Card. Parolin, 150 ans du Bambino Gesù © capture de Zenit / Vatican News

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ONU/Destruction des forêts : une crise sociale et éthique (traduction complète)

Le card. Parolin exhorte à lutter contre la pauvreté et l’exclusion

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« La crise de la destruction rapide de nos forêts, en particulier de nos forêts tropicales, n’est pas seulement environnementale, mais aussi sociale et surtout éthique », a déclaré le cardinal Parolin, avant de poursuivre : « Les stratégies visant à y faire face sans tarder exigent une approche multilatérale intégrée qui lutte contre la pauvreté et redonne de la dignité aux exclus, tout en protégeant ce don précieux, indispensable et menacé. »

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État et chef de la délégation du Saint-Siège à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tient au siège des Nations Unies à New York, est intervenu à la réunion de haut niveau sur les mesures multilatérales en faveur des forêts tropicales, le 23 septembre 2019.

Pointant les « grandes souffrances humaines » qui « résultent de la destruction gratuite des forêts », en particulier chez ceux qui en dépendent « pour leur logement, leurs moyens d’existence, leur patrimoine culturel et leurs structures sociales », le secrétaire d’État a souligné que ces derniers doivent participer aux décisions concernant la gestion des forêts.

Voici notre traduction de l’intervention du cardinal Parolin.

HG

Intervention du cardinal Pietro Parolin

Messieurs les Présidents, Messieurs les Premiers ministres, Messieurs les Chanceliers, Distingués panélistes, Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur pour moi de participer à cette réunion de haut niveau convoquée pour susciter une action d’urgence et durable en vue de protéger nos forêts tropicales.

Nous reconnaissons tous l’importance des forêts pour le monde entier et pour l’avenir même de l’humanité : elles constituent la ressource renouvelable la plus fiable du monde et sont essentielles au développement humain intégral. Dans un contexte d’urbanisation croissante, leur importance irremplaçable est souvent considérée comme acquise et sous-estimée, d’où l’importance cruciale de l’éducation pour que les populations les considèrent non seulement comme des ressources à exploiter, mais aussi comme un sanctuaire à cultiver et à renouveler constamment. L’urgence de cette tâche de protection et d’éducation est de plus en plus évidente, car la destruction rapide des forêts risque de faire disparaître des espèces et des relations vitales qui pourraient finir par altérer l’écosystème tout entier.

De grandes souffrances humaines résultent de la destruction gratuite des forêts. L’impact retombe principalement sur ceux qui dépendent des forêts pour leur logement, leurs moyens d’existence, leur patrimoine culturel et leurs structures sociales. Le soin de notre maison commune, et celui de nos frères et sœurs dans cette maison, doivent aller de pair. Nous avons besoin d’une écologie intégrale et d’un développement intégral, équilibrant l’utilisation responsable des forêts pour le développement économique et social avec leur protection et leur préservation pour le bien de ceux qui en dépendent et en prennent soin, pour le bien de l’humanité et des générations futures. Les décisions visant à améliorer la gestion de nos forêts doivent être prises avec la participation pleine et entière de ceux dont les droits, les valeurs et les vies seront les plus touchés.

Dans deux semaines, le 6 octobre, le pape François réunira au Vatican un Synode des évêques du monde entier pour la région amazonienne qui se concentrera principalement sur les défis ecclésiaux et pastoraux de la région, avec une attention particulière aux peuples indigènes qui y vivent et aux questions humaines, écologiques, sociales et économiques qui touchent la région, voire l’humanité. Plusieurs autres écosystèmes importants et de vastes biomes sont également confrontés à de graves menaces, comme le bassin du Congo, les forêts tropicales en Asie du Sud-Est, ainsi que les forêts et les couvertures végétales nationales.

Plus tôt ce mois-ci, j’étais avec le pape François à Madagascar, qui a perdu 21 pour cent de sa forêt totale depuis 2001. Lors d’une réunion avec les dirigeants nationaux, les représentants de la société civile et le corps diplomatique accrédité à Antananarivo, il a parlé avec passion de la manière dont la protection de nos forêts doit faire partie du développement intégral et du soin de notre maison commune.

« Votre belle île de Madagascar, a-t-il dit, est riche en biodiversité végétale et animale, mais ce trésor est particulièrement menacé par une déforestation excessive… La détérioration de cette biodiversité compromet l’avenir du pays et de la terre, notre maison commune ». Plusieurs activités destructrices, a-t-il noté, sont menées à contrecœur par les habitants pauvres pour assurer leur survie. Il a donc souligné que pour protéger l’environnement, il faut créer des emplois pour les aider à sortir de la pauvreté. « Il ne peut y avoir de véritable approche écologique ou d’efforts efficaces pour sauvegarder l’environnement, a-t-il déclaré, sans l’obtention d’une justice sociale capable de respecter le droit à la destination commune des biens de la terre, non seulement pour les générations actuelles, mais aussi pour celles à venir ».

La crise de la destruction rapide de nos forêts, en particulier de nos forêts tropicales, n’est pas seulement environnementale, mais aussi sociale et surtout éthique. Les stratégies visant à y faire face sans tarder exigent une approche multilatérale intégrée qui lutte contre la pauvreté et redonne de la dignité aux exclus, tout en protégeant ce don précieux, indispensable et menacé.

Je vous remercie beaucoup.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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