Au terme de trois jours de réflexion au Vatican (15-17 mai 2018), au sujet des abus sexuels ou de pouvoir commis ces dernières décennies au sein de l’Eglise chilienne, les 34 évêques du pays ont remis leur démission au pape François. Un geste fort et inédit alors que le pape lui-même avait reconnu en avril de « graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d’un manque d’information véridique et équilibrée ». Dans l’attente de la décision du pape, les évêques demandent pardon aux victimes.
Devant la presse le 18 mai, Mgr Fernando Ramos, évêque auxiliaire de Santiago et secrétaire général de la Conférence épiscopale du Chili, et Mgr Juan Ignacio Gonzalez, évêque de San Bernardo, ont lu un texte des évêques, remerciant le pape pour sa « correction fraternelle » et demandant pardon « pour la souffrance causée aux victimes, au pape, au peuple de Dieu et à notre pays par nos graves erreurs et les omissions que nous avons faites ».
« Nous remercions les victimes, leur persévérance et leur courage, malgré les énormes difficultés personnelles, spirituelles, sociales et familiales qu’elles ont affrontées en plus des incompréhensions et des attaques de la communauté ecclésiale. Nous implorons encore une fois leur pardon et leur aide pour continuer à avancer sur le chemin de la guérison ».
Les évêques annoncent qu’ils ont « remis (leur) charge pastorale entre les mains du pape afin qu’il décide librement pour chacun ». « Nous voulons rétablir la justice après le mal causé », affirment-ils encore en disant leur disponibilité au processus de renouveau demandé par le pape. La veille, le pape François leur a confié une lettre où il évoquait des résolutions à réaliser « à court, moyen et long terme », pour remédier au système qui a permis l’occultation des abus. Il les envoyait « construire une Eglise prophétique, qui sait placer au centre ce qui est important : le service de son Seigneur dans celui qui a faim, dans le prisonnier, dans le migrant, et dans celui dont on a abusé ».
Cette rencontre au Vatican avait lieu au terme de l’enquête menée par l’envoyé spécial du pape, Mgr Charles J. Scicluna, président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs – au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi – sur le cas de Mgr Juan de la Cruz Barros Madrid, évêque d’Osorno, accusé par des laïcs de son diocèse d’avoir été au courant des abus sexuels commis par son ancien mentor, le p. Fernando Karadima.
Dans un premier temps, lors de son récent voyage au Chili et au Pérou (16-21 janvier), le pape avait défendu Mgr Barros. Reconnaissant, au terme de l’enquête, de graves erreurs de perception, le pape a demandé pardon, a reçu trois victimes d’abus le 25 avril, et a convoqué les évêques.
Evêques du Chili © Vatican Media
Chili : tous les évêques remettent leur démission au pape
Au terme de trois jours de réflexion sur les abus commis au sein de l’Eglise