P. Fabian Mathot, initiateur et responsable de la Chapelle Carlo Acutis à Namur, en Belgique © Fabian Mathot

P. Fabian Mathot, initiateur et responsable de la Chapelle Carlo Acutis à Namur, en Belgique © Fabian Mathot

Interview du P. Fabian Mathot : le cœur de Carlo Acutis en Belgique 

Le prêtre belge est l’initiateur de la chapelle Carlo Acutis à Namur

Share this Entry

 

Le P. Fabian Mathot, vicaire à la paroisse Sainte-Julienne de Namur, en Belgique, est l’initiateur et le responsable de la chapelle Carlo Acutis, dédiée au jeune bienheureux dont la canonisation aura lieu prochainement. 

Depuis sa bénédiction en octobre 2023, cette chapelle ne cesse d’attirer des personnes de tous les âges et accueille un nombre grandissant de pèlerins, qui viennent demander l’intercession du futur saint italien. Zenit a interrogé l’abbé Mathot à l’occasion du passage de la relique de Carlo dans sa paroisse.

 

Zenit : Ce dimanche 28 juillet, vous avez accueilli à Namur la relique du cœur de Carlo Acutis. Comment cela a-t-il été possible, et que retenez-vous de ce moment unique ?
Le futur canonisé attire toutes les générations dans les familles © carloacutis.be

Le futur canonisé attire toutes les générations © carloacutis.be

P. Fabian Mathot : En consultant le site flamand de l’Église belge, j’ai appris qu’une relique du cœur de Carlo allait venir à Zonhoven, un village au nord de Hasselt. L’église paroissiale possède, grâce à son curé le P. Wim, une chapelle dédiée à Carlo Acutis. Comment faire pour que la relique fasse escale à Namur ? J’ai pris contact avec le Fr. Marco, le capucin qui accompagne la relique dans ses déplacements.

Je ne comptais pas trop sur une réponse positive, j’avoue, quoique j’avais déjà réalisé un projet d’affiche ! La réponse de Frère Marco fut positive et, en quelques jours seulement, nous avons préparé cette visite obtenue in extremis pour le dimanche 28 juillet au matin. Et c’est ainsi que Namur fut la dernière étape d’un périple qui conduisit cette relique en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique, avant son retour à Assise.

Cette journée a été belle et intense. Pour ma part, cela m’a poussé à approfondir le thème du cœur dans la vie spirituelle et humaine. Car il ne s’agissait pas tant d’accueillir un bout de Carlo – ce n’est pas du fétichisme – mais plutôt de laisser Carlo parler à notre cœur, nous dire quelque chose par rapport à l’état de notre cœur. Et comme l’a souligné le P. François Vanandruel, notre curé, dans son homélie devant une église remplie d’une belle assemblée, ce que nous avons à demander à Carlo, ce ne sont pas uniquement des guérisons ou d’autres choses, mais avant tout d’être des saints nous aussi, c’est-à-dire des personnes de communion.

Après la messe, le Fr. Marco s’est tenu à la disposition de ceux qui désiraient être bénis avec cette relique du cœur de Carlo. Des familles, des jeunes, des grands-parents et des personnes âgées en cette Journée mondiale qui leur était dédiée, se sont alors avancés en procession pour déposer auprès de Carlo bien des fardeaux et repartir encouragés.

Zenit : Comment est né le projet de cette chapelle dédiée à Carlo Acutis ? 

P. F. Mathot : Le projet de la chapelle, c’est d’abord une photo de Carlo déposée sur un autel latéral de l’église par une paroissienne. Ensuite, lorsque j’ai eu l’intuition de lancer un pèlerinage paroissial à Assise pour le mois d’août 2022, je me suis dit : « Osons ». J’ai alors demandé, avec l’accord et le soutien de notre évêque Mgr Pierre Warin, une relique à l’évêque d’Assise, que nous avons obtenue et reçue lors de notre pèlerinage. 

Nous avons aménagé cette chapelle au fond de notre église, d’abord avec du mobilier hétéroclite, puis nous avons fait appel à une architecte qui fréquente notre paroisse, Charlotte Decorte, pour qu’elle imagine l’aménagement qu’on peut voir aujourd’hui. Nous avons récolté les dons nécessaires à la réalisation du mobilier et la chapelle a été inaugurée et bénie le 15 octobre 2023. En plaçant Carlo dans notre paroisse, l’idée pour moi était de donner un saint protecteur aux nombreux enfants et jeunes qui la fréquentent.

Zenit : Comment évolue la fréquentation depuis l’ouverture de la chapelle, et quel est le « profil » de personnes qui se confient à son intercession ? 
Accueil du cœur de Carlo Acutis le 28 juillet 2024 © Chapelle Carlo Acutis - Namur/ Facebook

Accueil du cœur de Carlo Acutis le 28 juillet 2024 © Chapelle Carlo Acutis – Namur/ Facebook

P. F. Mathot : Lorsque j’ai commencé à parler de Carlo, les paroissiens s’interrogeaient : « Qui est ce jeune ? Pourquoi cet italien chez nous ? Pourquoi lui donner une si belle place dans notre église ? » Mais très vite, beaucoup l’ont adopté et le prient dorénavant en famille. Aux messes de semaine ou dominicales, il nous arrive de voir des visages qui nous sont inconnus. 

Bien souvent, ce sont des personnes qui viennent de plus loin et qui ont fait le déplacement pour venir prier Carlo dans sa chapelle de Salzinnes. Notre église est ouverte tous les jours, des personnes défilent au compte-goutte. Parfois, des groupes s’annoncent et arrivent en car comme, dernièrement, un groupe de Bertrix ou un autre de Manhay. Des groupes de confirmands viennent aussi.

Carlo touche beaucoup les personnes âgées. Il a pour elles le profil du petit-fils idéal ! Ensuite, il interpelle les enfants en bas-âge, qui l’aiment beaucoup et qui ne conçoivent pas d’entrer dans notre église sans aller dire « un bonjour » à Carlo. Il touche aussi les adolescents, car il est l’un des leurs, à l’aise dans ses baskets. Nous recevons également beaucoup de demandes de prières, spécialement pour la guérison d’enfants gravement malades. Et un groupe de priants présente ces prières à l’intercession de Carlo. 

« Il ne s’agissait pas tant d’accueillir un bout de Carlo, mais plutôt de laisser Carlo parler à notre cœur. »  © Chapelle Carlo Acutis -Namur / Facebook

« Il ne s’agissait pas tant d’accueillir un bout de Carlo, mais plutôt de laisser Carlo parler à notre cœur. »  © Chapelle Carlo Acutis -Namur / Facebook

Certaines personnes témoignent trouver une paix dans cette chapelle et repartent rassurées. Nous recevons aussi des messages attestant de grâces reçues : une guérison, une décision difficile à prendre et qui tout à coup s’éclaire, un encouragement pour faire face à la maladie, des enfants qui grandissent dans l’amour de l’Eucharistie, des adolescents qui décident de s’impliquer auprès des personnes vulnérables…

Zenit : Comment avez-vous accueilli l’annonce de la prochaine canonisation de Carlo ? Et quels peuvent en être les fruits autour de vous ?

P. F. Mathot : C’est pour nous une grande joie et nous attendons avec impatience de connaître la date de la canonisation de Carlo ! Personnellement, j’ai très envie de me rendre à Rome pour l’occasion, accompagné peut-être par quelques paroissiens. À mes yeux, Carlo peut nous aider à comprendre que la sainteté n’a rien de ringard et qu’elle est faite de fraîcheur et de joie. Carlo était un enfant espiègle, débordant de vitalité ! L’Évangile, s’il est vraiment vécu, permet de garder un cœur jeune et généreux. Un chrétien ne peut avoir un cœur rabougri. 

Carlo peut nous montrer que nous pouvons être des saints aujourd’hui, dans le monde qui est le nôtre. Comme il l’a fait avec l’informatique et internet, nous pouvons mettre nos passions au service de la foi. À chaque époque, l’Évangile peut être vécu et incarné. Et la beauté de Carlo qui transparaît sur les photos, n’est pas uniquement physique, elle est le rayonnement de l’amour de Dieu et des autres qui l’habitait.

Zenit : En quoi Carlo peut-il interpeller aujourd’hui ? 

P. F. Mathot : Carlo nous interpelle par rapport à notre baptême. Ce baptême, bien souvent, d’autres l’ont décidé pour nous. Nous avons été baptisés petit, sans notre consentement. Carlo nous invite à faire notre baptême et il nous dit : « Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies. » Nous devons retrouver l’œuvre originale que nous sommes. Chacun de nous est une œuvre d’art originale de Dieu et nous sommes invités à le laisser achever l’œuvre qu’il a commencée. C’est cela la sainteté.

Ensuite, Carlo peut nous apprendre le sens de l’Eucharistie. Il aimait beaucoup entrer dans les églises pour prier devant le tabernacle. Il participait aussi à la messe chaque jour depuis sa première communion. C’est là que grandissait son amitié pour le Christ. Mais Carlo ne s’enfermait pas dans les églises. Il puisait dans l’Eucharistie la force pour vivre le quotidien et il y apprenait un certain style de vie. Car l’Eucharistie, où le Christ se donne à nous, était pour lui comme une école pour apprendre à se donner aux autres.

Zenit : Quels sont vos souhaits pour l’avenir ?

P. F. Mathot : Je me demande si ce n’est pas plutôt à Carlo de répondre à la question ! Car depuis le début, c’est lui qui est à l’initiative ! Il nous l’a montré par bien de clins d’yeux. Ce que je peux dire, c’est que notre paroisse a reçu une mission : celle de faire connaître Carlo. Mon souhait c’est que nous nous améliorions. Accueillir les pèlerins qui viennent ici et leur faire découvrir Carlo, c’est quelque chose qui demande du temps et de l’énergie !

Cela bouscule notre organisation paroissiale. Cela suppose d’apprendre nous-mêmes à mieux connaître Carlo et à vivre ses intuitions. Mais ces personnes qui viennent prier Carlo Acutis sont placées sur notre route pour que nous fassions un bout de chemin ensemble vers Dieu. Carlo aimait à dire « Pas moi, mais Dieu ». Carlo n’est pas le but du chemin, il est un compagnon de route. Tous ceux qui viennent le prier, il leur montre le Christ, il veut les conduire au Père, il les invite à se laisser façonner par l’Esprit.

Share this Entry

Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel