L’Académie catholique de France fête ses cinq ans, dimanche, 13 octobre. Elle témoigne de « l’harmonie vécue entre la recherche intellectuelle, la création artistique et le message évangélique », explique Philippe Capelle-Dumont, son président.
Philosophe français spécialiste de phénoménologie, de métaphysique et de théologie, prêtre de l’Église catholique, il est professeur et doyen honoraire de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, dont il a été doyen pendant 10 années.
Il est spécialiste des relations entre la foi et la raison, mais aussi de la pensée de Martin Heidegger.
Il présente l’Académie catholique de France aux lecteurs de Zenit, à l’occasion de cet anniversaire.
Zenit – Père doyen, vous êtes président de l’Académie catholique de France qui fête son cinquième anniversaire le 13 octobre : comment fêtez-vous ce « lustre » ?
Ph. Capelle-Dumont – Il est plusieurs manières de célébrer un anniversaire ! La nôtre consiste à réunir et à décupler résolument toutes les forces de notre jeune institution, et à enclencher de nouvelles vitesses d’interventions compte-tenu des urgences intellectuelles de notre temps. C’est le début d’une aventure essentiellement placée entre les mains de Dieu.
Comment est venue l’idée de cette fondation, avec quels objectifs, et qui y participe ?
Les premières germinations remontent à la fin de l’année 2007. Une assez longue période de consultations entre universitaires, laïcs ou religieux, s’en est suivie. Le discours de Benoît XVI au « monde de la culture » au Collège des Bernardins en septembre 2008 ayant été reçu comme un fort encouragement, l’Académie catholique de France a pu voir rapidement le jour, portée par une triple intention : fermer résolument la parenthèse d’une certaine relégation de la vie intellectuelle en catholicisme, mettre en relief la production intellectuelle et artistique de qualité directement attachée à la tradition chrétienne et enfin relier les institutions académiques françaises qui en revendiquent l’exercice.
Depuis sa fondation, l’Académie promeut la coopération interdisciplinaire avec ses cinq sections de recherche composées, de fait, des meilleurs spécialistes : Médecine, sciences de la vie et de la nature ; Sciences humaines et sociales ; Philosophie et théologie ; Arts et lettres ; Droit et économie. Chaque question, d’urgence ou non, reçoit en effet un traitement d’autant plus approprié que ses différentes méthodes d’approche sont clairement identifiées et soigneusement articulées.
Quels sont les principaux rendez-vous qui ont jalonné ces premières années ?
Les deux premières années ont été en partie consacrées à l’élaboration des structures nécessaires au bon fonctionnement d’une telle entreprise ; elles ont surtout permis d’ouvrir de façon renouvelée plusieurs chantiers dans différents domaines de compétences et de préoccupations : l’articulation entre Création et Evolution, la question des urgences sociales, le concept équivoque de « progrès », l’Europe et le christianisme, le droit naturel et la famille, la « fin de vie », les stratégies des puissances médiatiques, l’inspiration chrétienne en philosophie, l’art et la conversion, le sacré et l’image. Ainsi, les Colloques, séances académiques, livres, Mardis des Bernardins, émissions de télévision et de radio, déclarations publiques et le site internet ont constitué les canaux naturels de communication de ces travaux, permettant, par-delà l’écume des jours, d’en enregistrer les éléments stables d’analyse.
Quels projets immédiats ou à long terme préparez-vous ?
Nous voulons continuer à affronter sous un mode d’excellence, donc très loin des simples expressions d’opinion et des stratégies idéologiques, les questions qui fâchent tout comme celles dont l’ampleur reste sous-estimée : l’islam et la cité, la situation des Orientaux chrétiens (Colloque le vendredi 29 novembre, ndlr), le transhumanisme, la notion de « chrétienté », la recherche bio-cellulaire et les critères de l’anthropologie, le statut de la liturgie en catholicisme, l’avenir du concept de « Création ». Des Groupes de travail sont déjà constitués en vue de réflexions novatrices. Certaines de ces questions sont, de manière frontale ou oblique, portées par les institutions membres de l’Académie catholique de France (Universités catholiques, Revues, Associations de pensée). La réunion de ces forces de l’esprit préserve de la dictature des énoncés relatifs, elle engage un propos d’objectivation qui ne laisse guère de place aux approximations et donne toutes ses chances à l’argumentation.
Vous êtes tous les jours sur la chaîne de télévision catholique française KTO : comment caractériser votre contribution ?
Nous sommes sensibles à la qualité de ce média télévisuel catholique qui, dans un contexte de surexposition voire de confusion médiatique, parvient à diffuser des programmes ambitieux, originaux, de belle valeur spirituelle. Notre contribution consiste à y apporter les expertises des membres de notre Académie, tous reconnus de haut niveau dans leur domaine, en y faisant résonner directement une expression de foi. Là aussi, nous réalisons la vocation de l’Académie qui combat la schizophrénie par trop répandue entre les croyances privées et les registres de compétences ou d’actions, bref entre la foi et la raison. Il s’agit d’autant de témoignages sur l’harmonie vécue entre la recherche intellectuelle, la création artistique et le message évangélique.