« Les décisions ne doivent pas et ne doivent plus être prises en termes de profit maximal au détriment de la santé de la planète », exhorte Mgr Auza. Il dénonce un manque de « volonté politique » et d’ « ambition » et souligne l’urgence, pour la planète, de mettre en œuvre des « mesures d’atténuation et d’adaptation » ainsi que des « investissements financiers et technologiques ».
Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, est intervenu à la réunion de haut niveau sur le climat et le développement durable pour tous, à New York, le 29 mars 2019.
Le représentant du Saint-Siège souligne aussi « la place centrale de la personne humaine » dans les questions environnementales, qui « exige une approche éthique intégrée » : il s’agit, dit-il, de protéger l’environnement « tout en luttant contre la pauvreté et l’exclusion », d’assurer « la jouissance collective du bien commun » et de favoriser « la solidarité intergénérationnelle ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza.
HG
Intervention de Mgr Bernardito Auza
Madame la Présidente,
Le Saint-Siège est heureux de participer à cette réunion de haut niveau sur la protection du climat mondial et se félicite de l’attention portée aux générations présentes et futures. En effet, la place centrale de la personne humaine doit toujours être réaffirmée dans le contexte des défis environnementaux actuels.
Madame la Présidente,
Le pape François nous a rappelé lors d’une récente conférence tenue au Vatican que « trois ans et demi après l’adoption des Objectifs de développement durable, nous devons être encore plus conscients de l’importance d’accélérer et d’adapter nos actions pour répondre adéquatement au cri de la terre comme au cri des pauvres ». En réalité, (1) la véritable protection de l’environnement implique d’accorder de l’attention non seulement à notre maison commune, mais aussi à nos frères et sœurs dans cette maison. Par conséquent, cela exige une approche éthique intégrée qui se préoccupe de l’environnement tout en luttant contre la pauvreté et l’exclusion, qui assure la jouissance collective du bien commun et favorise la solidarité intergénérationnelle.
Cette approche éthique de la crise actuelle doit inspirer une solidarité avec les générations futures. Comme l’a rappelé le pape François dans son encyclique Laudato si’, « la solidarité intergénérationnelle n’est pas facultative, mais c’est plutôt une question fondamentale de justice, puisque le monde que nous avons reçu appartient aussi à ceux qui nous suivront » (2) Dans cette perspective, nous avons une grande responsabilité envers les générations futures, qui sont représentées par les jeunes de notre génération actuelle. Les jeunes d’aujourd’hui, très sensibles aux problèmes complexes et multiformes que soulève le phénomène du changement climatique, nous montrent la voie à suivre.
Nous devons éviter d’accabler les générations futures avec les problèmes créés par les générations présentes et passées en assumant notre part de responsabilité dans la recherche de solutions aux problèmes environnementaux que nous avons causés. Comme l’a souligné le pape François : « Bien que l’on se souvienne de la période postindustrielle comme de l’une des plus irresponsables de l’histoire, il y a lieu d’espérer toutefois qu’à l’aube du XXIe siècle, l’humanité restera gravée dans l’histoire pour avoir généreusement assumé ses lourdes responsabilités » (3).
Madame la Présidente,
Après l’adoption de l’Accord de Paris et du paquet Climat de Katowice, nous savons ce que la génération actuelle peut et doit faire, et nous savons qu’elle sait comment le faire. Ce qui manque souvent, c’est une volonté politique et une plus grande ambition, ainsi qu’un sentiment d’urgence dans la mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation, et dans les investissements financiers et technologiques pour une planète plus saine. Les décisions ne doivent pas et ne doivent plus être prises en termes de profit maximal au détriment de la santé de la planète.
En fin de compte, le débat sur la crise environnementale ne doit pas se limiter à des prédictions scientifiques effrayantes de catastrophisme et de morosité, car la peur n’est pas la meilleure motivation pour agir : c’est plutôt la conviction éthique que nous sommes les gardiens de notre maison commune et que chaque génération a la responsabilité d’en prendre soin et le privilège d’en apprécier les multiples merveilles. Ce sont des motivations plus profondes qui inspirent des modes de consommation et des styles de vie qui non seulement évitent de nuire davantage à l’environnement, mais qui contribuent aussi au processus de guérison de notre maison commune en difficulté.
Merci, Madame la Présidente.
- Pape François, Discours aux participants à la Conférence sur « Les religions et les objectifs du développement durable (ODD) : Écouter le cri de la terre et des pauvres », 8 mars 2019.
- Pape François, Lettre encyclique Laudato si’, 159.
- Pape François, Lettre encyclique Laudato si’, 165.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat