Cardinal Leonardo Sandri, Capture Salt&LightTV

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Églises orientales: la maison des Orientaux c'est le monde, affirme le card. Sandri

Congrès pour le centenaire du dicastère (Traduction intégrale)

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« Désormais la maison des Orientaux est le monde et non plus seulement le Proche et le Moyen-Orient, le Caucase, l’Europe orientale ou le Kerala, au sud de l’Inde », a affirmé le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
Intervenant au Congrès « Identité d’une mission future, entre passé et présent », organisé le 4 mai 2017, pour le centenaire du dicastère (1917-2017), à l’Institut pontifical oriental, le cardinal Sandri a évoqué son voyage auprès des cinq éparchies orientales constituées en Australie : « En cent ans, les dimensions de notre « tapisserie » se sont étendues bien au-delà de la fameuse mère-patrie ou du territoire propre pour les fidèles orientaux catholiques ».
Voici notre traduction intégrale du discours prononcé par le préfet.
Allocution du cardinal Leonardo Sandri
Excellences,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Supérieurs et Officials de la Congrégation pour les Églises orientales,
Révérend Père Recteur,
Révérends Vice-recteur, doyens et enseignants,
Chers hôtes et intervenants,
Cher personnel de l’Institut,
Chers étudiants,
« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert… Tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu pour marcher sur ses chemins et pour le craindre. Le Seigneur ton Dieu te conduit vers un pays fertile… Quand tu auras mangé et seras rassasié… n’en tire pas orgueil, et n’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage… Souviens-toi du Seigneur ton Dieu : car c’est lui qui t’a donné la force d’acquérir cette richesse, en confirmant ainsi l’Alliance qu’il avait jurée à tes pères, comme on le voit aujourd’hui. »
1 J’aimerais que les paroles que Moïse adresse au peuple qui va entrer dans la terre promise servent de cadre au Congrès que nous ouvrons ce matin. Chaque célébration d’anniversaire en effet, est un don et un devoir pour l’avenir : elle se rappelle, mais pour entrer sincèrement dans un temps nouveau, dans des espaces nouveaux, à travers des personnes nouvelles. Il en a été ainsi pour cet Institut pontifical qui, à l’origine, n’était pas dans ce siège et seulement à partir de 1922 dirigé par les pères jésuites, il en a été ainsi pendant le long chemin de la conscience progressive, au sein de l’Église catholique, de l’identité et du rôle des Églises orientales catholiques. Je pense à certaines étapes dans ce bref aperçu d’un peu plus d’un siècle : ce qu’a représenté la Lettera Orientalium Dignitas Ecclesiarum du pape Léon XIII, avec le dépassement de Praestantia ritus latini, proclamé par le pape Benoît XIV deux siècles auparavant, la création de la Congrégation et de l’Institut pontifical par le pape Benoît XV en 1917, le décret du Concile œcuménique Vatican II, Orientalium Ecclesiarum, le long chemin qui a conduit à la promulgation du Code des canons des Églises orientales en 1990, la lettre Orientale Lumen de saint Jean-Paul II en 1995 et le texte Pontificia Praecepta de clero uxorato orientali de juin 2014 par le pape François. Et à l’intérieur de ces grands passages, certains vraiment historiques, la vie quotidienne de nos Églises, à travers les visages et les histoires de pasteurs et de fidèles, souvent héroïques dans leur manière de donner un témoignage chrétien dans des contextes marqués par de multiples difficultés, au sein des communautés elles-mêmes et avec les dangers qui les ont ébranlées et qui les ébranlent de l’extérieur.
2 Ce que nous sommes en train de vivre est un des événements clés du centenaire de la Congrégation pour les Églises orientales et de cet Institut pontifical, qui culmineront avec la sainte messe que le pape François célèbrera dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure le 12 octobre prochain. Les deux jours que nous nous apprêtons à vivre veulent réveiller la mémoire reconnaissante pour le chemin parcouru au long de ces cent ans, en reconnaissant les lumières et les ombres, les efforts et les défis, pour nous projeter en avant en reconnaissant ensemble « l’identité de la mission future » que le Seigneur  nous confie. Celle-ci sera d’autant plus claire que nous aurons le courage de nous situer face à l’affirmation du pape Benoît XV qui, le premier mai il y a cent ans, écrivait : « Cette initiative (la création de la Congrégation, ndlr, mais la même chose vaut également pour l’Institut pontifical oriental) démontrera manifestement que dans l’Église de Jésus-Christ – laquelle n’est ni latine, ni grecque, ni slave, mais catholique – il n’existe aucune discrimination entre ses fils et que tous, latins, grecs, slaves et d’autres nationalités, ont la même importance devant ce Siège apostolique ». Peut-être, soyons sincères, devons-nous dire que des pas ont été faits – comme ceux qui ont été évoqués ci-dessus – mais que beaucoup restent encore à accomplir. Il suffit de penser – si nous nous référons au Proche et au Moyen-Orient – que dans une grande partie de l’Occident, en dehors des contextes académiques restreints, beaucoup ont ouvert les yeux, s’apercevant de la présence chrétienne millénaire sur ces terres, malheureusement à travers ce qu’ont produit les guerres en Syrie et en Irak. Et il est aussi vrai, dans le dessein providentiel de Dieu, que le sang répandu par les martyrs chrétiens de toutes les confessions, ces dernières années – il suffit de penser à l’Égypte – a engendré un œcuménisme qui a anticipé dans le sacrifice la pleine unité qui n’a pas encore été atteinte dans le débat théologique tourmenté et nécessaire des commissions respectives.
3 Le travail de collaboration avec l’action des souverains pontifes pour l’Orient, qui se déroule dans la Congrégation, comme le travail d’études académiques qui se vit dans cet Institut, sont possibles parce que chaque personne qui est appelée à y être répond quotidiennement par son oui et l’inscrit dans le cheminement plus grand de l’Église, la belle Épouse du Christ. Au fond, nous ne nous en rendons pas compte sur le moment, parce que nous sommes courbés comme de bons tisserands à réaliser ce passage singulier où se croisent la trame et la chaîne, ou comme de bons artisans qui brodent point après point ce qui se transforme lentement en scènes d’une tapisserie. Il peut arriver que l’on s’aperçoive – peut-être parfois en se plaignant – seulement de la fatigue que nous affrontons. Des moments comme celui du congrès de ce jour sont des occasions précieuses pour élever notre regard et élargir notre horizon, en rencontrant des visages connus ou en écoutant des réflexions sur des personnes et des situations qui ont marqué la vie de la Congrégation et de l’Institut ces dernières années. Pour nous rendre compte qu’en cent ans, les dimensions de notre « tapisserie » se sont étendues bien au-delà de la fameuse mère-patrie ou du territoire propre pour les fidèles orientaux catholiques : pour donner un exemple, le voyage que j’entreprendrai demain pour rejoindre et visiter les cinq éparchies orientales constituées en Australie, en est un signe. Cela nous fait comprendre que désormais la maison des Orientaux est le monde et non plus seulement le Proche et le Moyen-Orient, le Caucase, l’Europe orientale ou le Kerala, au sud de l’Inde.
Qu’il me soit permis de rappeler trois figures pour nous aider encore à « élargir l’espace de notre tente », comme dit le prophète Isaïe, pour dire la dimension de l’étreinte que nous voulons étendre à la terre et au ciel, en ce souvenir reconnaissant pour cent années d’histoire. Le premier, Sa Sainteté Bartholomée I, patriarche œcuménique, ancien élève, qui a plus d’une fois rappelé ses années d’études ici. Pensez ce que cela signifie si nous voyons, aujourd’hui, son étreinte renouvelée avec le pape François au Saint-Sépulcre à Jérusalem, dans les Jardins du Vatican pour prier pour la paix en Israël et en Palestine, sur l’île de Lesbos avec les réfugiés et au Caire à l’Université d’Al-Azhar et dans la cathédrale copte-orthodoxe. Osons penser que ces moments qui écrivent l’histoire de notre présent ont été semés aussi un peu dans ces couloirs et dans ces salles de classe, dans les années du Concile Vatican II. Le second souvenir : le bienheureux Vincenzo Eugenio Bossilkov, passioniste, évêque de Nicopoli en Bulgarie et martyr pour la foi catholique sous le régime communiste. Lui aussi ancien élève de l’Institut pontifical oriental, représente idéalement le chef de file de tous ceux qui ont achevé l’étude des textes et des sources dans le ‘studium Christi’, c’est-à-dire dans la passion pour le Christ, jusqu’à l’effusion de sang. Le troisième et dernier, qui me permet de m’approcher de ma conclusion : le bienheureux Alfredo Ildefonso Schuster, premier recteur de cet Institut pontifical oriental, moine bénédictin et chercheur, puis appelé à la responsabilité pastorale du diocèse des saints Ambroise et Charles à Milan. Que son intercession protège les pères jésuites, supérieurs et enseignants qui, aujourd’hui, préparent beaucoup de ceux qui seront appelés à être les responsables des Églises de demain.
4 Mémoire… mission future, personnelle et ecclésiale. C’est pourquoi, je voudrais conclure en vous confiant deux belles citations : la première, d’un grand Père de l’Église antique, saint Grégoire de Nysse, tirée de son commentaire du Cantique des Cantiques : « L’espace ne manquera jamais à qui court vers le Seigneur. […] Celui qui monte ne s’arrête jamais, il va de commencement en commencement, selon des commencements qui ne finissent jamais ». Bien plus tard, Thomas d’Aquin eut une affirmation semblable, tiré du livre du Qohélet, au début de son commentaire des Sentences de Pietro Lombardo : « ad locum unde flumina exeunt revertuntur ut iterum fluant » (là où ils naquirent, les fleuves retourneront pour reprendre leur cours). En tant que Congrégation et Institut pontifical, avec le Saint-Père, continuons à courir ensemble, retournons aux sources, montons en allant de commencement en commencement, reprenant notre cours. Merci !
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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