Comme un prélude marial à la grande fête de la foi de Rio, le pape François consacrera la JMJ de Rio et son pontificat à la Vierge d’Aparecida, mercredi prochain, 24 juillet, a annoncé le père Federico Lombardi, sj, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.
Le pape a en effet décidé de consacrer sa première journée publique au Brésil à une visite au sanctuaire marial national qui a donné son nom au fameux document d’Aparecida, dont le cardinal Jorge Mario Bergoglio a été la cheville ouvrière. C’est le fruit de la Ve assemblée générale de l’épiscopat latino-américain (CELAM) et des Caraïbes ouverte par Benoît XVI en 2007 (13-31 mai).
Le document « d’Aparecida » s’intitule: « Disciples et missionnaires de Jésus Christ, afin que nous ayons la vie en Lui ». Il rerpésente un vaste plan pastoral de quelque 300 pages, pour le continent latino-américain à l’heure de la nouvelle évangélisation. Le pape François l’a remis aux différents responsables politiques sud-américains venus lui rendre visite au Vatican.
Le voyage, personnel, du pape à Aparecida ne sera pas un rendez-vous avec les foules, même si on s’attend à ce que la basilique soit comble. Il y célébrera en effet la messe dans la basilique, y priera la traditionnelle prière à la Vierge d’Aparecida, puis il sortira pour confier la Journée mondiale de la Jeunesse de Rio et son pontificat à la Vierge brésilienne par uen autre prière.
Il se rendra ensuite à l’immense séminaire du Bon Jésus, qui a déjà reçu la visite de Benoît XVI en 2007, pui à un hôpital tenu par ds Tertiaires franciscains et spécialisé dans désintoxication des personnes droguées ou alcooliques.
C’est dire la signification du sanctuaire et du message qu’il représente pour le pape François pour la « mission » de l’Eglise, a souligné le père Lombardi. Il a aussi rappelé l’importance que le pape accorde la dévotion populaire, soulignant la beauté de l’histoire de la Vierge noire d’Aparecida, qui rappelle aussi l’époque de l’esclavage. Salvatore Cernuzio raconte cette belle histoire aux lecteurs de Zenit.
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Le sanctuaire actuel d’Aparecida dédié à Notre Dame, a d’abord suscité curiosité et dévotion chez un groupe de villageois, gagnant ensuite tout le village et les villages environnants et il draine aujourd’hui chaque année des dizaines de millions de pèlerins .
La Vierge d’Aparecida est aujourd’hui la patronne du Brésil. Le pape François, dans le sillage de ses prédécesseurs, Benoît XVI et Jean Paul II, se rendra au sanctuaire le 24 juillet prochain, lors de sa visite au Brésil pour les JMJ de Rio.
Tout a commencé en 1717 : Domingos Garcia, Filipe Pedroso et João Alves, trois pêcheurs du village de Guaratinguetá, dans l’Etat de São Paulo, au Brésil, sont envoyés pêcher dans les eaux du fleuve Paraíba. Le poisson qu’ils devaient attraper aurait été le plat principal du banquet de la population en l’honneur du riche comte d’Assumar, don Pedro d’Almeida, gouverneur de la province de São Paulo et Minas Gerais, de passage dans le village.
Les hommes jetèrent les filets plusieurs fois, mais les tentatives furent infructueuses. Ils décidèrent alors de se déplacer six kilomètres plus loin dans une zone appelée Porto Itaguaçu. Le filet de João Alves, à un certain moment, devint plus lourd ; l’homme comprit qu’il avait pris quelque chose et, satisfait, commença à tirer. Mais ce qui sortit ne fut pas un banc de poissons mais une statue ressemblant à Notre-Dame de la Conception. Il était toutefois difficile de distinguer son visage, car la statue était sans tête et recouverte de boue. La confirmation arriva peu après lorsque le pêcheur rejeta son filet et d’un seul coup récupéra aussi la tête de la Vierge. Les trois hommes comprirent alors qu’il s’agissait d’un signe et, confiants, plongèrent à nouveau leurs outils de pêche qui, cette fois-ci, se remplirent de poissons.
Pendant environ quinze ans la Vierge resta dans la maison de Felipe Pedroso, attirant l’attention des voisins qui se réunissaient chaque jour à ses pieds pour prier le chapelet. Ainsi commença à se répandre le culte de Notre-Dame d’Aparecida, patronne du Brésil, dont la dévotion rassemble, chaque année, dans le sanctuaire de Sao Paulo, un flot énorme de fidèles : 10 millions pour la seule année 2010 qui ont fait de ce sanctuaire le deuxième sanctuaire le plus visité au monde après Lourdes.
En 1733, Felipe Predroso fit cadeau de sa précieuse statue à son fils, lequel fit construire à Itaguaçu une petite chapelle pour y mettre l’effigie de la Vierge. Peu à peu la curiosité gagna toute la population et avec elle la vénération pour cette statue qui, aux dires de nombreux fidèles, leur accorda beaucoup de grâces et miracles.
Très vite le petit oratoire près du fleuve ne parvint plus à contenir les pèlerins qui venaient saluer la petite Vierge même des villages d’à côté. C’est alors que le vicaire de la paroisse de Guaratinguetá décida de commander la construction d’une chapelle plus grande au Morro dos Coqueiros, qui fut inaugurée le 26 juin 1745 sous le nom de « Notre-Dame d’Aparecida ».
Le flot des fidèles ne cessa pas, au contraire il n’arrêtait pas d’augmenter. Au Brésil, beaucoup d’églises et chapelles sont consacrées à Notre-Dame d’Aparecida, invoquée comme Mère et patronne. Deux autres constructions ont suivies, une en 1885 et l’autre en 1888. Enfin, en 1904, l’image fut couronnée solennellement et, quatre ans plus tard, le temple élevé en Basilique mineure.
C’est le pape Pie XI, le 16 juin 1930, qui proclama Notre-Dame d’Aparecida patronne du Brésil. Les travaux de construction de la basilique actuelle (dont les dimensions sont légèrement inférieures à celles de Saint-Pierre) commencèrent en 1946. Elle sera consacrée par Jean Paul II le 4 juillet 1980.
Symbole de la religiosité de tout un peuple, depuis toujours la Vierge d’Aparecida et son Sanctuaire jouissent d’une attention spéciale des papes :
Paul VI, en 1967, pour commémorer le 250ème anniversaire de la découverte de la statue dans le fleuve, envoya une rose d’or qui fut placée au pied du trône. Le bienheureux Jean-Paul II, lui, s’y rendit plusieurs fois pour prier lors des quatre voyages au Brésil. Benoît XVI effectua une visite au sanctuaire les 12 et 13 mai 2007 pour ouvrir les travaux de la Vème conférence de l’épiscopat latino-américain qui aboutirent à la rédaction du fameux « document d’Aparecida », dont la rédaction fut conduite par le cardinal Bergoglio, notre futur pape.
Et c’est à Notre-Dame d’Aparecida que le pape François, quant à lui, consacrera l’étape la plus longue de son voyage au Brésil, pour les Journées mondiales de la jeunessen le mercredi 24 juillet. Le pape – dont la dévotion pour Marie est désormais bien connue – a décidé au contraire de passer cette journée en prière aux pieds de l’effigie de la patronne du Brésil, à qui il demandera la protection des JMJ, des jeunes pèlerins et de son pontificat.
Traduction d’Océane Le Gall