Audience générale du 17 oct 2018 © Vatican Media

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Droits de l'homme : le pape invite à ne pas craindre d’aller à contre-courant pour les défendre

Message à une Conférence internationale à Rome

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Le pape François a lancé « un appel pressant à ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, leur demandant de mettre les droits humains au centre de toutes les politiques, même lorsque cela signifie aller à contre-courant ». Il a en effet souligné la persistance aujourd’hui « de nombreuses formes d’injustice, nourries par des visions anthropologiques réductives et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, exclure et même à tuer l’homme »
Le pape François a envoyé un message aux participants à la Conférence internationale intitulée « Les droits humains dans le monde contemporain : conquêtes, omissions et négations » qui a débuté ce lundi 10 décembre 2018, à l’Université pontificale grégorienne. Le texte a été lu par le card. Peter K. Appiah Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral.
La conférence internationale se tenait à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme et du 25èmeanniversaire de la Déclaration et du Programme d’Action de Vienne pour la protection des droits humains dans le monde. Elle était organisée par l’Université pontificale grégorienne et par le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral.
« Quand les droits fondamentaux sont violés ou quand on en privilégie certains au détriment des autres », a souligné le pape, « ou quand ils ne sont garantis qu’à des groupes déterminés, se vérifient alors de graves injustices qui, à leur tour, alimentent des conflits avec de lourdes conséquences à l’intérieur des Nations ou dans leurs rapports entre elles ». C’est pourquoi il a invité à un « engagement renouvelé en faveur de la défense de la dignité humaine, avec une attention particulière pour les membres les plus vulnérables de la communauté ».
Voici notre traduction du message du pape François.
HG
Message du pape François
Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de vous faire parvenir mes salutations cordiales, à vous tous, représentants des États auprès du Saint-Siège, des Institutions des Nations Unies, du Conseil de l’Europe, des Commissions épiscopales Justice et Paix et de celles pour la pastorale sociale, du monde académique et des organisations de la société civile, rassemblés à Rome pour la Conférence internationale intitulée « Les droits humains dans le monde contemporain : conquêtes, omissions et négations », organisée par le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral et par l’Université pontificale grégorienne, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme et du 25ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d’Action de Vienne.
Par ces deux documents, la famille des Nations a voulu reconnaître l’égale dignité de toute personne humaine,[1] de laquelle découlent les droits et les libertés fondamentales qui, étant enracinés dans la nature de la personne humaine – unité indivisible de corps et d’âme – sont universels, indivisibles, interdépendants et interconnectés.[2] En même temps, la Déclaration de 1948 reconnaît que « l’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein développement de sa personnalité est possible ».[3] En cette année où sont célébrés les anniversaires importants de ces instruments juridiques internationaux, il apparaît opportun de mener une réflexion approfondie sur le fondement et le respect des droits de l’homme dans le monde contemporain, réflexion qui sera, je l’espère, porteuse d’un engagement renouvelé en faveur de la défense de la dignité humaine, avec une attention particulière pour les membres les plus vulnérables de la communauté.
En effet, si l’on observe avec attention nos sociétés contemporaines, on rencontre de nombreuses contradictions qui poussent à se demander si l’égale dignité de tous les êtres humains, solennellement proclamée il y a 70 ans, est vraiment reconnue, respectée, protégée et promue en toutes circonstances. Il persiste aujourd’hui dans le monde de nombreuses formes d’injustice, nourries par des visions anthropologiques réductives et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, exclure et même à tuer l’homme.[4] Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés.
Je pense, par ailleurs, aux enfants à naître à qui est nié le droit de venir au monde, aux personnes qui n’ont pas accès aux moyens indispensables pour avoir une vie digne,[5] à celles qui sont exclues d’une éducation appropriée, à celles qui sont injustement privées de travail ou contraintes à travailler comme esclaves, à celles qui sont détenues dans des conditions inhumaines, qui subissent des tortures ou à qui est niée la possibilité de se racheter[6] et aux victimes de séparations forcées et à leurs familles.
Ma pensée va aussi à toutes les personnes qui vivent dans un climat dominé par le soupçon et par le mépris, qui font l’objet d’actes d’intolérance, de discrimination et de violence en raison de leur appartenance raciale, ethnique, nationale ou religieuse.[7]
Je ne peux pas, enfin, ne pas évoquer ceux qui subissent de multiples violations de leurs droits fondamentaux dans le contexte tragique des conflits armés, tandis que des marchands de mort[8] sans scrupules s’enrichissent au prix du sang de leurs frères et sœurs.
Devant ces phénomènes graves, nous sommes tous remis en cause. En effet, quand les droits fondamentaux sont violés ou quand on en privilégie certains au détriment des autres, ou quand ils ne sont garantis qu’à des groupes déterminés, se vérifient alors de graves injustices qui, à leur tour, alimentent des conflits avec de lourdes conséquences à l’intérieur des Nations ou dans leurs rapports entre elles.
Chacun est donc appelé à contribuer avec courage et détermination, dans la spécificité de son propre rôle, au respect des droits fondamentaux de chaque personne, en particulier de celles qui sont « invisibles » : de tous ceux qui ont faim et soif, qui sont nus, malades, étrangers ou détenus (cf. Mt 25, 35-36), qui vivent en marge de la société ou qui en sont écartés.
Cette exigence de justice et de solidarité revêt une signification particulière pour nous, chrétiens, parce que l’Évangile nous invite à tourner notre regard vers les plus petits de nos frères et sœurs, à nous laisser saisir de compassion (cf. Mt 14,14) et à nous engager concrètement pour alléger leurs souffrances.
En cette occasion, je désire lancer un appel pressant à ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, leur demandant de mettre les droits humains au centre de toutes les politiques, y compris celle de la coopération au développement, même lorsque cela signifie aller à contre-courant.
Souhaitant que ces journées de réflexion puissent réveiller les consciences et inspirer des initiatives destinées à protéger et à promouvoir la dignité humaine, je confie chacun de vous, vos familles et vos peuples à l’intercession de la Très sainte Vierge Marie, Reine de la paix, et j’invoque sur tous l’abondance des bénédictions divines.
 
[1] Cf. Déclaration universelle des droits de l’homme, 10 décembre 1948, Préambule et Article 1.
[2]
 Cf. Déclaration de Vienne, 25 juin 1993, n. 5.
[3]
 Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 29.1.
[4] 
Cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 53.
[5]
 Cf. Jean XXIII, Lett. Enc. Pacem in terris, 11 avril 1963, 6.
[6]
 Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2267.
[7]
 Cf. Discours aux participants à la Conférence mondiale intitulée « Xénophobie, racisme et nationalisme populiste, dans le contexte des migrations mondiale », 20 septembre 2018.
[8]
 Cf. Audience générale, Place Saint Pierre, 11 juin 2014.

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Hélène Ginabat

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