A la veille de l’ouverture de deux tombes au sein du cimetière Teutonique – dans le cadre d’enquêtes sur la disparition, le 22 juin 1983, de la jeune italienne Emanuela Orlandi, alors âgée de 15 ans, fille d’un employé du Vatican – Giovanni Arcudi, professeur de médecine légale à l’Université Tor Vergata, explique le détail des procédures.
Chargé par la Justice vaticane d’examiner les dépouilles et de prélever les échantillons pour l’examen de l’ADN, l’anthropologue légiste participera à l’ouverture de deux tombes, le 11 juillet 2019 : la “Tombe de l’Ange” où est enterrée la princesse Sophie von Hohenlohe, morte en 1836, et la tombe de la princesse Carlotta Federica di Mecklemburgo, morte en 1840. Cette opération, explique-t-il, a pour but « d’exclure de façon définitive et catégorique qu’il y ait quelque reste attribuable à la pauvre Emanuela ».
Répondant au directeur éditorial du Dicastère pour la communication, Andrea Tornielli, Giovanni Arcudi explique le protocole de l’identification des squelettes – avec l’établissement de leur âge, de leur sexe, de leur taille, etc : « Nous prenons os par os et nous voyons quelles sont les caractéristiques… en commençant par l’extraction, le nettoyage, le placement de ces structures osseuses sur une table anatomique. »
Le délai d’exécution de ces protocoles, précise-t-il, dépend « de l’état, de la qualité et de la quantité des dépouilles ». Hypothétiquement, rappelle l’expert, « nous parlons d’os de plus de 150 ans » : « selon l’état de conversation, ils peuvent avoir subi une détérioration de nulle à importante. Cela dépend beaucoup des conditions environnementales, du microclimat, de l’humidité, de la présence d’infiltrations, de possibles actions de microfaune… cela n’est pas prévisible avant d’ouvrir les tombes ».
La première analyse déterminera s’il s’agit d’os de 10 ans ou de 50 ou de 150 ans, ainsi que le sexe. « Nous pourrions aussi parvenir, après ce premier examen, à exclure l’hypothèse que les restes squelettiques appartiennent à des personnes différentes de celles qui sont enterrées là ».
En revanche, « si l’on trouvait des os appartenant à des individus différents dans la tombe, la durée de l’opération s’allongerait ». Il faudrait alors une identification « odontostomatologique », de l’état des dents. Quant à l’identification de l’ADN, les délais peuvent varier de 20 jours à 60 jours.
Ces derniers mois, la famille d’Emanuela Orlandi a signalé la possible dissimulation de son cadavre dans le cimetière Teutonique. Un dossier a alors été ouvert et le Bureau du Promoteur de justice du Tribunal de l’Etat de la Cité du Vatican a finalement émis un décret du 27 juin 2019, disposant de l’ouverture des deux tombes.
Cimetière teutonique, Vatican © camposanto.va
Affaire Orlandi : la procédure de l'ouverture des deux tombes au Vatican
Expliquée par l’expert chargé de l’exécution par la Justice vaticane