Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, vêpres du 25 janvier 2020 © Vatican Media

Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, vêpres du 25 janvier 2020 © Vatican Media

Conversion de st Paul : les plus faibles portent le message « le plus important »

Le pape conclut la 53e Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

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« Ce sont souvent les plus faibles qui portent le message de salut le plus important », a souligné le pape François lors des vêpres de la Conversion de saint Paul, ce 25 janvier 2020. En conclusion de la 53e Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le pape, qui était entouré de représentants d’autres Eglises chrétiennes, a encouragé à regarder « au-delà des intérêts particuliers » : « chaque communauté a un don à offrir aux autres ».

Depuis la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, le pape a encouragé à ne pas se laisser « attirer par des logiques mondaines », mais plutôt à se mettre « à l’écoute des petits et des pauvres » : « parce que cela a plu à Dieu : nous sauver non pas avec la force du monde, mais avec la faiblesse de la croix ».

« Tous ceux qui sont faibles et vulnérables, ceux qui ont matériellement peu à offrir mais qui fondent leur richesse en Dieu, peuvent donner des messages précieux pour le bien de tous », a-t-il affirmé. Même les communautés chrétiennes les « plus réduites », « si elles vivent l’amour de Dieu et du prochain, ont un message à offrir à toute la famille chrétienne ».

Le pape François a aussi invités les chrétiens à être « plus hospitaliers… entre frères de diverses confessions ». « La priorité de Dieu est le salut de tous… c’est notre devoir de mettre en oeuvre le désir prioritaire de Dieu », a-t-il dit.

Lors de cette célébration, le pape était entouré du métropolite orthodoxe Gennadios, représentant du Patriarcat œcuménique de Constantinople, et de l’archevêque anglican Ian Ernest, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Cantorbéry. Avec eux, il s’est recueilli devant le tombeau de l’apôtre Paul, et c’est ensemble qu’ils ont béni les participants à cette prière.

Méditation du pape François

A bord du bateau qui conduit Paul prisonnier à Rome, il y a trois groupes différents. Le plus puissant est composé de soldats, soumis au centurion. Il y a ensuite les marins, desquels dépendent naturellement tous ceux qui naviguent durant ce long voyage. Enfin, il y a les plus faibles et les plus vulnérables : les prisonniers.

Quand le navire s’échoue au large des côtes de Malte, après avoir été en proie à la tempête durant des jours, les soldats pensent à tuer les prisonniers pour s’assurer que personne ne prenne la fuite, mais ils sont arrêtés par le centurion, qui veut sauver Paul. En effet, même s’il est parmi les plus vulnérables, Paul avait offert quelque chose d’important à ses compagnons de voyage. Tandis que tout le monde perdait l’espérance de survivre, l’Apôtre avait apporté un message d’espérance inattendu. Un ange l’avait rassuré en lui disant : « Sois sans crainte, Paul… voici que, pour toi, Dieu fait grâce à tous ceux qui sont sur le bateau avec toi. » (Ac 27,24).

La confiance de Paul se montre fondée et à la fin tous les passagers sont sauvés et, ayant abordé à Malte, ils expérimentent l’hospitalité des habitants de l’île, leur gentillesse et leur humanité. Le thème de la Semaine de prière qui se conclut aujourd’hui est tiré de ce détail important.

Chers frères et sœurs, ce récit des Actes des Apôtres parle aussi à notre voyage œcuménique, en direction de cette unité que Dieu désire ardemment. En premier lieu, il nous dit que tous ceux qui sont faibles et vulnérables, ceux qui ont matériellement peu à offrir mais qui fondent leur richesse en Dieu, peuvent donner des messages précieux pour le bien de tous. Pensons aux communautés chrétiennes : même celles qui sont plus réduites et moins importantes aux yeux du monde, si elles font l’expérience de l’Esprit-Saint, si elles vivent l’amour de Dieu et du prochain, ont un message à offrir à toute la famille chrétienne. Pensons aux communautés chrétiennes marginalisées et persécutées. Comme dans le récit du naufrage de Paul, ce sont souvent les plus faibles qui portent le message de salut le plus important. Parce que cela a plu à Dieu : nous sauver non pas avec la force du monde, mais avec la faiblesse de la croix (cf. 1 Cor 1,20-25). En tant que disciples de Jésus, nous devons donc faire attention à ne pas nous laisser attirer par des logiques mondaines, mais plutôt à nous mettre à l’écoute des petits et des pauvres, parce que Dieu aime envoyer ses messages par ceux-là, qui ressemblent le plus à son Fils fait homme.

Le récit des Actes nous rappelle un deuxième aspect : la priorité de Dieu est le salut de tous. Comme l’ange le dit à Paul : “Dieu fait grâce à tous ceux qui sont sur le bateau avec toi”. C’est le point sur lequel Paul insiste. Nous aussi, nous avons besoin de le répéter : c’est notre devoir de mettre en oeuvre le désir prioritaire de Dieu, qui, comme l’écrit Paul, « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2,4).

C’est une invitation à ne pas se dédier exclusivement à nos communautés, mais à nous ouvrir au bien de tous, au regard universel de Dieu, qui s’est incarné pour embrasser tout le genre humain, et qui est mort et ressuscité pour le salut de tous. Si, par sa grâce, nous assimilons sa vision, nous pouvons dépasser nos divisions. Dans le naufrage de Paul, chacun contribue au salut de tous : le centurion prend des décisions importantes, les marins mettent à profit leurs connaissances et leur habileté, l’Apôtre encourage ceux qui n’ont pas d’espérance. Parmi les chrétiens aussi, chaque communauté a un don à offrir aux autres. Plus nous regardons au-delà des intérêts particuliers et nous dépassons les héritages du passé avec le désir d’avancer vers un port commun, plus nous reconnaîtrons, accueillerons et partagerons spontanément ces dons.

Et venons-en à un troisième aspect qui a été au centre de cette Semaine de prière : l’hospitalité. Saint Luc, dans le dernier chapitre des Actes des Apôtres, dit à propos des habitants de Malte : « ils nous ont traités avec gentillesse », ou : « avec une humanité peu ordinaire » (v. 2). Le feu allumé sur la rive pour réchauffer les naufragés est un beau symbole de la chaleur humaine qui les entoure de façon inattendue. Le gouverneur de l’île aussi se montre accueillant et hospitalier avec Paul, qui le lui rend en guérissant son père et puis de nombreux autres malades (cf. vv. 7-9). Enfin, quand l’Apôtre et ceux qui étaient avec lui sont partis vers l’Italie, les Maltais leur ont fourni tout ce dont ils avaient besoin (v. 10).

De cette Semaine de prière, nous voudrions apprendre à être plus hospitaliers, avant tout entre nous, chrétiens, entre frères de diverses confessions. L’hospitalité appartient à la tradition des communautés et des familles chrétiennes. Nos anciens nous ont appris par leur exemple qu’à la table d’une maison chrétienne, il y a toujours une assiette de soupe pour l’ami de passage ou le nécessiteux qui frappe à la porte. Et dans les monastères, l’hôte est traité avec une grande considération, comme l’a été le Christ. Ne perdons pas, ou plutôt ravivons ces coutumes qui sont de l’Évangile !

Chers frères et sœurs, avec ces sentiments j’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à son Éminence le métropolite Gennadios, représentant du Patriarcat œcuménique, à Sa grâce Ian Ernest, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Cantorbéry, et à tous les représentants des diverses Eglises et communautés ecclésiales rassemblées ici. Je salue aussi les étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Eglise catholique, et les jeunes orthodoxes orientaux qui étudient ici avec une bourse du Comité de Collaboration Culturelle avec les Eglises orthodoxes, opérant au sein du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, que je salue et que je remercie. Ensemble, continuons à prier sans jamais nous lasser pour invoquer de Dieu le don de la pleine unité entre nous.

Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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