Il faut poursuivre la réflexion, plaide le Directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) en France, le p. Vincent Feroldi, pour l’anniversaire du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune signé à Abu Dhabi le 4 février 2019.
Le site de la Conférence des évêques de France publie son interview à ce sujet.
Le 8e Centenaire de la rencontre Saint-François et le Sultan d’Égypte ont marqué les relations islamo-chrétiennes en 2019. Quelle portée cet évènement a-t-il eu dans le monde entier ?
Ce 8e Centenaire a amené le Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) à promouvoir – avec toute la famille franciscaine – le thème de la rencontre entre chrétiens et musulmans. Il s’agissait de voir si cette rencontre qui avait eu lieu en 1219 perdurerait et prendrait de nouvelles formes. Nous nous sommes réjouis de voir que le Pape avait également mis ce Centenaire dans ses priorités. Ainsi son voyage apostolique à Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis) a eu lieu en février 2019. Au terme de cette rencontre, le Pape et le grand imam d’Al-Azhar ont donné aux participants, à leurs communautés respectives et au monde entier un Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Il s’adresse à tous ceux qui ont des responsabilités au plan religieux, politique, culturel ou éducatif. Tout au long de l’année, le Pape François nous a invités à lire ce texte, à le travailler, voire à le prolonger et à le développer.
Ce voyage apostolique s’inscrivait dans une dynamique initiée par le Pape François. Le 28 et 29 avril 2017, il a participé – au Caire – à la Conférence internationale pour la paix. Il répondait à l’invitation du cheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb, imam de la mosquée al-Azhar et du Conseil des sages musulmans. La visite du Pape François à d’Abu d’Abi s’inscrit donc dans ce prolongement.
Il est essentiel dans le monde d’aujourd’hui de bâtir ensemble une fraternité humaine. Croyants de toutes religions et responsables, nous sommes redevables devant le Seigneur et devant les hommes si nous n’agissons pas ensemble pour bâtir une fraternité et si nous ne prônons pas des valeurs comme la justice ou la solidarité.
Comment ce 8e Centenaire de la rencontre a-t-il eu des répercussions sur les actions de votre service et dans les diocèses ?
Il s’est inscrit au cœur des préoccupations pastorales avec, en point d’orgue, une Journée de célébration à la cathédrale de Créteil, le 27 octobre. Celle-ci a permis à l’Église de France et à la famille franciscaine, de se retrouver pour rendre grâce à Dieu et aussi pour rappeler que le dialogue islamo-chrétien était toujours d’actualité.
Dans la revue En dialogue, il nous a semblé important – par exemple – de retranscrire le Document de la Fraternité et de l’agrémenter d’un kit pédagogique. Nous publierons également les textes, rédigés dans la dynamique du Document sur la Fraternité par des musulmans ou par des groupes islamo-chrétiens.
Notre service s’est également impliqué dans des colloques à Paris et Marseille pour commémorer la rencontre de 1219 et dire comment se vit aujourd’hui dialogue et rencontre. Il y eut aussi le voyage d’études en Égypte, fin novembre. Il a permis de rencontrer les chrétiens coptes, découvrir les acteurs du dialogue islamo-chrétien et nous rendre à Damiette même pour la commémoration.
Quelles priorités pour l’année 2020 ?
Nous devons continuer à réfléchir sur le Document de la fraternité humaine et sur les fruits de ce texte. Force est de constater que ce document est aujourd’hui travaillé par des groupes musulmans ou islamo-chrétiens. Nous avons ainsi valorisé sur notre site La Charte de la Mecque (mai 2019) signée par 1200 savants et ulémas musulmans ou le Memorandum d’entente et d’amitié (septembre 2019) signé par des représentants juifs, chrétiens et musulmans.
De plus, nous avons aussi initié un travail de réflexion théologique entre chrétiens et musulmans. Ainsi, nous publions au printemps 2020 un texte rédigé par le frère dominicain Adrien Candiard et Omero Marongiu-Perria : « La vérité à l’épreuve du dialogue entre chrétiens et musulmans ». Ce groupe de travail poursuit son action autour d’une deuxième thématique : « Les mots pour dire Dieu ».
