Messe pour la réconciliation de "l'unique" Corée

Le pape invite au choix « radical » du pardon

Share this Entry

Le pape François prie pour la réconciliation de la Corée, « une unique famille et un unique peuple » où l’on « parle la même langue ». Il invite au choix « radical » du pardon.

Au cinquième et dernier jour de son voyage apostolique en Corée du Sud (13-18 août), après avoir rencontré les chefs religieux au Palais de l’ancienne curie de l’archidiocèse de Séoul, le pape a célébré une messe pour la paix et la réconciliation, ce lundi matin, 18 août 2014, en la cathédrale de Myeong-dong à Séoul.

Appelée aussi « cathédrale de l’Immaculée conception », Patronne principale du peuple coréen, la cathédrale, d’architecture néo-gothique, abrite les reliques de neuf martyrs, dont Mgr Laurent-Joseph-Marius Imbert, second évêque de l’Église de Corée. Le pape s’est recueilli devant elles après la célébration.

Dans le jardin attenant, une reproduction de la grotte de Lourdes a été consacrée à la paix nationale coréenne par Mgr Paul Roh Ki-nam (1902-1984), archevêque de Séoul, le 27 août 1960.

L’unique peuple de Corée

La messe, point culminant de la visite du pape, a eu lieu dans le recueillement et la sobriété, avec tous les évêques du pays et en présence de Mme Park Geun-hye, présidente de la République de Corée, ce matin à 9h45 (2h45 à Rome).

Lors de la procession d’entrée, le pape s’est arrêté pour saluer et bénir sept « femmes de réconfort », assises au premier rang – dont certaines en fauteuil roulant. Forcées de se prostituer par l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale, ces femmes, dont une cinquantaine sont encore en vie, demandent au Japon une démarche de pardon. Aidé de son interprète, le P. John Chong Che-chon, sj, le pape a échangé quelques paroles avec elles.

Puis il a rejoint le choeur, fleuri de centaines de roses de couleur blanches et roses. Dans l’assemblée, les traditionnelles mantilles blanches des femmes ressortaient entre les têtes brunes. Faute de place à l’intérieur, des centaines de participants protégés de la pluie par des imperméables ont assisté à la célébration sur le parvis, où avaient été installées des chaises devant un écran géant.

Les lectures de la messe, choisies pour l’occasion, étaient tirées du Deutéronome (Dt 30,1-5) où Dieu promet de restaurer l’unité du peuple dispersé et de l’Évangile de Matthieu (Mt 18,19-22) où Pierre demande à Jésus : « Quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? ». Et le Seigneur répond : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois ».

Durant son homélie, prononcée en italien et traduite au fur et à mesure en coréen, le pape a prié « pour l’émergence de nouvelles opportunités de dialogue, de rencontre et de dépassement des différences » et pour « une reconnaissance toujours plus grande du fait que tous les Coréens sont frères et sœurs, membres d’une unique famille et d’un unique peuple. Ils parlent la même langue ».

Il a invité les Coréens à un choix « totalement radical » : « pardonner à nos frères sans aucune réserve » car « le pardon est la porte qui conduit à la réconciliation ».

« Ce qui, du point de vue humain, semble impossible, irréalisable, voire parfois répugnant, Jésus le rend possible et fructueux par l’infinie puissance de sa croix », a-t-il ajouté : « Ayez confiance dans la puissance de la croix du Christ ! Accueillez la grâce réconciliatrice dans vos cœurs et partagez-la avec les autres ! »

Une transformation du coeur

Pour le pape, la réconciliation, l’unité et la paix sont « inséparablement liées à la grâce de la conversion » c’est-à-dire d’une « transformation du cœur ».

Il s’agit notamment de « repousser avec fermeté une mentalité fondée sur la suspicion, sur l’antagonisme et sur la compétition, et de favoriser plutôt une culture façonnée par l’enseignement de l’Évangile et par les plus nobles valeurs traditionnelles du peuple coréen ».

Les chrétiens sont plus particulièrement appelés à « réfléchir sur la façon dont [ils] témoignent, comme individus et comme communauté, d’un engagement évangélique pour les défavorisés, pour les marginalisés, pour ceux qui n’ont pas de travail ou sont exclus de la prospérité ».

Le pape les a exhortés à « rendre un témoignage convaincant au message réconciliateur du Christ, dans [leurs] maisons, [leurs] communautés et dans tout domaine de la vie nationale » : « Votre exemple d’amour sans réserve pour le Seigneur, votre fidélité et votre dévouement dans le ministère, tout comme votre engagement charitable pour tous ceux qui sont dans le besoin, contribuent grandement à l’œuvre de réconciliation et de paix dans ce pays », leur a-t-il affirmé.

« Puissent les disciples du Christ en Corée préparer l’aube de ce nouveau jour, où cette terre du matin calme jouira des plus riches bénédictions divines d’harmonie et de paix ! », a-t-il conclu, sous les applaudissements.

Au moment de la prière universelle, le pape a prié en italien pour le cardinal Fernando Filoni, « envoyé par le pape au peuple d’Irak qui souffre, pour aider les frères persécutés, dépouillés de tout, et toutes les minorités religieuses qui souffrent sur cette terre. Que le Seigneur l’assiste dans sa mission ».

A la fin de la célébration, le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul, a remercié le pape « de tout son cœur » pour sa visite de cinq jours : « vous avez montré aux jeunes que vous êtes un bon berger qui les accompagne et marche à côté d’eux », a-t-il ajouté en soulignant la « responsabilité désormais encore plus grande » de la Corée pour l’évangélisation.

Lors de la procession de sortie, le pape a salué un par un chaque évêque de Corée. Puis il a béni la plaque des nouveaux locaux de la Curie diocésaine, en faisant un don pour l’Eglise locale.

Lorsqu’il est ressorti de la cathédrale, une foule l’attendait dans les rues, contenue par les barrières des forces de sécurité. C’était sa dernière rencontre avec le peuple coréen, avant de repartir pour Rome : à 12h45, le pape a participé à une cérémonie de congé à la base aérienne de Séoul et a embarqué dans l’avion de retour. Il devrait arriver aux alentours de 17h45 à l’aéroport de Ciampino ce soir.

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel