Mgr Anthony Xu Jiwei, évêque du diocèse de Linhai (Taizhou) dans la province du Zhejiang (Chine continentale) est décédé le dimanche 25 septembre 2016 à 23h16 à l’âge de 81 ans. Le Saint-Siège a annoncé lui-même le décès de ce pasteur « officiel » – qui a fait 25 ans de prison et travaux forcés – le 7 octobre, rendant hommage à son « profond sentiment de communion et de fidélité au Successeur de Pierre et à l’Église universelle ».
Le Vatican, qui ne communique pas d’ordinaire sur les décès des évêques – sauf quelques exceptions pour des évêques chinois – précise que Mgr Xu Jiwei était « depuis un certain temps affecté de divers problèmes de santé » : les derniers mois, il avait été victime d’un AVC, suivi de plusieurs épisodes d’infection pulmonaire.
Prison et travaux forcés
L’évêque chinois était né le 2 avril 1935 à Shanghaï, rappelle la note du Saint-Siège. Après ses études dans les séminaires de Ningbo et de Shanghaï, il a été arrêté en 1960 et condamné à cinq ans de prison, puis contraint aux travaux forcés. Vers la fin de sa détention, il est chargé d’enseigner dans un lycée durant six ans.
Vingt-cinq plus tard, en 1985, la condamnation levée, Anthony Xu Jiwei a repris ses études théologiques à Shanghaï. Il a été ordonné prêtre le 21 novembre 1985 à l’âge de cinquante ans et est resté dans le même séminaire comme formateur.
Formation du clergé diocésain
En 1999, le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque de Taizhou, diocèse qui était vacant depuis 1962. Pour « diverses raisons », souligne le Saint-Siège, sa consécration épiscopale n’a eu lieu que onze ans plus tard, le 10 juillet 2010. La célébration « était présidée par Mgr Giuseppe Li Mingshu, évêque de Qingdao, avec la participation de quatre autres évêques légitimes ».
Pendant les années de son ministère, ajoute la note, « Mgr Xu s’est montré un pasteur prudent et zélé, animé d’un profond sentiment de communion et de fidélité au Successeur de Pierre et à l’Église universelle ».
L’évêque « s’est préoccupé de donner une formation adéquate au clergé local » : « Pendant les six années de son ministère épiscopal, environ la moitié des prêtres actuels de sa communauté diocésaine ont été ordonnés et certains d’entre eux ont été envoyés à l’extérieur pour approfondir leur formation ».
Les obsèques de Mgr Xu, auxquels ont participé des milliers de fidèles, se sont tenues le 29 septembre.
Dans l’attente du successeur
Pour Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris , le diocèse de Taizhou est « symboliquement important » : il fait partie des six premiers diocèses à avoir été dotés d’un évêque chinois en octobre 1926. Mouvement qui allait conduire l’Eglise de Chine à être entièrement confiée à un clergé autochtone. Le gouvernement chinois « s’intéressera donc très certainement à qui prendra la tête du diocèse », alors que les contacts entre le Saint-Siège et Pékin ont repris.
Mgr Xu, explique encore EDA, appartenait à cette génération de séminaristes et de jeunes prêtres pris dans la tourmente des années de guerre puis de la Chine communiste de Mao Zedong. Son emprisonnement a eu lieu dans le cadre de « la mise au pas de l’Eglise catholique et la création de l’Association patriotique des catholiques chinois (1957) ».
Son ordination épiscopale « officielle » a été « menée avec un mandat pontifical et avec l’accord des autorités chinoises ». Pour ce diocèse « affaibli par les épreuves » et où tout était « à reconstruire », Mgr Xu Jiwei a « multiplié les voyages dans les diocèses du nord du pays afin de convaincre, avec succès, des évêques d’envoyer des prêtres ».
Avec une traduction de Constance Roques
