Synodes des évêques : l'initiative de Paul VI "géniale et évangélique"

Regard du patriarche chaldéen Sako (texte complet)

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« Initiative géniale et évangélique », « baume spirituel d’une beauté prophétique » : le patriarche irakien Raphaël Ier Sako désigne en ces termes l’invention du « synode » par le pape Paul VI, il y a 50 ans.

Une commémoration du 50e anniversaire de l’institution des synodes a eu lieu dans la matinée de samedi, 17 octobre, au Vatican, dans la salle Paul  VI.

La cérémonie a été introduite par le Secrétaire général du synode, le cardinal Lorenzo Baldisseri.
La conférence commémorative a été présentée par le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, président de la Conférence des évêques d’Autriche.
Elle a été suivie par les allocutions de cinq représentants des cinq continents, dont le patriarche Sako pour l’Asie et les Eglises orientales catholiques.
Le pape François a conclu la rencontre.

« Ensemble, affirme le patriarche chaldéen, on peut travailler et faire le bien pas seulement à l’Église mais aussi à la société. »

Il souligne que le synode appartient à la culture des Orientaux chrétiens : « Nous les orientaux nous sommes habitués à la synodalité, c’est à dire travailler ensemble. Mais nous devons y réaliser une synodalité affective et effective ainsi vraiment en ce qui concerne les conférences épiscopales locales. »

Il y discerne la présence de l’Esprit de Pentecôte : « Ces synodes nous ont fait respirer avec simplicité, liberté, prudence et attention, le souffle bienfaisant du vent de l’Esprit Saint. »

Il souhaite que soit fait «  beaucoup plus pour un suivi après chaque synode ».

Voici notre traduction intégrale de l’allocution du patriarche chaldéen Sako.

A.B.

 

Intervention du patriarche de Babylone des Chaldéens (Irak), chef du Synode de  l’Église chaldéenne,

Louis Raphaël Ier Sako

 

  1. Cette initiative géniale et évangélique faite en 1964 par un Pasteur avec un charisme extraordinaire comme Paul VI est une initiative prophétique. C’était une chose nouvelle que d’adopter une méthode collective qui unit  l’Église et tous les pays dans le but d’étudier un thème. Cela nous a donné une richesse extraordinaire, surtout dans le fait de se sentir une seule famille plus forte dans notre cœur et dans notre mission de pasteurs. Dialoguer ensemble (en collégialité) a été pour nous un baume spirituel d’une beauté prophétique.
  1. Nos remerciements vont sans aucun doute à ses successeurs  qui ont non seulement continué son idée mais lancé des synodes extraordinaires. Il n’est pas facile de travailler ensemble pour contribuer à la réalisation d’un projet avec tous les éléments spirituels et ecclésiaux, mais avec l’aide de l’Esprit Saint cela porte toujours des fruits. Ils sont tellement nombreuses les contributions issues et nées des synodes pendant ces 50 dernières années. Mais ma réflexion me porte à dire qu’ensemble, on peut travailler et faire le bien pas seulement à l’Église mais aussi à la société. Les synodes ont traité des sujets qui concernent la vie de l’Église catholique, la théologie, la spiritualité, la pastorale, les missions, la discipline.
  2. L’intérêt de ce synode est la mise à jour, en cherchant à donner, avec tant d’espérances, un sens à la vie des fidèles, c’est à dire ce dont ils ont besoin. Former en informant c’est cela notre devise dans le travail que vous développons tous les jours ensemble avec nos collaborateurs. Nous les orientaux nous sommes habitués à la synodalité, c’est à dire travailler ensemble. Mais nous devons y réaliser une synodalité affective et effective ainsi vraiment en ce qui concerne les conférences épiscopales locales.
  3. Depuis cinquante ans ces synodes nous ont fait respirer avec simplicité, liberté, prudence et attention, le souffle bienfaisant du vent de l’Esprit Saint, qui nous a fait sentir sa présence parmi nous. Encore aujourd’hui il souffle sur notre terre, dans notre cœur et dans notre esprit.
  4. En tant que professeur puis recteur du grand séminaire et ensuite évêque j’ai toujours suivi et profité du message de ces synodes, et pas seulement dans l’enseignement mais aussi dans l’accompagnement des séminaristes et des fidèles.
  5. En tant qu’orientaux, peut-être n’avons nous pas beaucoup profité des ces synodes en raison de notre petit nombre, de l’environnement qui est toujours a beaucoup de problèmes, des conflits et de l’insécurité, de la société musulmane qui considère la religion comme une cause sacrée et immuable ne facilite pas le changement.  Nos pères étaient plus courageux que nous.
  6. Mais nous avons profité au moins de deux synodes, le synode pour le Liban et pour le moyen orient et aussi le synode pour l’Asie. Nous sommes de petites Églises, le personnel nous manque, les méthodes …  Nous avons besoin d’être aidés, de ne pas être isolés ou marginalisés … Sans le renouvellement il n’y a pas d’enthousiasme. Le message de l’Évangile est pour toujours et pour toutes les personnes et toutes les cultures … donc le renouvellement est une exigence et un engagement.
  7. Le synode approfondi la communion et renforce l’unité dans l’Église et l’universalité. Il faut travailler ensemble avec courage et investir dans la formation de nos prêtres, religieux et religieuses, et les fidèles pour réaliser une « maison commune » où tous nous pouvons nous intégrer et nous aimer en vrais chrétiens.
  8. J’invite l’Église à revoir et étudier la situation actuelle de ses institutions afin d’être en phase avec la situation actuelle dans laquelle vivent les chrétiens et de conserver son authenticité et son zèle évangélique et pastoral.
  9. Je crois qu’il y a des choses dans l’Église qui sont hors d’usage, et qui ne vont pas bien pour aujourd’hui et nos réalités. Pour cela il est nécessaire de formuler de nouvelles lois adaptées à notre temps et aux fidèles. J’espère qu’aujourd’hui le synode sur la famille nous donnera une impulsion pour une nouvelle pastorale familiale.
  10. Que le concept de la synodalité soit intégré dans la vie et la spiritualité de l’Église conjointement au principe de subsidiarité en vue d’une mise à jour et d’un renouvellement continuel dans l’Église.
  11. On souhaite faire beaucoup plus pour un suivi après chaque synode afin de mettre en pratique les résultats post synodaux dans les structures de l’Eglise.

© Traduction de Zenit, Hugues de Warren

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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