Père Antonio Ormières © hnassantoangel.com

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Espagne: béatification d’un prêtre français,  Luis Antonio Ormières

Fondateur des sœurs de l’Ange gardien pour l’éducation des petites filles pauvres

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Luis Antonio Rosa Ormières (1809-1890), prêtre français et fondateur des Sœurs de l’ange gardien, sera béatifié le samedi 22 avril à Oviedo, en Espagne, par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, qui représentera le pape François, annonce Carmen Trejo Delgado, postulatrice de la cause, dans L’Osservatore Romano en italien du 22 avril 2017.
Engagé en personne dans le domaine de l’éducation, il fit de l’école « le lieu privilégié pour aider chaque individu à se réaliser selon le don reçu de Dieu ».
Il est né le 14 juillet 1809 dans une petite ville des Pyrénées françaises, Quillan, dans une famille profondément chrétienne. Chez lui, il reçut avec attention et affection les premiers enseignements qui marquèrent son caractère. D’après le témoignage de parents et d’amis, il hérita de son père « un esprit sincère et loyal, une grande intelligence » et une nature « très ingénieuse et joviale, qui lui faisait toujours trouver des répliques et des plaisanteries pour faire rire tout le monde » ; et de sa mère, « une foi profonde », ainsi qu’une solide formation religieuse et le goût de la lecture.
Il fut un véritable expert en « humanité ». Chez lui, les idées devenaient des projets. Il fit de son intelligence un instrument d’apostolat, grâce aussi à une propension particulière à saisir les aspects essentiels des questions et une disponibilité spéciale pour prendre sur lui les difficultés d’autrui. Il avait une sensibilité exquise pour l’amitié, parce qu’il considérait qu’elle faisait partie d’une expérience essentielle de la foi.
Il entra au séminaire de Carcassonne à seize ans, et à vingt-quatre ans, en 1833, il fut ordonné prêtre. Toute la vie spirituelle d’Ormières fut marquée par la grâce dont il fit l’expérience, à dix-huit ans, à travers la lecture de saint Paul, surtout de la première lettre aux Corinthiens: « À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien » (1 Co 12,7).
Le don de sa vocation sacerdotale coïncida avec celui de sa vocation d’éducateur. Il se sentit interpellé par la réalité de l’abandon dans lequel se trouvait la jeunesse des campagnes françaises après la Révolution ; et à partir d’un regard contemplatif sur cette réalité, il comprit que le Seigneur l’invitait à donner une réponse. Il forgea sa vocation dans la prière, dans les études théologiques et dans l’attention aux enfants abandonnés de Carcassonne et des alentours, en même temps qu’il décida de consacrer sa vie au service d’une Église pauvre, participative et généreuse. La simplicité évangélique fut le trait prophétique qui marqua toute son existence et qui fut aussi l’élément distinctif de la congrégation qu’il fonda le 3 décembre 1839.
Il vécut toujours avec grande humilité, pauvreté et confiance. Il avait remis son existence au Seigneur, dans une fidélité absolue à la volonté de Dieu. C’est pourquoi il sut se dépenser pour les petites choses, pour le service des personnes abandonnées et frappées par les épidémies de l’époque, avec un amour évident pour l’Église : « Rien sans mon évêque qui me trouvera toujours docile », avait-il l’habitude de dire.
Passionné de l’Évangile, il s’immergeait dans la lecture et dans la méditation de la Bible parce que, pour lui, c’était là la voie maîtresse qui conduisait à la connaissance toujours plus profonde du Christ. Il fut un véritable « explorateur de la Parole » qu’il sut incarner avec sagesse dans les activités de tous les jours, aux côtés des gens. Ainsi, revêtu du vêtement des vertus théologales – foi, espérance et charité – il proclama la présence vivante du Christ.
Entre dix-huit et vingt-cinq ans, il écrivit « El Espiritu de la Casa » (L’Esprit de la maison) où est condensée l’essence de son don charismatique. Loin d’être une théorisation de sa pensée sur l’éducation, le texte illustre, avec plus de cent citations de l’Écriture sainte, l’esprit qui doit animer celui qui se dévoue au service des autres et à l’annonce de l’Évangile, à plus forte raison s’il le fait à travers l’éducation. L’objectif était de former des enfants de Dieu qui demeurent en lui, comme disciples de Jésus. C’était sa façon de contribuer à la pacification de la société et à la transformation du peuple.
C’est pourquoi l’école était le lieu privilégié où aider chaque personne à réaliser le don particulier reçu de Dieu. Il se préoccupait surtout des plus démunis. Concernant les petites filles, il considérait nécessaire de leur offrir une formation chrétienne pour faire d’elles des femmes capables de régénérer, à partir de la famille et du milieu de travail, le tissu social usé par les luttes civiles et politiques.
En décembre 1839, convaincu que c’était l’Esprit Saint qui agissait, il commença son chemin de fondation en ouvrant une petite école à Quillan, avec mère San Pascual (Juliana Lavrilioux, 1809-1875), Sœur de l’instruction chrétienne de Saint Gildas de Bois, qui le rejoignit pour soutenir la nouvelle œuvre. Ormières vit, dans l’approbation de la congrégation des Sœurs de l’ange gardien, l’expression la plus claire de la mission qu’il avait reçue, un chemin ouvert pour faire le bien, en partageant les conditions de vie des gens simples. Conscient que le don qu’il avait reçu devait être mis au service de la communauté, il voulut que la mission des sœurs soit imprégnée de la simplicité évangélique qui passe par le fait de « se faire petit avec les petits » et, comme pour l’apôtre Paul, de partager avec eux le pain, la pauvreté et la sobriété ; vivre sans ostentation et assumer tous les devoirs d’une vie de travail, éclairée et guidée par les valeurs chrétiennes, fidèle aux engagements religieux.
Et comme il avait fondé sa spiritualité sur la Bible, il fit de même pour la congrégation où, outre la simplicité, se détachait une autre des vertus qui le distinguait : la confiance dans la Providence. Il parlait aux sœurs avec un langage parfois relevé de répliques ingénieuses, avec la sollicitude paternelle de Dieu envers toutes ses créatures, affirmant que plus on a confiance en Dieu plus on l’ « oblige » à nous protéger et à nous aider.
Tout ce qu’il entreprit n’aboutit pas forcément mais il ne se lassa jamais de « recommencer », de chercher la manière de comprendre les signes des temps et la présence de Dieu en eux. Par exemple, dans sa vie, il ne parvint pas à réaliser son rêve missionnaire de porter la congrégation religieuse en Amérique et en Afrique. « L’ange ira-t-il dans d’autres pays ? C’est mon plus grand rêve… Dans les limites du possible, nous aimerions que les Sœurs de l’ange gardien, conformément à l’esprit de l’institut, puissent s’occuper de l’éducation et de l’enseignement des petites filles pauvres » en tous lieux parce que la « mission de l’ange » n’a pas de frontières.
À partir de 1883, il passa les dernières années de sa vie presque toujours à Gijon, en Espagne. C’est là qu’on commença à l’appeler « el santin de Dios ». Le 16 janvier 1890, avec la paix, la simplicité et la sérénité qui l’avaient toujours distingué, il remit définitivement sa vie à Dieu. Quand on apprit la nouvelle, parmi ceux qui le connaissaient ou avaient entendu parler de lui, la rumeur se répandit : « Le saint est mort ».
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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