Rencontre à la cathédrale orthodoxe de Mtskhéta, capture CTV

Rencontre à la cathédrale orthodoxe de Mtskhéta, capture CTV

Géorgie: la cathédrale de la "tunique sans couture", "point culminant" du voyage

Le pape François invité au catholicossat de Mtskhéta

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Le pape François a atteint ce qu’il appelle le « point culminant » de son voyage en Géorgie : il s’est rendu en fin d’après-midi, ce samedi 1er octobre 2016, à 20km au Nord Ouest de Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie, à l’ancienne capitale, Mtskhéta. Il a été accueilli dans la cathédrale orthodoxe Svetitskhoveli, siège patriarcal, par le patriarche catholicos de toute la Géorgie, Elie II. L’invitation du patriarche est considérée comme « un grand signe d’ouverture » affirment les observateurs à Rome.
C’est à Mtskhéta que les Géorgiens commencèrent à embrasser le christianisme. La cathédrale du XIe s. et un monastère du VIe s. sont inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité. C’est aussi dans cette cathédrale qu’avait lieu le couronnement des rois de Géorgie et qu’ils y sont enterrés. La première église avait été construite au IVe s.
C’est aussi un lieu « baigné de larmes » a souligné le patriarche qui a cité les 100 000 chrétiens ont été décapités à Tbilissi (en 1227, lors de l’invasion turkmène) pour avoir refusé de marcher sur les saintes icônes du Christ et de la Mère de Dieu. Mais, a encore souligné Elie II, la Géorgie a trouvé sa force dans la « prière » et « foi », « humilité » et « miséricorde » sont « le chemin du salut ». Avant de lui offrir un cadeau et de lui laisser la parole, le patriarche a dit, spontanément, sans papier, exprime sa « profonde estime » et son « amour fraternel » pour le pape François.
Après avoir évoqué le riche patrimoine chrétien, culturel et spirituel de la Géorgie et de la langue géorgienne, le pape a médité sur la précieuse relique sur laquelle la cathédrale aurait été bâtie : la tunique du Christ, sans couture, rapportée par un juif de Jérusalem, Hélios, et dont la sœur, sainte Sidonie est enterrée également en ce lieu, comme le patriarche Elie l’a rappelé.
« La tunique sacrée, mystère d’unité, nous exhorte à éprouver une grande souffrance pour les divisions consommées entre les chrétiens au cours de l’histoire : ce sont de vraies et réelles lacérations infligées à la chair du Seigneur. Mais en même temps, l’ “unité qui vient de haut”, l’amour du Christ qui nous a rassemblés en nous donnant, non seulement son vêtement, mais son corps même, nous poussent à ne pas nous résigner et à nous offrir nous-mêmes à son exemple (cf. Rm 12, 1) : ils nous poussent à la charité sincère et à la compréhension réciproque, à réparer les lacérations, animés par un esprit de fraternité chrétienne transparente », a dit le pape François qui s’exprimait en italien, et était traduit, paragraphe par paragraphe, en géorgien.
Le pape n’a pas nié l’exigence du chemin à parcourir pour l’unité, affirmant que « les oppositions peuvent être résolues et les obstacles enlevés » : « Tout ceci demande, assurément, un chemin patient, à entretenir avec confiance en l’autre et humilité, sans avoir peur et sans se décourager, mais au contraire dans la joyeuse certitude que l’espérance chrétienne nous fait goûter par avance. Celle-ci nous pousse à croire que les oppositions peuvent être résolues et les obstacles enlevés, elle nous invite à ne jamais renoncer aux occasions de rencontre et de dialogue, et à garder et à améliorer ensemble ce qui existe déjà. Je pense, par exemple, au dialogue en cours dans la Commission Mixte Internationale et à d’autres occasions profitables d’échanges. »
Il a cité à plusieurs reprises saint Cyprien de Carthage pour soutenir cette vision d’espérance : « Saint Cyprien affirmait aussi que la tunique du Christ « indivise en un seul morceau et d’une seule venue, manifeste la concorde qui tient uni le peuple que nous formons, nous qui avons revêtu le Christ » (ibid., p. 195). Ceux ont été baptisés dans le Christ, affirme en effet l’Apôtre Paul, ont revêtu le Christ (cf. Ga 3, 27). C’est pourquoi, malgré nos limites et au-delà de toutes les différences ultérieures, historiques et culturelles, nous sommes appelés à être « un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28) et à ne pas mettre au premier plan les désaccords et les divisions entre les baptisés, parce que ce qui nous unit est vraiment plus [important] que ce qui nous divise. »
Le pape a souhaité que la beauté du patrimoine géorgien soit connu : «  Que les richesses splendides de ce peuple soient connues et appréciées ; puissions-nous toujours partager davantage, pour l’enrichissement commun, les trésors que Dieu donne à chacun, et nous aider réciproquement à grandir dans le bien! »
Et il a déclaré son engagement dans la prière fraternelle, en vue de l’unité : « J’assure de tout cœur de ma prière pour que le Seigneur, qui fait toutes choses nouvelles (cf. Ap 21, 5), par l’intercession des saints Frères Apôtres Pierre et André, des Martyrs et de tous les saints, fasse grandir l’amour entre ceux qui croient au Christ, ainsi que la recherche lumineuse de tout ce qui peut rapprocher, réconcilier et unir. Puissent la fraternité et la collaboration grandir à tous les niveaux ; puissent la prière et l’amour nous faire toujours plus accueillir le désir profond du Seigneur sur tous ceux qui croient en lui par la parole des Apôtres : qu’ils soient « UN » (cf. Jn 17, 20-21). »
Le pape a ensuite offert un cadeau au patriarche et ensemble ils ont écouté un chant en araméen poignant, interprété par un chœur a capella, une jeune fille et un moine.
Le patriarche a ensuite raccompagné le pape François qui est rentré à Tbilissi, à la nonciature apostolique, qu’il quittera demain matin, dimanche 2 octobre, pour l’aéroport, où il s’envolera vers 8h (6h à Rome et à Paris) pour la capitale de l’Azerbaïdjan, Bakou où il est attendu à 9h30 (7h30) et il présidera la messe à 10h30 (8h30). Ce sera la seconde étape et le troisième et dernier jour de son second voyage dans le Caucase, après le voyage en Arménie en juin dernier.
Et tandis que le cortège papal se mettait en route, les cloches de la cathédrale orthodoxe sonnaient de leurs plus belles harmonies pour accompagner et honorer le départ du pape François.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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