Communauté Shalom, 04/09/2017 © L'Osservatore Romano

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Jeunes, «regardez dans le miroir pour rire de vous-même», suggère le pape

Audience aux jeunes de la Communauté Shalom

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« Les jeunes, brisez le miroir! demande le pape François. Si l’on regarde le miroir, je suggère: regardez dans le miroir pour rire de vous-même: cela nous donne de la joie et nous sauve de la tentation du narcissisme. »
C’est ainsi que le pape François s’est adressé en espagnol aux trois mille membres de la Communauté catholique Shalom lors d’une audience « privée », ce lundi 4 septembre 2017, dans la Salle Paul VI du Vatican.
Parmi les pèlerins venus de 26 pays à Rome pour participer au Congrès des 35 ans de la Communauté, trois jeunes – une Française, un Chilien et un Brésilien – ont eu l’opportunité de poser des questions au pape.
« Les jeunes, brisez le miroir! »
Le pape met en garde les jeunes contre le narcissisme et invite à ne pas regarder « dans le miroir, parce que le miroir trompe » : « Nous vivons dans une culture de l’autoréférence, une culture consumériste et narcissique », affirme-t-il en répondant à une question d’une jeune Française, Justine, 25 ans, baptisée lors du Jubilé extraordinaire de la miséricorde et missionnaire en Italie.
« Un jeune homme qui reste sur lui-même, poursuit le pape, qui vit seulement pour lui-même, finit – j’utilise un verbe argentin – « empachado » (embarrassé, ndr) d’autoréférence. Il y a une image qui me vient à l’esprit quand je pense à une personne égoïste, une personne qui a beaucoup de narcissisme, qui se contemple et ignore les autres…: c’est une maladie mentale. Jeunes, brisez le miroir! »
Quant à Justine, elle ne cache pas sa joie d’avoir été choisie pour parler avec le pape à cette rencontre. « C’est, en même temps, une confirmation de Dieu dans ma vie, confie-t-elle, selon un communiqué de Shalom. Ce sera comme un grand cri de pouvoir témoigner ce que j’ai eu la grâce de vivre, en tant que « jeune normale », mais choisie pour témoigner de tout ce que j’ai reçu de Dieu. »
« Les drogues coupent les racines du cœur », affirme le pape
« Les drogues coupent les racines du cœur », déclare le pape en s’adressant au Brésilien Matteus Patricio, 22 ans, qui a parlé de sa dépendance des drogues durant de longues années. « Pendant une longue période, tu as parcouru le tunnel des drogues, dit le pape François, c’est l’un des instruments que la culture dans laquelle nous vivons a pour nous ruiner, pour nous rendre invisibles à nous-mêmes, comme si nous étions faits d’air. »
« Les drogues, poursuit-il, nous conduisent à nier tout ce que nous avons, les drogues coupent les racines du cœur, les racines charnelles, les racines historiques et les racines des problèmes, et te laissent vivre dans un monde sans racines, déraciné de tout, des projets, du présent, de ton histoire, de ta patrie, de ta famille, de ton amour, de tout. On vit dans un monde sans racine: c’est le drame de la drogue. Les jeunes complètement déracinés. »
Pour « correspondre au plan de Dieu » qui veut « consoler la douleur de l’humanité », explique en outre le pape, il est nécessaire de « donner gratuitement »: « Nous donnons gratuitement ce que nous avons reçu. Cela t’aide … à trouver les racines, te soustrait de tout intérêt égoïste. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. »
« Ne jamais désespérer »
Le pape répond aussi à un jeune chilien, Juan Jose, 26 ans, qui parlait d’un « monde marqué par le désespoir et l’indifférence ». « Ne jamais désespérer », souligne le pape en citant la parabole de l’enfant prodigue et de son père miséricordieux: «Son père l’a vu venir de loin, je pense que ce père regarde chaque jour de la terrasse pour voir s’il est venu, et Dieu nous attend dans tous les moments difficiles et pécheurs. Dans les pires situations, le Père nous attend avec pitié et tendresse: ne jamais désespérer. »
Le « rêve » de Juan Jose était « de connaître le pape », indique Shalom : « J’étais complètement contre l’Église, avoue le jeune. Après avoir expérimenté la miséricorde de Dieu, je me suis senti accueilli par l’Église et par le pape et je voulais remercier pour cela. C’est une expérience de réconciliation très profonde avec Dieu et avec mon histoire. »
Le dialogue entre jeunes et âgés : « une promesse pour l’avenir » 
En concluant, le pape François s’est adressé aux membres adultes de la communauté de Shalom, se demandant « quel service » attend aujourd’hui le monde de leur « charisme »: « Le dialogue», répond-il et il précise : « L’un des défis aujourd’hui dans ce monde est le dialogue entre jeunes et vieux. Les jeunes ont besoin d’écouter les personnes âgées, qui ont de la sagesse, et les personnes âgées doivent écouter les jeunes, pour rêver et les encourager à aller de l’avant. Les aînés ne doivent pas être cachés. Ce dialogue est une promesse pour l’avenir. »
C’est exactement ce dont le pape François, 81 ans en décembre, a donné l’exemple en dialoguant avec les jeunes de Shalom!
Avec une traduction de Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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