A Hongkong, depuis le mois de mars dernier, les malades victimes de la pneumopathie atypique (SRAS) sont hospitalisés dans des chambres d’isolement où toute visite est strictement interdite. En concertation avec les autorités médicales, l’Eglise catholique s’est interrogée sur la façon dont une aide pouvait néanmoins être apportée aux malades, catholiques ou non, désireux de recevoir la visite d’un prêtre (1). A la fin du mois d’avril dernier, le diocèse a rassemblé ses prêtres pour connaître ceux d’entre eux qui seraient volontaires pour porter les sacrements aux malades du SRAS ainsi qu’aux autres malades hospitalisés et pour qui les visites n’ont pas été interdites mais fortement limitées. Répondant à l’appel de leur évêque, quarante-cinq prêtres se sont portés volontaires. Citant le paragraphe 1 520 du Catéchisme de l’Eglise catholique, le P. Dominic Chan Chi-ming, vicaire général du diocèse, a rappelé que recevoir le sacrement des malades était important pour un catholique. Il lui donne force, courage et paix pour affronter les difficultés d’une grave maladie ou d’une vieillesse avancée.
Après trois heures de formation au centre médical de la Caritas locale sur les précautions à prendre au contact des malades, cinq prêtres ont été choisis pour se rendre dans les zones d’isolement des hôpitaux, réservées aux malades du SRAS, les quarante autres prêtres recevant pour mission de visiter les autres malades des hôpitaux. Une ligne de téléphone spéciale a été installée pour que les familles puissent informer le diocèse des demandes de leurs proches. Avant la mise en place de ces équipes de prêtres spécialement formés, le P. Chan a expliqué que certains malades catholiques étaient décédés sans recevoir les derniers sacrements, seuls certains centres hospitaliers ayant permis à des prêtres de visiter les malades catholiques gravement atteints.
Un des cinq prêtres habilités à se rendre auprès des malades du SRAS, le P. Baptista, a expliqué que le malade auquel il avait rendu visite le 6 mai dernier avait demandé aux autorités hospitalières de recevoir la visite d’un prêtre dès le début du mois d’avril. La visite n’a pas duré plus de dix minutes et était supervisée par une infirmière. Blouse de protection, masque chirurgical et lunettes protectrices de rigueur. L’onction d’huile sainte donnée aux malades s’est faite sans contact corporel, à l’aide d’une tige de coton hydrophile. Douche obligatoire dès le retour au presbytère, port du masque facial toute la journée, en évitant tout contact physique avec un tiers. Le prêtre a avoué avoir ressenti de l’anxiété pour cette première visite et ajouté : « Habillé en astronaute comme je l’étais, le patient ne m’a pas reconnu au premier abord comme un prêtre. En tout cas, une visite personnelle apporte un plus grand soutien pour le malade qu’un simple entretien par téléphone. »
Outre ces visites, depuis le 24 avril, les victimes de l’épidémie placées en chambre d’isolement dans deux centres hospitaliers publics peuvent voir leurs proches grâce au « Video Visit Service ». Par le biais d’un réseau de fibres optiques, de caméras et d’un téléphone relié à un ordinateur, ce service permet aux patients de voir et d’être vu par leurs familles.
Le corps médical est, de tous, le plus exposé. L’autorité sanitaire de l’île a rapporté mi-mai la mort d’un médecin, un protestant, le docteur Tse Yuen-man, âgé de 35 ans, spécialiste des maladies respiratoires, décédé le 13 mai, et d’une infirmière, Lau Wong-kai, âgée 38 ans, décédée le 26 avril, l’un et l’autre contaminés en tentant de réanimer un malade.
(1) Au sujet des mesures prises par l’Eglise catholique à propos de l’épidémie de pneumopathie atypique, voir EDA 372, 373, 374
© EDA