« A la rancœur, le martyr chrétien répond par l’amour », souligne le cardinal Amato qui a présidé, au nom du pape François, ce samedi 26 mai 2018, à Piacenza (Italie) la béatification d’une religieuse tuée en Somalie le 17 septembre 2006, sœur Leonella Sgorbati (1940-2006) surnommée affectueusement « géante » ou « tremblement de terre ».
« Le martyre de sœur Leonella devient une semence d’espérance répandue sur la terre des hommes, et qui portera des fleurs et des fruits de bien », a encore affirmé le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, dans son homélie, rapportée par Vatican News en italien.
Pour lutter contre ses faiblesses quotidiennes, sœur Leonella Sgorbati s’était en effet donné pour règle de vie de « donner tout », « aimer beaucoup », d’ »aimer tout le monde » et de « toujours pardonner ».
Le cardinal Amato a souligné sa « grande charité », et sa capacité à « se donner pour le bien des autres jusqu’au sacrifice extrême » : « Sœur Leonella a vécu pleinement la passion pour le Christ avec un cœur de disciple, à la recherche de Dieu et de sa volonté, détachée de tout et entièrement disponible à l’obéissance. »
Elle savait qu’elle risquait sa vie. Elle avait confié : « Il y a une balle avec mon nom dessus, mais seul Dieu sait quand cela arrivera. »
Ce fut le dimanche 17 septembre 2006, vers midi : la religieuse avait terminé ses cours avec les étudiants en soins infirmiers, rentrait chez elle accompagnée de son garde du corps, un musulman, armé. Une balle a atteint la religieuse dans le dos et la tentative du garde pour la protéger de son corps fut vaine. Il fut lui aussi touché et il en mourra. A l’hôpital, la religieuse a eu la force de se prononcer trois fois le mot « pardonner », ont rapporté des témoins.
« L’assassinat de Sœur Leonella révèle le poison qui se cache dans le cœur des gens aveuglés par la haine, a ajouté le cardinal Amato. Le martyr chrétien n’est pas un destructeur fanatique, mais un défenseur héroïque de la vie et un messager de fraternité, de charité et de pardon. »
Sœur Leonella avait été très impressionnée par l’histoire des martyrs trappistes en Algérie : elle avait distribué l’histoire de leur vie aux communautés de la région. Elle disait : « Le martyre fait partie de notre vie quotidienne ici. Le martyre du sang seulement si Dieu nous le demande … »
Mgr Giorgio Bertin, franciscain, évêque de Djibouti, et administrateur apostolique de Mogadiscio et président de Caritas Somalie, souligne, toujours selon la même source, le message d’espérance à tirer de la mort de sœur Leonella et de son garde du corps: « Pour moi, la mort d’une Italienne et d’un Somalien, d’une chrétienne et d’un musulman, d’une femme et d’un homme, nous dit que si l’on peut mourir ensemble, alors on peut aussi vivre ensemble. »
Soeur Leonella Sgorbati, martyre en Somalie (1940-2006) @ wikipedia
Béatification de soeur Leonella Sgorbati, martyre du pardon
« Si l’on peut mourir ensemble, alors on peut aussi vivre ensemble »