Première publication le 23 mai 2024 par la Custodie de Terre Sainte
Le pape a ouvert la voie à la des Martyrs de Damas, huit frères mineurs et trois laïcs maronites, tués « en haine de la foi » à Damas dans la nuit du 9 au 10 juillet 1860. Il s’agit des bienheureux Manuel Ruiz et de sept compagnons de l’Ordre des frères mineurs, et des frères Francis, Abdel Mooti et Raphaël Massabki, fidèles laïcs. L’annonce a été faite le 23 mai par le Vatican. Elle intervient près de cent ans après leur béatification, ordonnée par Pie XI en 1926, et à la veille du Jubilé.
Le Custode de Terre Sainte, Frère Francesco Patton, a accueilli la nouvelle avec joie : « Les martyrs de Damas sont une belle image d’une Église qui a su vivre son témoignage missionnaire jusqu’au don de sa vie ». Il a ensuite exprimé le souhait que les nouveaux saints soient « un signe d’espérance pour toute l’Église en Syrie, en particulier pour notre présence franciscaine. Que ces martyrs soient un exemple pour nous tous, frères de la Custodie, et nous encouragent à ne jamais nous épargner dans notre mission ».
Le Frère Patton a souligné la présence, dans le groupe des martyrs, de frères mineurs et de fidèles laïcs maronites : « Que ce soit un exemple de collaboration entre les différents rites au sein de l’Église catholique et entre les différentes Églises, pour faire connaître Jésus-Christ et sauvegarder la présence chrétienne en Syrie, petite mais extrêmement significative et importante ».
L’histoire des martyrs
Le martyre a eu lieu dans le contexte de la persécution contre les chrétiens par les druzes chiites, qui s’est étendue du Liban à la Syrie et a fait des milliers de victimes. Dans la nuit du 9 au 10 juillet 1860, un commando druze pénètre dans le couvent franciscain du quartier chrétien de Bab-Touma et massacre huit frères – Manuel Ruiz, Carmelo Bolta, Nicanor Ascanio, Nicolás M. Alberca Torres, Pedro Soler, Engelbert Kolland, Francisco Pinazo Peñalver, Juan Jacob Fernández – et trois chrétiens de rite maronite, les frères Massabki. Il s’agissait clairement d’un martyre : avant de tuer leurs onze victimes, les assaillants leur ont demandé de renoncer à la foi chrétienne et d’embrasser l’islam, une invitation qui a été résolument refusée.
À Damas, émotion et espoir
La nouvelle, attendue avec impatience à Damas, a été accueillie avec « émotion et espoir », explique le Frère Firas Lufti, de la Custodie de Terre Sainte, gardien du monastère franciscain de Bab-Touma, là où a eu lieu le martyre et où sont conservées les reliques des bienheureux. « Cette nouvelle », ajoute le Frère Firas, « arrive à un moment où tout le Moyen-Orient, y compris la Syrie, vit des moments dramatiques, à cause des conflits, des guerres et des crises qui sévissent dans la région. La sainteté est l’espérance d’un monde nouveau. Malgré les horreurs du péché que l’homme est capable d’écrire, l’histoire est écrite par Dieu, Seigneur de l’histoire, et ses saints » .
La commémoration des martyrs de Damas
Chaque année, le 10 juillet, le calendrier liturgique de la Custodie de Terre Sainte commémore les Martyrs de Damas. Dans la capitale syrienne, les communautés latine et maronite ont l’habitude de célébrer ensemble cet anniversaire qui voit leurs fils unis dans le martyre. Il y a lieu de rappeler également que les trois frères maronites étaient tertiaires franciscains.
« Cette année, la célébration de la mémoire des martyrs aura une saveur toute particulière, car elle sera un avant-goût de sainteté », poursuit le Frère Firas, « la canonisation des martyrs de Damas donnera un nouvel élan à la vie de la communauté chrétienne : elle nous donne de l’espérance, elle nous montre où mettre les pieds sur le chemin de la sainteté, qui est le but de toute personne qui consacre sa vie à l’amour de Dieu et de son prochain ».
La cause de canonisation
La reprise de la cause de canonisation des bienheureux martyrs de Damas, explique le site Internet de l’Ordre des frères mineurs, a été déterminée par la réputation grandissante du martyre et le nombre croissant de signes attribués à leur intercession, ainsi que par la diffusion de leur culte. À cela vient s’ajouter l’espoir que la canonisation puisse être un message de dialogue, de paix et d’unité dans le contexte du Moyen-Orient.
À cette fin, en 2022, le Saint-Synode des évêques maronites a soumis au pape François une pétition pour la canonisation des Bienheureux Martyrs Massabki. Les Supérieurs majeurs de l’Ordre des Frères Mineurs, le Ministre général et le Custode de Terre Sainte se sont joints à cette requête, demandant la canonisation de l’ensemble du groupe des onze martyrs de Damas.
Le 23 mars 2023, le Pape a autorisé la procédure spéciale pour la rédaction et l’étude de la Positio super Canonizatione. Un peu plus d’un an plus tard, le 23 mai 2024, il a approuvé les votes favorables à la canonisation de la Session ordinaire des Pères Cardinaux et Evêques, annonçant à cet effet la convocation d’un Consistoire.
Marinella Bandini