Le pèlerinage du cardinal secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, dans les lieux de la foi des principales composantes de la communauté chrétienne en Irak (24-28 décembre 2018) a commencé dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad, rapporte L’Osservatore Romano en italien du 29 décembre 2018.
Il en a donné lui-même la raison : entre ses murs, en effet, « demeure indélébile le souvenir du témoignage de nos frères et sœurs, vos proches et vos amis bienaimés qui, avec les deux prêtres Thāir et Wasīm, ont perdu la vie dans l’attentat terroriste de 2010, signe de la haine et de la violence qui continuent d’affliger notre époque », précise la même source.
La célébration du feu de Noël
Le cardinal a assisté, rapporte le quotidien du Vatican, à la « belle et significative célébration du feu » qui symbolise « la présence de Dieu » et en même temps « nous éclaire et nous fortifie sur notre chemin ». D’ailleurs, a-t-il fait observer, « votre communauté a des racines profondes dans cette terre », qui peut se vanter d’ « une longue histoire avec des moments de gloire et de sainteté et avec des périodes de souffrance et d’obscurité. Mais quand tout semble perdu, la main puissante de Dieu donne vie à ce qui, aux yeux des hommes, semble stérile et sans fruit ». Cette prise de conscience donne lieu à l’exhortation adressée aux chrétiens irakiens de « parcourir le chemin du pardon, de la guérison, de la réconciliation et de la fraternité. L’icône de Marie de la Libération (Sayyidat al-Nağāt), à laquelle est dédiée cette cathédrale, nous le rappelle ».
La nuit de Noël
Puis, avec la communauté chaldéenne, le cardinal Parolin a parlé de la nuit de Noël, comme « une nuit semblable à tant de nuits blanches du peuple de l’alliance, à tant de nuits blanches de vos familles qui, ces dernières années, ont traversé la dure épreuve de la souffrance ; mais, en même temps, une nuit différente parce que l’annonce devient réalité, les promesses s’accomplissent ». Et à ce sujet, il a établi un parallèle entre les contenus des lectures bibliques et le vécu quotidien des Irakiens. En effet, « le prophète Isaïe présente un peuple qui fait l’expérience de conditions sociales et économiques marquées par la fragilité, l’instabilité, l’absence d’espérance et par la peur face à l’avenir ». En somme, une « situation humainement sans issue » parce que, a-t-il précisé, « seul Dieu peut donner une paix et une joie qui ne soient pas éphémères ». En effet, la paix annoncée par le chœur angélique dans la nuit de Bethléem n’est pas elle que donne le monde ni celle qui « s’obtient avec les armes et la victoire militaire ou avec les intérêts de l’économie mondiale » mais c’est celle « qui sait voir dans l’autre le frère à aimer et à aider, même quand il se montre votre ennemi ; une paix qui passe par la purification du langage de toute expression de haine et de violence ».
D’où le dialogue auquel ils sont invités par le secrétaire d’État : « Les chrétiens, a-t-il expliqué, sont des femmes et des hommes qui, malgré les difficultés, les contradictions et, parfois, jusqu’au refus et à la violence, demeurent ancrés en Dieu. Noël devient alors une invitation à l’espérance, pour tous les habitants de l’Irak ». Et c’est une espérance, a-t-il conclu, qui « permet de recommencer toujours, même après les difficultés et la souffrance subies ces dernières années ».
Une mission irremplaçable
Le lendemain, dans la cathédrale latine de Baghdad, le cardinal Parolin a rappelé, pendant son homélie, l’expérience tragique et injuste de la violence et du terrorisme, vécue par la communauté. C’est précisément pour cela, a-t-il commenté, que « nous avons besoin d’accueillir la bonne nouvelle de Noël », en faisant « l’expérience de la vie nouvelle » que Jésus a apportée, avec l’incitation « à offrir généreusement votre contribution à ce pays que vous aimez, à cette société à laquelle vous appartenez comme membres de plein droit ». Parce que, a-t-il poursuivi, « vous avez une mission irremplaçable » : être des « artisans de réconciliation et de paix, des témoins de l’amour et du pardon, de la communion et de la fraternité, d’une vie de service et de charité comme source de bien et bénédiction pour tous », en vivant l’appartenance à l’Église « avec générosité et gratitude, avec confiance et espérance, sur cette terre où a commencé l’histoire du salut ». Certes, a-t-il commenté, il s’agit d’ « une histoire marquée par les tribulations et par la souffrance, mais jamais privée de la fidélité et du soutien de Dieu ».