Le directeur de « Caritas Roma », le p. Benoni Ambarus, salue l’institution par le pape François du Fonds de solidarité « Jésus Divin Travailleur » pour le diocèse de Rome comme un « geste prophétique », dans une interview à Vatican News en italien du 10 juin 2020.
Il s’agit d’« une très belle invitation de la part du pape, ajoute-t-il. Les institutions locales l’ont compris très rapidement ».
« Continuer à vivre avec l’attitude d’autosuffisance et d’opposition ne fera que provoquer de nouvelles déchirures sociales » et cela tombera « en particulier sur les épaules des plus faibles », déplore au contraire le directeur.
Le fonds, avec une allocation initiale d’un million d’euros versés à la Caritas diocésaine, a été créé par le pape François pour aider les travailleurs les plus touchés par la pandémie dans son diocèse de Rome.
Il s’agit avant tout « de travailleurs journaliers et occasionnels », explique le pape dans sa lettre adressée au cardinal vicaire Angelo De Donatis, de « ceux qui ont des contrats temporaires non renouvelés », de « ceux payés à l’heure », de « stagiaires », de « travailleurs domestiques », de « petits entrepreneurs », de « travailleurs indépendants ». Les régions du Latium et Rome Capitale ont contribué immédiatement avec 500 000 euros chacune, doublant ainsi la part d’un million d’euros donnée par le pape.
Le père Ambarus souligne que « l’appel du pape François concerne l’établissement d’une alliance sociale pour Rome, et cela signifie pour chacun de quitter son propre jardin et de combiner les ressources ensemble, d’unir nos forces, car ce n’est qu’alors que les actions de tous apporteront le bon résultat »
Selon le directeur de Caritas Roma, la décision du pape est « un geste prophétique » : « La décision de créer le Fonds révèle son cœur du père qui dit que le travail est sacré, que le travail donne de la dignité et ceux qui le perdent risquent de perdre la dignité. » Il souhaite que « le geste du Saint-Père déclenche le mécanisme du miracle du partage ». « Nous essayons donc de transformer le million d’euros en un levain de charité », explique le père Ambarus.
Il souligne que le travail de la Caritas de Rome ne s’est jamais arrêté « pendant la période de fermeture ». Plus de 7 000 familles se sont adressées « pour la première fois » pour chercher de l’aide auprès de directeurs caritatifs. Ce sont « des gens qui travaillaient illégalement, de façon précaire, des journaliers, et qui se retrouvaient sans rien », explique le directeur. Ils sont venus « demander de la nourriture ».
Certains secteurs de travail ont été particulièrement touchés : « À Rome, par exemple, l’ensemble de l’hôtellerie, la restauration a subi un mauvais coup et les personnes qui ont travaillé dans ces secteurs sont arrivées au seuil du désespoir Quand on voit dans les yeux des femmes, de nombreuses femmes qui viennent encore demander de l’aide pour leurs enfants, un mélange de fierté saine pour défendre leurs enfants et en même temps de grands efforts et de souffrance à devoir demander de l’aide, cela affecte le cœur, ce sont des expériences qui restent à l’intérieur. »
Le directeur de la Caritas souligne aussi que « la pandémie a révélé l’énorme faiblesse de notre tissu social d’une part, mais a également révélé, d’autre part, le visage d’une église composée de nombreuses personnes qui ont retroussé leurs manches et ont aidé ».
« Le pape a remarqué tout cela, ajoute p. Ambarus. Ce n’est pas le moment de donner les miettes, mais c’est le temps d’une solidarité substantielle. »