« Aucune partie de la région de l’OSCE n’est à l’abri d’actes d’intolérance et de discrimination, y compris les crimes de haine contre les chrétiens et les membres d’autres religions », a rappelé Mgr Urbanczyk. Dans « le discours public ou même dans les tribunaux », a-t-il souligné, les croyants sont souvent avertis « qu’ils peuvent pratiquer leur foi en privé et prier uniquement dans les lieux de culte, mais il leur est interdit d’exprimer leurs croyances dans la sphère publique ».
Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a participé à la première réunion supplémentaire sur la dimension humaine consacrée à la « Lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination ». Il a prononcé un discours à la deuxième session « Combattre toutes les formes contemporaines d’intolérance et de discrimination en ligne, qui peuvent conduire à des actes de violence et à des crimes de haine », le 26 mai 2020, à Vienne.
Le porte-parole du Saint-Siège a attiré l’attention sur l’augmentation « considérable » du temps passé en ligne et sur les réseaux sociaux en ce temps de pandémie. « Les schémas d’intolérance et de discrimination » sur ces médias et sur l’internet en général, « peuvent conduire à la violence », a-t-il alerté. C’est pourquoi « la liberté d’expression, comme tout droit de l’homme, s’accompagne de responsabilités qui ne doivent pas être ignorées ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Urbanczyk.
HG
Discours de Mgr Janusz S. Urbanczyk
Monsieur le Modérateur,
Les données recueillies et mises à disposition par le BIDDH indiquent qu’aucune partie de la région de l’OSCE n’est à l’abri d’actes d’intolérance et de discrimination, y compris les crimes de haine contre les chrétiens et les membres d’autres religions. Il s’agit notamment de menaces, d’attaques violentes, de meurtres et de profanation d’églises et de lieux de culte, de cimetières et d’autres propriétés religieuses. Malheureusement, ces actes ne sont pas rares dans l’ensemble de l’espace de l’OSCE.
Ces phénomènes, qui engendrent un sentiment d’insécurité, ont un impact négatif sur la vie quotidienne des chrétiens et des membres d’autres religions, et sur leur jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils peuvent également menacer la cohésion sociale à l’intérieur des États participants.
Le point de départ de toute réponse à l’intolérance et à la discrimination motivées par des préjugés religieux devrait être la reconnaissance du fait que ces défis concernent tout le monde. Partout où une communauté religieuse est persécutée et marginalisée en raison de ses croyances religieuses, le bien-être de l’ensemble de la société est menacé et chacun d’entre nous est diminué.
Le fait que dans toute la région de l’OSCE, un fossé semble exister entre la croyance et la pratique religieuses est très préoccupant. Malheureusement, l’idée fausse selon laquelle les religions pourraient avoir un impact négatif ou représenter une menace pour le bien-être de nos sociétés se répand de plus en plus. Les croyants sont souvent avertis dans le discours public ou même dans les tribunaux qu’ils peuvent pratiquer leur foi en privé et prier uniquement dans les lieux de culte, mais il leur est interdit d’exprimer leurs croyances dans la sphère publique.
Aujourd’hui, nous sommes appelés spécifiquement à explorer et à évaluer la relation entre la liberté d’expression et la promotion de la tolérance et de la non-discrimination, en tenant compte de la protection de la dignité humaine, des libertés fondamentales et des droits de l’homme ainsi que de la sécurité et de la stabilité de la région euro-atlantique et eurasienne.
À cet égard, compte tenu de l’actuelle pandémie de Covid-19, il convient d’accorder une attention particulière à l’internet, et notamment aux réseaux sociaux, car le temps passé en ligne a considérablement augmenté. L’espace numérique peut devenir un forum de dénigrement ou d’incitation à l’encontre de groupes culturels, nationaux et religieux, y compris la promotion d’un traitement irrévérencieux ou d’une représentation provocatrice des symboles religieux.
Les schémas d’intolérance et de discrimination sur les médias sociaux, et sur l’internet en général, peuvent conduire à la violence. En fait, la violence ne survient pas soudainement. C’est l’acte final tragique d’une pente glissante qui commence par la moquerie et l’intolérance sociale, passe ensuite par la discrimination et se termine par une violence manifeste. Par conséquent, toute personne doit être encouragée à exercer sa liberté d’expression de manière responsable. En fait, la liberté d’expression, comme tout droit de l’homme, s’accompagne de responsabilités qui ne doivent pas être ignorées. L’objectif des réseaux sociaux est de créer des liens et de faciliter la communication. Toutefois, comme le dit le pape François, « il ne suffit pas de multiplier les connexions pour accroître la compréhension mutuelle ». Il est essentiel de construire des relations réciproques basées sur ce qui unit, tout en écartant la haine, les préjugés et la fausseté.
Merci, Monsieur le Modérateur.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat