Délégation du Centre Simon Wiesenthal © Vatican Media

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Centre Simon Wiesenthal : le pape s’élève contre les « recrudescences barbares de l’antisémitisme »

Il dénonce « une indifférence égoïste » (Traduction intégrale)

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« Je ne me lasse pas de condamner fermement toute forme d’antisémitisme » affirme le pape qui déplore « récemment encore », des « recrudescences barbares de l’antisémitisme ». Il dénonce « une indifférence égoïste » croissante qui prépare « des terrains fertiles aux particularismes et aux populismes que nous voyons autour de nous » et sur lesquels « la haine grandit rapidement ». Il faut traiter « le problème à sa racine » et pour cela, exhorte-t-il, « nous devons (…) nous engager aussi à défricher le terrain sur lequel pousse la haine, en y semant la paix ».

Le pape François a reçu en audience une délégation du Centre « Simon Wiesenthal », organisation juive internationale pour la défense des droits de l’homme, ce lundi 20 janvier 2020, dans la Salle du Consistoire ». Il avait déjà reçu des représentants le 24 octobre 2013.

Devant eux, le pape a rappelé que juifs et chrétiens ont « un riche patrimoine spirituel commun que nous devrions découvrir toujours davantage pour le mettre au service de tous ». « Nous sommes nous-mêmes appelés, les premiers, à ce service », a-t-il insisté : « non pas à prendre nos distances et à exclure, mais à nous faire proches et à inclure ; non pas à céder à des solutions de force, mais à initier des parcours de proximité ».

« Si nous ne le faisons pas, a-t-il conclu, nous qui croyons en Celui qui, du haut du ciel, s’est souvenu de nous et a pris à coeur nos faiblesses, qui le fera ? ».

Voici notre traduction du discours du pape François.

HG

Discours du pape François

Chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue. Votre Centre, actif dans le monde entier, se propose de lutter contre toute forme d’antisémitisme, de racisme et de haine contre les minorités. Depuis désormais des décennies, des contacts existent avec le Saint-Siège : nous partageons le même désir de faire du monde un lieu meilleur, dans le respect de la dignité humaine, une dignité qui appartient à chacun dans une égale mesure, indépendamment de l’origine, de la religion et du statut social. Il est très important d’éduquer à la tolérance et à la compréhension réciproque, à la liberté de religion et à la promotion de la paix sociale.

Vous contribuez d’une manière particulière à maintenir vivante la mémoire de l’Holocauste. Dans une semaine, le 27 janvier, nous rappellerons le 75e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. En 2016, j’ai fait là-bas une halte pour intérioriser et prier en silence. Aujourd’hui, absorbés dans le tourbillon des choses, nous peinons à nous arrêter, à regarder en nous-mêmes, à faire silence pour écouter le cri de l’humanité souffrante. Le consumérisme actuel est aussi verbal : combien de paroles inutiles, que de temps perdu à contester et à accuser, combien d’offenses hurlées, sans se soucier de ce qui est dit. Le silence, en revanche, aide à conserver la mémoire. Si nous perdons la mémoire, nous anéantissons l’avenir. Que l’anniversaire de l’indicible cruauté que l’humanité a découverte il y a soixante-quinze ans, soit un appel à s’arrêter, à rester en silence et à faire mémoire. Nous en avons besoin, pour ne pas devenir indifférents.

Dans de nombreuses parties du monde, l’augmentation d’une indifférence égoïste, qui fait que l’on ne s’intéresse qu’à ce qui nous arrange, est préoccupante : la vie va bien si pour moi elle va bien et quand quelque chose ne va pas, la colère et la méchanceté se déchaînent. C’est ainsi que se préparent des terrains fertiles aux particularismes et aux populismes que nous voyons autour de nous. Sur ces terrains, la haine grandit rapidement. La haine. Semer la haine. Récemment encore, nous avons assisté à des recrudescences barbares de l’antisémitisme. Je ne me lasse pas de condamner fermement toute forme d’antisémitisme. Pour affronter le problème à sa racine, nous devons cependant nous engager aussi à défricher le terrain sur lequel pousse la haine, en y semant la paix. En effet, c’est à travers l’intégration, la recherche et la compréhension de l’autre que nous nous protégeons le mieux nous-mêmes. C’est pourquoi il est urgent de réintégrer celui qui est marginalisé, de tendre la main à celui qui est loin, de soutenir celui qui est écarté parce qu’il n’a pas de moyens ni d’argent, d’aider celui qui est victime de l’intolérance et de la discrimination.

La Déclaration Nostra aetate (cf. n.4) souligne que nous, juifs et chrétiens, nous avons un riche patrimoine spirituel commun que nous devrions découvrir toujours davantage pour le mettre au service de tous. Je sens qu’aujourd’hui en particulier, nous sommes nous-mêmes appelés, les premiers, à ce service : non pas à prendre nos distances et à exclure, mais à nous faire proches et à inclure ; non pas à céder à des solutions de force, mais à initier des parcours de proximité. Si nous ne le faisons pas, nous qui croyons en Celui qui, du haut du ciel, s’est souvenu de nous et a pris à coeur nos faiblesses, qui le fera ? Il me revient à l’esprit les paroles du livre de l’Exode : « Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu regarda les fils d’Israël, et Dieu les reconnut. » (2,24-25). Nous aussi, souvenons-nous du passé et ayons à coeur les conditions de ceux qui souffrent : nous cultiverons ainsi le terrain de la fraternité.

Chers amis, je vous remercie pour votre engagement dans ce sens et je vous encourage à intensifier notre collaboration au secours des plus faibles. Que le Très-haut nous aide à nous respecter mutuellement et à nous aimer toujours davantage, et à faire de la terre un lieu meilleur, en semant la paix. Shalom !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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