Reconnaître le Christ_Capture d'écran The Choosen

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Reconnaître le Christ requiert la foi et la simplicité, par Mgr Follo

XXIV dimanche du Temps Ordinaire – Année B – 15 septembre 2024

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Rite romain

Est 50,5-9a ; Ps 114 ; Jas de 2,14 à 18 ; Mc 8,27 – 35

1) Reconnaître le Christ

L’ensemble de l’Évangile de Saint Marc a comme but ce de répondre à la question : « Qui est-ce Jésus ? ». Mais dans le récit que nous lisons aujourd’hui est le même Jésus qui d’une façon explicite pose la question : « Qui dites-vous que je suis ? » et donc nous aussi sommes obligés de répondre.

Dans les chapitres précédents qui nous ont été proposé au cours des derniers dimanches, Jésus n’a pas répondu à cette question avec une définition de lui-même, mais avec des actions qui manifeste ce qu’il est par ce qu’il fait :

il fait marcher les boiteux, c’est à dire il est Celui qui donne à l’homme la capacité de marcher dans la vie ;

il fait entendre les sourds et parler les muets, c’est à dire il est Celui qui a paroles de vie, qui expliquent la vie ;

il fait ressusciter les morts, c’est à dire il est le Donateur de la vie ;

il fait voir la vue à les aveugles, c’est à dire il est la Lumière qui éclaire, qui fait venir à la lumière ;

il fait calmer les eaux de la mer, c’est à dire Lui, il est le Seigneur de la nature ;

il fait (il donne) le pain dans le désert, c’est à dire il est Celui qui nourrit corps et âme.

La conclusion que nous devrions en tirer en voyant « faire », devrait être celle de dire : « Il est le Messie (en grec : le Christ) ». Malheureusement, les gens de cette époque-là, mais beaucoup de monde encore aujourd’hui, n’a pas saisi la nouveauté et de la grandeur de Jésus, de sorte que à la question « Qui disent que je suis », la réponse de la majorité est que ce « faiseur » n’est rien de plus qu’un prophète comme ceux qui l’avaient précédé. Alors Jésus pose cette question à ses disciples : « Et qui dites-vous que je suis ? ». Pierre, aussi au nom des autres, répond promptement : « Tu es le Christ ! ». Pierre reconnaît clairement que Jésus est le Messie. Il donne une réponse est exacte. Il n’y a pas d’autre réponse. Le Christ mort et ressuscité est celui dans lequel l’impossible, l’impensable s’et accompli, le seul fait que peut changer le cours de l’histoire humaine. Sans lui, l’homme est un « être pour la mort » (Martin Heidegger), mais s’il est « lié » à la Croix, il est « libéré des liens » de la mort

Il faut rappeler que la réponse de Saint-Pierre implique une reconnaissance supplémentaire : celle de l’amour crucifié. La logique de la croix « ce n’est pas avant tout celle de la douleur et de la morte, mais celle de l’amour et du don de soi qui conduit à la vie (Pape François). 

C’est le chemin de la Croix qui complète le discours en le clarifiant. Lorsque le Chef des Apôtres dit : à Jésus : « Tu es le Christ », le Messie ressent le besoin de souligner qu’il est le Fils de Dieu, qui doit souffrir beaucoup. Donc à la question qu’aujourd’hui Jésus fait à nous : « Qui dites-vous que je suis ? », la réponse complète est : « Tu es le Christ, l’Amour crucifié et ressuscité ». En effet, Saint Paul écrit : « Si le Christ n’était pas ressuscité, notre foi serait vaine », mais il savait que la croix n’est pas un obstacle au salut. Elle est la condition. « La Croix n’est pas un pôle des Romains, mais le bois sur lequel Dieu a écrit l’Évangile » (Alda Merini, 1931 à 2009, femme poète de Milan). Par le Christ sur la croix le monde reçoit une nouvelle dimension, celle de Jésus et de tous ceux qui donnent leur vie pour les autres, en le suivant.

Le Messie invite à le suivre toujours jusqu’au Calvaire, parce que la marche derrière sa Croix nous modèle notre vie sur celle « de l’Agneau qui nous enseigne que la forteresse, de l’Humilié qui donne leçon de dignité, du Condamné qui exalte la justice, du Mourant qui confirme la vie, du Crucifié qui prépare la gloire » (P. Primo Mazzolari, 1809-1959, prêtre et écrivain de Cremone – Italie)

En suivant le Christ et en croyant à sa Charité, gardons les bras desserrés et le cœur ouvert comme le Crucifié. Bien sûr, pour faire ça, comme saint Pierre, nous devons reconnaître Jésus comme le Messie, le Sauveur. Comme saint Pierre, nous devons accepter la croix comme « clé » avec laquelle le Seigneur a ouvert le ciel et fermé l’enfer pour tous ceux qui le reçoivent. Cette lourde « clé » a été prise par le Rédempteur sur ses épaules, il a senti le poids et la responsabilité lors que les clous ont percé sa chair et la lièrent à elle. Cette « clé » du Royaume le Christ l’a donné à saint Pierre, en l’appelant à être crucifié avec Lui, à porter ce joug doux et léger sur ses épaules comme Lui, à apprendre l’humilité et la douceur avec laquelle « délayer » les hommes de l’esclavage du monde, de la chair et du diable, et ainsi les « lier » à Christ dans une alliance éternelle qui les fasse enfants de notre Père céleste pour toujours. 

Dans l’homélie poétique attribuée à saint Ephrem le Syrien, ce saint imagine que le bon larron après sa mort arrive à la porte du paradis. Sur ses épaules, il porte sa croix. Un chérubin se hâte avec une épée qui scintille comme une flamme (Gn 3,24) pour bloquer l’accès au Paradis de la part des criminels au Paradis, qui ne sont pas dignes de la joie éternelle. Il n’y a pas des exceptions. Saint Ephrem décrit une violente dispute entre le chérubin et le bon larron. Elle termine lorsque le bon larron montre la clé de la porte du Paradis. Et quelle est la clé du Paradis ? La croix, sa croix transfigurée par la vivifiante Croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Croix ouvre la porte de la vie à nous tous qui croyions en Jésus-Christ, comme le bon larron : « Jésus, souviens de moi quand tu entreras dans ton règne ». La vie du Christ triomphe dans tous les pécheurs repentis même ceux de la dernière minute, comme le bon larron.

Nous, pêcheurs repentis d’aujourd’hui, nous sommes appelés à comprendre qu’il ne s’agit pas seulement dans la fois de reconnaitre le Christ comme l’envoyé du Père, mais de le témoigner par une digne conduite de vie chrétienne, c’est-à-dire par la capacité d’aimer jusqu’au suprême sacrifice.     

2) L’amour véritable, parce que crucifié

Bien sûr, comme Saint Pierre nous aussi essayons d’éloigner le Christ du Chemin la Croix. La tentation, qui vient du diable, est une tentative de détourner de la voie tracée par Dieu (la Voie de la Croix) pour la remplacer par un itinéraire établi par la sagesse des hommes, par ce qui est souvent désigné comme le bon sens, le sens commun.

Christ a démasqué et surmonter cette tentation et sa vie était une constante « oui » à Dieu et un « non » au tentateur. Jésus a vaincu le diable. Mais le diable tente d’obtenir du disciple ce qu’il n’a pas réussi à obtenir du Maitre : séparer le Messie de la Croix, disjoindre la foi en Jésus-Roi de son trône qui est la Croix.

Après avoir précisé son identité et avoir démasqué la présence de la tentation, Jésus s’adresse à ses disciples et aux autres personnes et, d’une façon très claire, leur propose son même chemin. Il n’y pas deux chemins, l’un pour Jésus et l’autre pour les disciples, mais un seul : « Qui veut venir après moi qu’il renonce à lui et prendre sa croix ».

La croix est un symbole et icône de l’amour virginale. Elle est la synthèse la plus vraie de l’amour reçu et donné, de l’amour crucifié. En effet, rien comme la Croix donne la certitude d’être aimé, de toujours e pour toujours, totalement et inconditionnellement. Le vrai visage de Dieu est ce du Crucifié (Jurgen Moltman). Donc, si nous lui présentons le Christ le monde avec son vrai visage, les gens peuvent le sentir comme une réponse convaincante et sont capables de suivre Lui et son message de suivi, même s’il est exigeant et marqué par la croix.

Il est vrai que la croix est « une pierre d’achoppement pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Cor 1,18-24) et qu’il est difficile pour chacun d’entre nous de la comprendre et l’accepter. Mais si nous regardons, par exemple, l’exemple des vierges consacrées dans le monde nous sommes aidés à comprendre, à accepter et à vivre la croix.

Amour vécu d’une façon virginale est un amour crucifié non pas parce qu’il est un amour mortifié, mais parce que l’amour « sacrifié », c’est à dire qui est rendu sacrée par le don total de soi à Dieu. L’amour vierge est ce du Christ, qui « pratiqua » un amour crucifié. Pour aimer Jésus est allé à l’expérience de la vidange progressive de soi-même jusqu’à la croix. Si nous voulons aimer en chrétiens, nous devons le savoir et faire comme lui. Cette façon d’aimer met l’autre avant moi et l’Autre (Dieu) plus que moi. La croix est le plus grand signe du plus grand amour, et la virginité est la crucifixion de soi-même pour se donner à Dieu, pour s’enclouer à son amour embrassant le Christ sur la Croix.

Les vierges consacrées sont un exemple aussi important et haute du fait que l’amour de Dieu est « totalitaire », car le Christ di à chacun de nous qu’il faut aimer le Seigneur « de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Mc 12,30). Ces femmes montrent que le corps et le cœur chastement offerts n’éloignent pas loin de Dieu. Le cœur et le corps chastes approchent l’être humain à Dieu, plus que les anges (cf. Eph 1,14), et que la vie chrétienne est une constante et progressive configuration au Christ crucifié et ressuscité. En effet, comme l’amour du Christ pour nous l’a conduit à la croix, notre amour pour Lui imprime ses blessures d’amour (Ct 2,5). L’amour purifie et configure, en transfigurant. Mais il convient de noter que la conformité douloureuse avec le Christ crucifié a comme le but ultime d’amener le chrétien à la conformité joyeuse avec Lui ressuscité. La virginité n’est pas simplement une renonciation, mais il est la manifestation de l’amour ardent pour Dieu et pour le prochain. Amour qui transforme l’amant dans l’Aimé. La virginité vécue comme crucifixion est pour témoigner que l’amour a gagné à travers le don de soi. La virginité vécue comme résurrection témoigne que l’Époux est réellement présent dans la vie quotidienne de son Église et sa présence condescendante donne la joie, la joie pleine et entière (cf. Jn 3,29). La virginité est liberté, elle est un signe de l’amour parfait, qui n’a pas d’impatience, ni d’envie, ni de jalousie, et assure la paix en rayonnant de joie. Ces femmes témoignent qu’il est Impossible d’aimer et de ne pas chercher de lui rassembler et d’amener la joie de sa présence dans la vie dans le monde.  

Lecture Patristique

Homélie de saint Césaire d’Arles (+ 543)

Sermon 159, 1 4-6 ; CCL 104, 650.652-654.

Quand le Seigneur nous dit dans l’évangile : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même (Mc 8,34), nous trouvons qu’il nous commande une chose difficile et nous considérons qu’il nous impose un lourd fardeau. Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu’il commande, cela n’est pas difficile.

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé ? Or, nous savons qu’il est ressuscité et monté aux cieux : c’est là que nous avons à le suivre. Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ. Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée. Désormais, si nous sommes les membres de cette Tête, pourquoi désespérer de parvenir au ciel ? Pour quel motif ? S’il est vrai que sur cette terre tant d’inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et l’éternelle tranquillité.

Mais l’homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l’Apôtre : Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché (1Jn 2,6). Tu veux suivre le Christ ? Sois humble, comme il l’a été. Tu veux le rejoindre dans les hauteurs ? Ne méprise pas son abaissement.

En péchant, l’homme avait couvert sa route d’obstacles, mais celle-ci fut aplanie lorsque le Christ l’eut foulée à sa résurrection et qu’il eut fait d’un étroit sentier, une avenue digne d’un roi. L’humilité et la charité sont les deux pieds qui permettent de la parcourir rapidement. Tous sont attirés par les hauteurs de la charité, mais l’humilité est le premier degré qu’il faut monter. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi ? Tu veux donc tomber et non monter ? Commence par la première marche, c’est-à-dire l’humilité, et déjà elle te fait monter.

Voilà pourquoi notre Seigneur et Sauveur ne s’est pas borné à dire : Qu’il renonce à lui-même, mais il a ajouté : Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mc 8,34). Que signifie : Qu’il prenne sa croix ? Qu’il supporte tout ce qui lui est pénible, c’est ainsi qu’il marchera à ma suite. Dès qu’il aura commencé à me suivre, en se conformant à ma vie et à mes commandements, il trouvera sur son chemin bien des gens qui le contrediront, qui chercheront à le détourner, qui non seulement se moqueront de lui, mais le persécuteront. Ces gens-là ne se trouvent pas uniquement parmi les païens qui sont hors de l’Église ; il s’en trouve même parmi ceux qui semblent être dans l’Église, si on les juge de l’extérieur. Mais ils lui sont bel et bien étrangers, en raison de leurs actions mauvaises.

Tout en se glorifiant du seul nom de chrétien, ils persécutent sans cesse les bons chrétiens. <> Dès lors, si tu désires suivre le Christ, porte sa croix sans plus attendre et supporte les méchants sans te laisser abattre.

Le Seigneur a dit : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Si donc nous voulons mettre ceci en pratique, efforçons-nous, avec l’aide de Dieu, de faire nôtre cette parole de l’Apôtre : Lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits. Il est à craindre que si nous recherchons plus de biens terrestres qu’il ne nous en faut, dans l’intention de nous enrichir, nous ne tombions dans la tentation, dans le piège du démon, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent l’homme dans la ruine et la perdition (1Tm 6,8-9).

Daigne le Seigneur nous prendre sous sa protection et nous délivrer de cette tentation, lui qui vit et règne avec le Père et l’Esprit Saint dans tous les siècles des siècles. Amen.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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