Cinq jours dans la vie de Karol Wojtyla: l´activité d´un pape de 81 ans

« Ce n´est pas avec les pieds que le pape gouverne, mais avec la tête et le cœur »

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CITE DU VATICAN, Jeudi 18 avril 2002 (ZENIT.org) – Ces cinq derniers jours, entre le 13 et le 17 avril, le pape a tenu trois rencontres de foules avec des dizaines de milliers de fidèles, il a reçu deux chefs d´Etat. Il a rencontré des dizaines de cardinaux et d´évêques, et il a rencontré la communauté immigrée latino-américaine de son diocèse. Un programme qu´il est peut-être utile de détailler avant de spéculer sur sa santé.

La question: Comment va Jean-Paul II? est en effet l´une des plus insistantes de la presse internationale actuellement, jusqu´à suggérer que le pape, toujours plus souffrant, a désormais rendu la main, abandonnant le gouvernement de l´Eglise à ses proches collaborateurs.

Or, les journalistes accrédités près le Saint-Siège peuvent effectivement suivre jour après jour les rencontres publiques quotidiennes du pape: sept évêques et deux ambassadeurs ce jeudi matin, un jour « creux ». A ceux-ci s´ajoutent les rencontres privées, plus longues et plus fréquentes, et le travail quotidien concernant la vie ordinaire de l´Eglise.

J5 – En remontant dans le temps, ces cinq dernier jours, on rencontre tout d´abord l´audience générale du mercredi 17 avril, place Saint-Pierre en dépit du vent frisquet d´avril (la salle Paul VI ne peut plus contenir les foules) et avec la présence de quelque 16 000 pèlerins venant de 12 pays différents.

Pendant plus d´une heure et demi, les caméras de télévisions étaient braquées sur le figure blanche écoutant égrener les noms des diocèses, des communautés, des paroisses, des associations, en italien, en français, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, à chaque fois salués par des acclamations et suivis d´une catéchèse dans cette langue. Puis vinrent d´autres salutations en néerlandais, en slovaque, en lituanien, et de nouveau en italien, pour terminer par un appel à la réconciliation au Venezuela, en espagnol.

Dans un communiqué, le cardinal Bernard Law, archevêque de Boston, révélait qu´au cours des jours précédents, il avait rencontré le pape, sur la question de la pédophilie dans certains membres du clergé des Etats-Unis.

J4 – Mardi 16 avril, le pape avait rencontré les huit premiers évêques du Nigeria en visite ad limina, examinant avec eux la situation de la communauté chrétienne. Le pays a en effet été le théâtre, le mois dernier, de violents affrontements à cause de l´adoption de la loi islamique, la charia, par de nouveaux Etats.

Le même jour, le pape acceptait publiquement les démissions de l´évêque auxiliaire de Mayence, Mgr Franziskus Eisenbach, qui les lui a présentées «pour le bien de l´Eglise», à la suite d´une dénonciation l´accusant d´avoir abusé d´une femme. Le pape avait suivi le cas ces derniers mois, comme le confirme un communiqué du cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi.

Toujours ce mardi 16 avril, le Vatican annonçait une réunion au sommet au Vatican avec les cardinal des Etats-Unis pour affronter le scandale soulevé aux Etats-Unis par la conduite de certains prêtres.

J3 – Lundi matin, 15 avril, Jean-Paul II a reçu plus de dix mille pèlerins venus à Rome à l´occasion des six béatifications de la veille.

Il a également reçu à cette occasion le président du Costa Rica, M. Miguel Ángel Rodríguez Echeverría, sa femme et leur suite, ainsi que le cardinal Miguel Obando Bravo, archevêque de Managua (Nicaragua), également concerné par une béatification.

C´est avec le patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, que le pape a pris son déjeuner, s´informant ainsi sur la situation en Terre Sainte. Le déjeuner s´est achevé par un appel téléphonique pour manifester sa solidarité avec les Franciscains et les religieux et religieuses bloqués dans la basilique de Bethléem avec plus de deux cents hommes palestiniens armés et assiégés par l´armée israélienne.

Le même jour, le Saint-Siège confirmait le projet de voyage en Azerbaïdjan et en Bulgarie pour les 22-26 mais 2002.

J2 – Dimanche 14 avril, Jean-Paul II a présidé la longue (quasi deux heures trente) célébration eucharistique et six béatifications, place Saint-Pierre, dans le vent, devant quelques 30 000 pèlerins, auxquels il s´adressait alternativement en espagnol et en italien.

La célébration s´est achevée par la prière du Regina Coeli et l´appel de Jean-Paul II pour la Terre Sainte, et un message à nouveau en deux langues, alors que le nombre des pèlerins augmentait à l´heure de ce rendez-vous dominical avec les Romains et les touristes.

J1 – Samedi 13 avril, à la veille des béatifications, le pape a reçu le président du Nicaragua, M. Enrique J. Bolaños Geyer, sa femme et leur suite, venus participer à la célébration.

Le pape a longuement reçu les évêques de Bolivie en visite ad limina, et un groupe de la communauté immigrée latino-américaine de son diocèse auxquels il s´est adressé en espagnol.

Le même jour, le pape nommait secrétaire du Conseil pontifical pour le Famille Mgr Karl Josef Romer, jusqu´ici évêque auxiliaire à Río de Janeiro.

La lumière du bureau du pape, qui donne Place Saint-Pierre continue de s´éteindre tard le soir et de s´allumer tôt le matin.

Les projets de voyage sont, d´ici la fin de l´été, au moins, Azerbaïdjan et Bulgarie, Canada, Guatemala, Mexique, Pologne.

Evoquant la santé du pape, qui fêtera ses 82 ans le 18 mai prochain, le cardinal Edward Idris Cassidy, président émérite du conseil pontifical pour la promotion de l´unité des chrétiens, n´a pas hésité à déclarer à l´Australian Associated Press, le 8 avril dernier, que «Si le pape est affaibli, et que son genou le fait souffrir, du moins son cœur et son esprit sont pleins de force».

Proche collaborateur du pape pendant de longues années, en tant que président d´un dicastère représentant l´une des priorités de pontificat, la promotion de l´unité des chrétiens, le cardinal Cassidy a en effet fait cette déclaration à l´agence de presse de sa patrie après un dîner avec Jean-Paul II.

«Si vous aviez été présent avec moi ce soir-là, avec le Saint-Père et avec ses deux secrétaires, disait le cardinal australien, -vous n´auriez pas pu dire qu´il ne va pas bien. C´était clair dans son intérêt pour la conversation. Mais ce qui est évident, ce sont ses difficultés à marcher, spécialement maintenant avec sa douleur au genou».

Le tremblement des mains, des bras, contraste, certes avec la vigoureuse présence des débuts du pontificat. Mais il semble que l´expérience de 23 ans de gouvernement de l´Eglise et sa stature morale lui offrent aujourd´hui des possibilités qu´il n´avait pas alors, en dépit de l´attentat, de l´infection due au mégalovirus, des six opérations, des souffrances personnelles et du poids des événements du monde.

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ZENIT Staff

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