L’Evangile de ce jour nous rappelle que l’amour de Dieu et du prochain est au cœur des commandements. Remarquons que nous ne savons plus très bien ce que signifie « aimer » tant ce mot est employé dans notre langue à toutes les sauces ! Les enfants du catéchisme le disent bien: « J’aime maman… j’aime les frites… j’aime Jésus ». En Français, on emploie le même verbe sans nuance.
Dans son encyclique « Deus Caritas est » de décembre 2005, le pape Benoît XVI nous rappelait qu’il y a trois sortes d’amour dans la Bible. L’amour des corps l’éros. L’amour d’amitié philia qui s’exprime pour dire une relation d’amitié et enfin l’agapè qui, note le pape, est typiquement chrétien car il s’agit d’un amour oblatif. Aimer c’est donner sa vie nous dit Jésus dans l’Evangile.
Le commandement nouveau que Jésus nous confie dépasse le niveau du sentiment et appelle un engagement complet.
Dans la notion d’oblation, l’on voit de suite qu’il y a comme un double mouvement : il est nécessaire que celui qui se donne soit reçu. C’est bien cet amour qui s’exprime dans l’échange des consentements au mariage : Je me donne à toi et je te reçois !
C’est dans un tel mouvement que nous pouvons vivre ces règles de confinement imposée. J’offre mon « enfermement » pour éviter de contaminer… d’être contaminé et de ralentir ainsi le soin à donner à ceux qui sont dans un extrême besoin. Notre vie spirituelle est incarnée et éclaire la solidarité humaine. Quelle cohérence ! puisque l’oraison de ce jour nous faisait demander : « que nous sachions réfréner nos désirs terrestres pour mieux entendre ta parole. »
Chanoine Denis METZINGER – curé à Paris.
20 mars 2020.