Le card. Simoni et son biographe, Mimmo Muolo rencontrent le pae François, courtoisie de Mimmo Muolo

Le card. Simoni et son biographe, Mimmo Muolo rencontrent le pae François, courtoisie de Mimmo Muolo

Albanie: le père Simoni, ancien condamné à mort, forçat et cardinal

Entretien avec son biographe italien, Mimmo Muolo

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« Je suis un pauvre prêtre et ma seule richesse, c’est le Christ »: c’est ce que son biographe italien, Mimmo Muolo, retient des paroles du cardinal désigné Ernest Simoni, héros de l’Evangile sous le régime communiste albanais, ancien condamnné à mort et forçat pendant presque 30 ans.
Le père Ernest Simoni est le seul prêtre parmi les 17 cardinaux que le pape François « créera » le 19 novembre 2016, aux côtés de 16 évêques ou archevêques. Torturé et emprisonné au temps de la persécution communiste, son témoignage avait ému le pape François aux larmes lors de son voyage à Tirana en 2014. Agé de plus de 80 ans, il sera cardinal non-électeur en cas de conclave.
En annonçant son nom, hier, dimanche, 9 octobre, le pape a précisé qu’il avait choisi « un prêtre qui a rendu un témoignage chrétien clair ».
Devant le pape François, lors de vêpres en la cathédrale Saint-Paul de Tirana, le 21 novembre 2014, le père Simoni – qui célèbrera ses 88 ans le 18 octobre – avait notamment raconté son arrestation en 1963, après 8 ans de sacerdoce. Frappé et torturé parce qu’il annonçait le Christ, il a fait des années de prison et de travaux forcés jusqu’à la chute du régime en 1990. Devenu le père spirituel de nombreux prisonniers, il célébrait la messe en latin de mémoire, distribuait la communion et confessait en cachette. Il avait écrit sur le mur de sa cellule « Ma vie c’est Jésus ».
« Aujourd’hui, nous avons touché des martyrs », avait déclaré le pape François après son témoignage et celui d’une religieuse : « Avec cette simplicité, ils ont trop souffert, physiquement, psychiquement, avec l’angoisse de l’incertitude, ne sachant pas s’ils allaient être fusillés ou non, et ils vivaient avec cette angoisse. Le Seigneur les consolait. (…) Il console dans l’intimité du cœur et par sa force. »
Le pape François avait revu ce prêtre âgé lors d’une audience générale en avril dernier : il lui avait alors baisé les mains en signe de respect.
Voici ce que Mimmo Muolo confie à Zenit.
Zenit –  Mimmo Muolo vous avez publié – en italien – l’an dernier une biographie du prêtre franciscain albanais que le pape François vient de choisir parmi 17 nouveaux cardinaux (« Don Ernest Simoni. Des travaux forcés à la rencontre avec le Pape », Paoline 2016): comment avez-vous eu l’idée de ce livre sur le père Ernest Simoni?
Mimmo Muolo – Le livre m’a été demandé par l’éditeur, les Paoline Libri, après mon article sur la visite du pape en Albanie, au cours de laquelle don Ernest qui témoignait de son expérience a fait Entretien avec son biographe italien pleurer le pape François.
Comment s’est fait le travail de mémoire avec lui?
J’ai rejoint don Ernest à Florence, où il vient souvent pour rendre visite aux fidèles albanais de la diaspora, et je suis resté deux jours avec lui. Il m’a raconté sa vie et ensuite, j’ai écrit. Pour moi, cela a été une grande grâce!
Quelles sont les principales étapes de sa vie incroyable?
Il y a avant tout sa vocation, dans l’enfance, alors qu’il « jouait » à célébrer la messe. Puis l’ordination entre mille dangers et le premier ministère sacerdotal. Puis l’arrestation, et la condamnation à mort commuée en 25 ans de travaux forcés. A la fin il en a fait 28, d’abord dans une carrière puis dans les mines, et enfin dans les égouts de Scutari. Un « martyr » selon le terme employé par le pape François.
Il est un modèle pour le jubilé de la miséricorde?
Certainement. C’est un modèle de miséricorde parce qu’il a toujours pardonné à ses persécuteurs.
Quel peut être le rôle de don Simoni comme cardinal?
Don Simoni est un témoin vivant de la fidélité au Christ dans toutes les situations de la vie. Même les plus extrêmes. Et en tant que cardinal il nous rappellera aussi que rien n’est plus important que Jésus.
Quel sont vos voeux pour ce héros de la foi tout juste nommé cardinal?
Je lui souhaite de continuer à se dépenser sans arrêt pour l’annonce de l’Evangile jusqu’au dernier moment de cette vie terrestre. C’est ce qu’il fait actuellement, à 88 ans, avec différents soucis de santé.
Quelle question voudriez-vous lui poser?
Je voudrais lui demander s’il aurait jamais imaginé qu’un jour il deviendrait cardinal. Mais je sais sa réponse : « Je suis un pauvre prêtre et ma seule richesse, c’est le Christ ». C’est ce qu’il m’a toujours dit. Il le dira encore maintenant.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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