Dans la soirée du Vendredi Saint, 18 avril 2003, le Pape Jean-Paul II a présidé le traditionnel « Chemin de Croix » au Colisée. Au terme des quatorze stations, le Saint-Père a improvisé une méditation qu’il a adressée aux 30 000 fidèles présents et aux milliers de personnes reliées à l’événement par la télévision et la radio.
Voici une traduction des paroles prononcées par le Pape:
« Ecce lignum Crucis in quo salus mundi pependit… Venite adoremus ». Nous avons entendu ces paroles au cours de la liturgie d’aujourd’hui: voici le bois de la croix.
Telle est la parole clef du Vendredi Saint. Hier, premier jour du « Triduum sacrum », Jeudi Saint, nous avons entendu « Hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur. Voici mon corps qui sera donné pour vous ».
Aujourd’hui, nous voyons comment ces paroles d’hier, Jeudi Saint, se sont réalisées: voici le Golgotha, voici le Corps du Christ sur la Croix. « Ecce lignum Crucis in quo salus mundi pependit ».
Mystère de la foi! L’homme ne pouvait pas imaginer ce mystère, cette réalité. Seul Dieu pouvait la révéler. L’homme n’a pas la possibilité de donner la vie après la mort. La mort de la mort. Dans l’ordre humain, la mort a le dernier mot. La parole qui vient après, la parole de la Résurrection, est uniquement Parole de Dieu et c’est pourquoi nous célébrons avec une affection aussi profonde ce « Triduum Sacrum ».
Aujourd’hui, nous prions le Christ déposé de la Croix et mis au tombeau. Son sépulcre est scellé. Et demain, dans le monde entier, dans tout l’univers, en nous tous, le silence deviendra profond. Un silence d’attente. « Ecce lignum Crucis in quo salus mundi pependit ». Ce Bois de la mort, le bois qui a conduit à la mort le Fils de Dieu, ouvre la voie au jour suivant: jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Dimanche, ce sera Pâques! Et nous entendrons les paroles de la liturgie. Aujourd’hui, nous avons entendu: « Ecce lignum Crucis in quo salus mundi pependit ». Salus mundi! Sur la Croix! Et après-demain, nous chanterons: « Surrexit de sepulcro…. qui pro nobis pependit in ligno ». Telle est la profondeur, la simplicité divine de ce Triduum pascal.
Je souhaite à chacun de nous de vivre ce Triduum le plus profondément possible. Nous nous retrouvons comme chaque année ici, autour du Colisée. C’est un symbole. Ce Colisée est un symbole. Il nous parle surtout des temps passés, de ce grand empire romain qui s’est effondré. Il nous parle de ces martyrs chrétiens qui ont apporté leur témoignage ici, à travers leur vie et leur mort. Il est difficile de trouver un autre endroit où le Mystère de la Croix parle de façon plus éloquente qu’ici, devant ce Colisée.
« Ecce lignum Crucis in quo salus mundi pependit ». Salus mundi!
Très chers frères et sœurs, je vous souhaite à tous de vivre ce « Triduum Sacrum » – Jeudi, Vendredi, Veillée pascale, puis Pâques -, de le vivre toujours plus profondément et également d’en témoigner.
Loué soit Jésus-Christ!
©L’Osservatore Romano