Au terme de trois jours de réflexion avec les évêques du Chili au Vatican, du 15 au 17 mai 2018, le pape François leur a remis une lettre redisant la « gravité » des abus « sur des mineurs, de pouvoir et de conscience » commis par des membres de l’Eglise dans le pays ces dernières décennies.
Les évêques chiliens ont été convoqués après l’enquête menée par l’envoyé spécial du pape, Mgr Charles J. Scicluna, président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs – au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi – sur le cas de Mgr Juan de la Cruz Barros Madrid, évêque d’Osorno, accusé d’avoir été au courant des abus sexuels commis par son ancien mentor, le p. Fernando Karadimaa.
Le 11 avril, le pape, qui avait auparavant défendu Mgr Barros, a reconnu qu’il avait « commis de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d’un manque d’information véridique et équilibrée ».
Dans ce nouveau message en espagnol, il remercie les évêques d’avoir participé à « un discernement franc » et confie qu’il a « demandé pardon du fond du cœur » à certaines victimes, rencontrées le 25 avril.
Evoquant des résolutions à réaliser « à court terme, moyen terme et long terme », il les envoie « construire une Eglise prophétique, qui sait placer au centre ce qui est important : le service de son Seigneur dans celui qui a faim, dans le prisonnier, dans le migrant, et dans celui dont on a abusé ».
Durant trois jours, le pape a rencontré quatre fois les 34 évêques du pays.
AK
Lettre du pape François
Aux évêques du chili
Chers frères dans l’épiscopat,
Je veux vous remercier d’avoir accueilli l’invitation à faire ensemble un discernement franc face aux graves événements qui ont fait du mal à la communion ecclésiale et affaibli le travail de l’Eglise du Chili ces dernières années.
A la lumière de ces événements douloureux concernant les abus – sur des mineurs, de pouvoir et de conscience – nous avons approfondi leur gravité, ainsi que les conséquences tragiques qu’ils ont eues en particulier pour les victimes. J’ai moi-même demandé pardon du fond du cœur à certaines d’entre elles, un pardon auquel vous vous êtes unis d’une même volonté avec le ferme propos de réparer le mal causé.
Je vous remercie de la complète disponibilité que chacun a manifestée pour adhérer et collaborer à tous ces changements et à toutes ces résolutions que nous devrons réaliser à court terme, moyen terme et long terme et qui sont nécessaires pour rétablir la justice et la communion ecclésiale.
Après ces jours de prière et de réflexion, je vous envoie pour continuer à construire une Eglise prophétique, qui sait placer au centre ce qui est important : le service de son Seigneur dans celui qui a faim, dans le prisonnier, dans le migrant, et dans celui dont on a abusé.
S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Que Jésus vous bénisse et que la Vierge Sainte vous protège
Fraternellement,
François
Traduction de Zenit, Anita Bourdin
Evêques du Chili © Vatican Media
Chili : lettre du pape au terme de trois jours de réflexion avec les évêques
Il redit la « gravité » des abus « sur des mineurs, de pouvoir et de conscience »