Pour endiguer l’antisémitisme, l’Église catholique est « appelée particulièrement à approfondir le patrimoine commun avec le judaïsme », explique le cardinal Kurt Koch, président de la Commission vaticane pour les rapports avec le judaïsme.
Le Cinquième Forum mondial de l’Holocauste s’est tenu à Jérusalem, au mémorial Yad Vashem (Jérusalem), jeudi 23 janvier 2020, rapporte Radio Vatican en italien. Plus de quarante présidents, premiers ministres et familles royales d’Europe, d’Amérique du nord et d’Australie, ont participé à l’évènement.
Le Forum était organisé par la World Holocaust Forum Foundation, en collaboration avec Yad Vashem.
Le card. Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, à l’intérieur de laquelle a été instituée la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, a représenté le Saint-Siège à la tête d’une délégation.
A la question « que peuvent faire les catholiques pour endiguer l’antisémitisme ? », le cardinal suisse Kurt Koch répond à Radio Vatican: « Je dirais avant tout que les peurs des gens doivent être prises au sérieux. Mais nous devons les prendre au sérieux pour aider les gens à les surmonter. Comme nous dit Jésus dans l’Évangile de Jean : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde ». Il faut faire les deux choses : considérer les peurs des gens mais avec la certitude de pouvoir vaincre ces peurs par la foi, en nous ouvrant à l’autre. Évidemment, l’Église catholique est appelée particulièrement à approfondir le patrimoine commun avec le judaïsme – les traditions communes, les valeurs partagées – et surtout Nostra aetate, la grande déclaration du concile Vatican II sur le dialogue judéo-chrétien, pour continuer sur ce chemin. »
Il salue, dans le même sens la grande participation internationale à ce sommet « historique » commémorant du 75e anniversaire de la Libération du camp d’extermination d’Auschwitz, le 27 janvier 1945: « Je crois que le simple fait que soient venus tant de représentants des États, est un signe que même du point de vue historique, on a voulu lancé un signal contre l’antisémitisme. Cela a été clairement dit, notamment dans un grand nombre de discours, que nous devons apprendre de l’histoire et qu’une chose de ce genre ne doit jamais plus se produire. Je crois que l’antisémitisme n’est pas seulement un chapitre de l’histoire que l’on peut archiver dans des livres d’histoire, mais que c’est un phénomène qui émerge à nouveau aujourd’hui. En ce sens, de nombreux exemples ont été donnés et ils doivent faire réfléchir. »
Pour ce qui est des « causes » de l’antisémitisme, le cardinal Koch répond: « Elles sont certainement très diverses, on ne peut les résumer. Il y a différentes raisons pour lesquelles les personnes ont peur des étrangers, des autres, à cause des nombreux défis auxquels elles font face et par conséquent cela se reporte aussi sur les juifs, par exemple. Aujourd’hui, nous avons aussi de fortes tendances nationalistes, une réapparition du nationalisme, qui peut aussi s’exprimer en termes antisémites. Les causes sont très différentes d’un pays à l’autre. Mais je pense que le nationalisme et le populisme sont les principales causes. »
Avec Anita Bourdin