« Il n’y a pas d’autre moyen de nous préparer à vivre la mort que de regarder avec toute notre âme le Crucifié qui meurt avec nous et pour nous… Alors, la mort vécue avec Jésus perdra son visage effrayant et nous permettra de deviner un mystère d’amour et de miséricorde », affirme le p. Federico Lombardi, sj, dans un éditorial de L’Osservatore Romano en italien daté du 29 avril 2020.
Dans un article intitulé « Mourir dans le Seigneur », le président de la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI réfléchit sur la signification de la mort au moment où de nombreuses personnes meurent dans le monde entier à cause de la pandémie du Covid-19, souvent dans la solitude et l’abandon.
Le p. Lombardi évoque aussi « l’immense cri de douleur » d’innombrables victimes – martyrs, témoins de la foi – « et plus largement encore des femmes et des hommes de toutes races, époques et conditions qui ont perdu leur vie dans des circonstances dramatiques », « de millions et de milliards d’oubliés ». C’est un « cri de créatures qui se sentent plongées dans un abîme de vide et d’oubli », affirme le jésuite : « Pour eux et avec eux, nous voulons aussi lancer un appel à la miséricorde. »
Le père Lombardi évoque la fête de Pâque célébrée récemment, rappelant la solitude du Christ au dernier moment de sa vie terrestre: « Il y a quelques jours, nous avons eu la grâce de revivre la mort de Jésus, écrit-il, chaque jour nous la revivons en nous unissant sacramentellement ou spirituellement à Jésus dans la communion. Mais le Vendredi saint et le Samedi saint apportent avec eux une grâce spéciale. La mort de Jésus est très vraie et cruelle, elle porte toute l’expérience de l’abandon des hommes et aussi d’un abandon mystérieux de Dieu, comme le dit le verset du Psaume que Jésus déclame sur la croix. »
Il n’y a pas de morts oubliés
La mort du Christ, écrit le jésuite, a été « si vraie » qu’elle a été suivie par « la descente de Jésus aux enfers » où il « se fait proche et frère de tous ceux qui sont descendus dans l’abîme de la mort ». « Pour Jésus, affirme le p. Lombardi, il n’y a pas de morts oubliés, nulle part sur terre et dans l’histoire, dans aucun coin touché par la pandémie. Jésus est vraiment mort comme eux et avec eux. »
Après la mort et la résurrection du Christ, note le prêtre, « la mort n’est plus la même qu’auparavant » : « La mort peut désormais être vécue avec Jésus, qui révèle un amour de Dieu plus fort que la mort. Et cela va au-delà de toute solitude humaine. »
C’est aussi vrai pour « le monde sécularisé », affirme le père Lombardi, où « la mort survient, avec le coronavirus ou autrement ». « N’oublions pas, insiste-t-il, que grâce à Jésus, la mort n’a plus le dernier mot, mais que chaque mort, même la plus oubliée et la plus solitaire, ne tombe nulle part ailleurs que dans les mains du Père. »