VIIIe centenaire dominicain, capture CTV

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Jubilé dominicain: les bonnes œuvres, un "appui solide" dans une société "liquide"

Homélie du pape François en la basilique Saint-Jean-de-Latran (Traduction intégrale)

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« Les bonnes œuvres que nous pouvons réaliser grâce au Christ » constituent un « appui solide » dans l’environnement « liquide » actuel, estime le pape François. Il a évoqué l’opposition entre le « ‘carnaval’ de la curiosité mondaine » et « la glorification du Père à travers les bonnes œuvres », au cours de la messe de clôture du Jubilé des 800 ans de la fondation de l’Ordre des dominicains (1216-2016), le 21 janvier 2017, à Rome.

« On vit dans une société dite ‘liquide’, sans points fixes, … privée de références solides et stables ; dans une culture de l’éphémère, du jetable », a expliqué le pape. Comment passer de cette « superficialité pseudo-festive » à la « glorification » de Dieu ?, s’est-il interrogé dans son homélie en la basilique Saint-Jean-de-Latran. Et de répondre : ce passage « se réalise grâce aux bonnes œuvres de ceux qui, en devenant des disciples de Jésus, sont devenus ‘sel’ et ‘lumière’ ».

Grâce à l’œuvre du fondateur de l’Ordre, saint Dominique de Guzman (1170-1221), a alors rappelé le pape, beaucoup d’hommes et de femmes « ont été aidés à ne pas se perdre au milieu de ce ‘carnaval’ de la curiosité mondaine, mais ont senti au contraire … le goût de l’évangile, et sont devenus … des artisans de bonnes œuvres ».

MD

Homélie du pape François

La Parole de Dieu, aujourd’hui, nous présente deux scénarios humains opposés: d’un côté le « carnaval » de la curiosité mondaine, de l’autre la glorification du Père à travers les bonnes œuvres. Et notre vie avance toujours entre ces deux scénarios. En effet, de tout temps c’est comme ça, comme le montrent les paroles de saint Paul à Timothée (cf. 2 Tm 4,1-5). Et saint Dominique aussi, avec ses premiers frères, il y a 800 ans, avait eu affaire à ces deux scénarios.

Paul avertit Timothée qu’il devra annoncer l’évangile dans un contexte où les gens recherchent toujours de nouveaux « maîtres », de nouveaux « récits », des doctrines, des idéologies, différentes … «Prurientes auribus» (2 Tm 4,3). C’est le « carnaval » de la curiosité mondiale, de la séduction. C’est pourquoi l’apôtre instruit son disciple en utilisant des verbes forts: « insiste», « met en garde», « réprimande», « exhorte», et puis «veille», « supporte les souffrances » (vv. 2.5).

Il est intéressant de voir que déjà à l’époque, il y a deux mille ans, les apôtres de l’évangile sont confrontés à ce scénario qui, de nos jours, s’est considérablement développé et mondialisé à cause de la séduction du relativisme subjectif. Cette tendance à rechercher la nouveauté, qui est propre à l’être humain, trouve son milieu idéal dans la société du paraître, dans la consommation, où l’on recycle souvent de vieilles choses, mais l’important est qu’elles aient l’air neuf, soient attirantes, aguichantes. La vérité aussi est maquillée. On vit dans une société dite « liquide », sans points fixes, sortie de ses gonds, privée de références solides et stables ; dans une culture de l’éphémère, du jetable.

Face à ce « carnaval » mondain tranche nettement le scénario opposé, que nous trouvons dans les paroles de Jésus que nous venons d’entendre: « ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,16). Et comment se produit ce passage de la superficialité pseudo-festive à la glorification, qui est une vraie fête ? Il se réalise grâce aux bonnes œuvres de ceux qui, en devenant des disciples de Jésus, sont devenus « sel » et « lumière ». «De même, que votre lumière brille devant les hommes – déclare Jésus –, alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,16).

Au milieu de ce « carnaval » d’hier et d’aujourd’hui, ceci est la réponse de Jésus et de l’Eglise, l’appui solide dans un environnement « liquide » : les bonnes œuvres que nous pouvons réaliser grâce au Christ et à son Esprit Saint, et qui font naître dans le cœur le remerciement à Dieu le Père, la louange, ou au moins l’émerveillement et la question: « pourquoi ? », « pourquoi cette personne se comporte-t-elle ainsi ? »: autrement dit l’inquiétude du monde face au témoignage de l’évangile.

Mais pour que cette « secousse » ait lieu il faut que le sel ne perde pas sa saveur et la lumière ne se cache pas (cf. Mt 5,13-15). Jésus le dit très clairement : si le sel perd de sa saveur il ne vaut plus rien. Gare au sel qui a perdu sa saveur! Gare à une Eglise qui perd sa saveur! Gare au prêtre, au religieux, à la congrégation qui perd sa saveur!

Aujourd’hui nous rendons gloire au Père pour l’œuvre que saint Dominique, plein de la lumière et du sel du Christ, a réalisée il y a 800 ans; une œuvre au service de l’évangile, prêchée par la parole et par la vie; une œuvre qui, avec la grâce de l’Esprit Saint, a fait en sorte que tant d’hommes et de femmes ont été aidés à ne pas se perdre au milieu de ce « carnaval » de la curiosité mondaine, mais ont senti au contraire le goût de la saine doctrine, le goût de l’évangile, et sont devenus, à leur tour, lumière et sel, des artisans de bonnes œuvres … et de vrais frères et sœurs qui glorifient Dieu et enseignent à glorifier Dieu avec les bonnes œuvres de la vie.

Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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