux saints est confiée à une seule autorité nationale. C´est pourquoi nous demandons à nouveau que ce soit la communauté internationale qui se fasse le garant des lieux chers aux Juifs, aux Musulmans et aux Chrétiens. Chers aux les fidèles de toute la planète.

Avvenire – Dans votre «lectio», vous avez expliqué que la défense de la vie et de la famille est l´un des nouveaux champs d´action internationale du Saint-Siège. Comment cet engagement s´insère-t-il dans la construction de l´Union européenne, où certains Etats – nous pensons à la Hollande – légalisent des pratiques comme l´euthanasie?
Mgr Tauran – Nous encourageons les épiscopats européens à savoir aider les peuples à prendre conscience des défis et les responsables politiques à assumer les décisions justes, dans la perspective d´un projet de société respectueux de la dignité et de la liberté humaine et de la morale naturelle.

Au cours du débat qui a suivi l´exposé de Mgr Tauran, L´Avvenire retient tout particulièrement la préoccupation du Saint-Siège pour l´annulation de la dette des pays pauvres, stimulée par le Jubilé: les nonciatures et les Eglises locales, expliquait Mgr Tauran, veilleront à ce que les ressources libérées des chaînes de la dette soient finalement utilisées pour le bien des peuples.

A propos de la Chine, Mgr Tauran a déclaré: « Il y a une question qui angoisse le pape: comment unir l´Eglise clandestine et l´Eglise patriotique? Notre plus grande difficulté est de faire comprendre aux autorités chinoises la nature des rapports entre Eglises locales et Eglise universelle, entre les évêques et le pape. C´est un problème avant tout culturel, qui requiert des interlocuteurs à la hauteur. Mais nous avons du mal à les trouver ».

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ZENIT Staff

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