« Chacun … doit se mettre à chercher ce qui — dans sa propre vie — est mondain, affirme le pape François. Une réponse simple et générale ne suffit pas. En quoi, moi, suis-je mondain ? C’est là la vraie question. »
Le pape a répondu ainsi lors de sa rencontre avec quatre-vingt-dix jésuites chiliens le 16 janvier 2018, au « Centro Hurtado » de Santiago du Chili, au cours de sa visite apostolique dans le pays. La traduction française de la transcription complète de la conversation a été publiée par la revue jésuite La civiltà cattolica avec les éditions Parole et Silence, le 15 février 2018.
« Il ne suffit pas de dire ce qu’est la mondanité en général », a répété le pape. « Et il faut demander au Seigneur de ne pas être trompés lorsque nous cherchons à discerner quelle est notre propre mondanité », a-t-il ajouté.
« Il serait superficiel d’affirmer que la mondanité consiste à mener une vie trop décontractée et frivole, a dit le pape. Elle n’en est que la conséquence. La mondanité, c’est utiliser les critères du monde, suivre les critères du monde et choisir selon les critères du monde. Cela signifie discerner selon les critères du monde, préférer les critères du monde. »
« Ainsi, a-t-il poursuivi, ce que nous devons nous demander, c’est quels sont ces critères du monde. » Saint Ignace de Loyola, a expliqué le pape, en parle dans son troisième exercice spirituel : « il fait poser trois questions : au Père, au Seigneur et à la Vierge. Qu’ils nous aident à découvrir ces critères ! »
« Le thème de la mondanité, a dit le pape, appartient à notre spiritualité de jésuites. » « Saint Ignace en parle dans les Exercices, dans le troisième exercice de la première semaine, lorsqu’il demande de démasquer les tromperies du monde », a-t-il poursuivi. « Les trois grâces que nous demandons dans cette méditation sont le repentir des péchés — c’est-à-dire la douleur des péchés —, la honte et la connaissance du monde, du démon et de ses affaires. Ainsi, la mondanité est à prendre en compte dans notre spiritualité et à considérer comme une tentation. »
C’est le dernier chapitre des Méditations sur l’Église d’Henri de Lubac « qui a déclenché en moi l’alarme à propos de la mondanité », a expliqué le pape François : « Il cite un bénédictin, don Anscar Vonier, qui parle de la mondanité comme du pire mal qui puisse arriver à l’Église. »
Jésuites du Chili © La Civilta cattolica
"Discerner quelle est notre propre mondanité"
Le pape en conversation avec les jésuites au Chili