« Corriger son frère n’est efficace que si chacun se reconnaît pécheur… La conscience qui me fait reconnaître la faute de l’autre, me rappelle d’abord que je fais si souvent des fautes », déclare le pape François lors de l’angélus de ce 7 septembre 2014.
Le pape a en effet présidé la prière mariale, à midi ce dimanche matin, de la fenêtre de son bureau qui donne place Saint-Pierre, en présence de dizaines de milliers de personnes.
Commentant l’Evangile du jour (Mt 18,15-20), où le Christ détaille les étapes de la correction fraternelle chrétienne, le pape a expliqué qu’elle était « un aspect de l’amour et de la communion qui doivent régner dans la communauté chrétienne, un service réciproque ».
Mais elle ne peut se faire que si l’on se reconnaît soi-même pécheur : en effet, il ne s’agit pas d’abord de dire « Seigneur, aie pitié de celui-là qui est à côté de moi, ou de celle-là, qui sont pécheurs » mais « Aie pitié de moi, Seigneur. Je suis pécheur ! ».
Paroles du pape avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Évangile de ce dimanche, tiré du chapitre 18 de Matthieu, présente le thème de la correction fraternelle dans la communauté des croyants : c’est-à-dire comment je dois corriger un autre chrétien quand il fait quelque chose qui n’est pas bon. Jésus nous enseigne que si mon frère chrétien commet une faute contre moi, s’il m’offense, je dois user de charité envers lui et, avant tout, lui parler personnellement, en lui expliquant que ce qu’il a dit ou fait n’est pas bon. Et si mon frère ne m’écoute pas ? Jésus suggère une intervention progressive : d’abord, retourne lui parler avec deux ou trois personnes, afin qu’il soit plus conscient de l’erreur qu’il a faite ; si malgré cela, il n’accueille pas l’exhortation, il faut le dire à la communauté ; et s’il n’écoute pas non plus la communauté, il faut lui faire percevoir la fracture et la séparation qu’il a provoquées, en diminuant la communion avec les frères dans la foi.
Les étapes de cet itinéraire indiquent l’effort que le Seigneur demande à la communauté pour accompagner celui qui se trompe, afin qu’il ne se perde pas. Il faut d’abord éviter le bruit des faits divers et le potin de la communauté – c’est la première chose, éviter cela. « Va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute » (v. 15). Cette attitude est faite de délicatesse, de prudence, d’humilité, d’attention à l’égard de celui qui a commis une faute, en évitant que les paroles blessent et tuent le frère. Car, vous le savez, les paroles aussi peuvent tuer ! Quand je médis, quand je fais une critique injuste, quand j' »écorche » un frère avec ma langue, tout cela c’est tuer la renommer de l’autre ! Les paroles aussi tuent. Faisons attention à cela. Dans le même temps, avoir la discrétion de lui parler seul à seul sert à ne pas mortifier inutilement le pécheur. On en parle à deux, personne ne s’en aperçoit et tout est fini. C’est à la lumière de cette exigence que se comprend aussi la série d’interventions suivantes, qui prévoit l’implication de quelques témoins, puis de la communauté. Le but est d’aider la personne à se rendre compte de ce qu’elle a fait, et que par sa faute elle a offensé non seulement une personne, mais tous. Mais [le but] est aussi de nous aider à nous libérer de la colère ou du ressentiment, qui ne font que du mal : cette amertume du cœur qui apporte colère et ressentiment, qui portent à insulter et à attaquer. Il est très laid de voir sortir de la bouche d’un chrétien une insulte ou une agression. C’est laid. Entendu ? Pas d’insulte ! Insulter n’est pas chrétien. Entendu ? Insulter n’est pas chrétien.
En réalité, devant Dieu nous sommes tous pécheurs et nous avons besoin du pardon. Tous. Jésus en effet nous a dit de ne pas juger. La correction fraternelle est un aspect de l’amour et de la communion qui doivent régner dans la communauté chrétienne, c’est un service réciproque que nous pouvons et devons nous rendre les uns aux autres. Corriger le frère est un service, qui n’est possible et efficace que si chacun se reconnaît pécheur et [reconnaît] qu’il a besoin du pardon du Seigneur. La même conscience qui me fait reconnaître la faute de l’autre, me rappelle d’abord que j’ai moi-même fait des fautes et que je fais si souvent des fautes.
Pour cela, au début de la Messe, nous sommes chaque fois invités à reconnaître devant le Seigneur que nous sommes pécheurs, en exprimant par les paroles et par les gestes le repentir sincère du coeur. Et nous disons : « Aie pitié de moi, Seigneur. Je suis pécheur ! Je confesse, Dieu Tout-puissant, mes péchés ». Et nous ne disons pas : « Seigneur, aie pitié de celui-là qui est à côté de moi, ou de celle-là, qui sont pécheurs ». Non ! « Aie pitié de moi ! ». Tous nous sommes pécheurs et nous avons besoin du pardon du Seigneur. C’est l’Esprit-Saint qui parle à notre esprit et nous fait reconnaître nos fautes à la lumière de la parole de Jésus. C’est le même Jésus qui nous invite tous, saints et pécheurs, à sa table en nous rassemblant à la croisée des chemins, dans les diverses situations de la vie (cf. Mt 22,9-10). Et parmi les conditions qui rapprochent les participants à la célébration eucharistique, deux sont fondamentales pour bien aller à la Messe : tous nous sommes pécheurs et à tous Dieu donne sa miséricorde. Ce sont deux conditions qui ouvrent la porte pour bien entrer dans la Messe. Nous devons toujours nous rappeler cela avant d’aller au frère pour la correction fraternelle.
Demandons tout ceci par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, que nous célébrerons demain dans la fête liturgique de sa Nativité.
Paroles du pape après l’angélus
Chers frères et sœurs,
Ces derniers jours des pas significatifs ont été accomplis dans la recherche d’une trêve dans les régions concernées par le conflit en Ukraine orientale, même si j’ai entendu ce matin des nouvelles peu réconfortantes. Je souhait toutefois que [ces pas] puissent apporter du soulagement à la population et contribuer aux efforts pour une paix durable. Prions afin que, dans la logique de la rencontre, le dialogue entamé puisse se poursuivre et porter les fruits escomptés. Marie, Reine de la Paix, priez pour nous.
J’unis ma voix à celle des évêques du Lesotho, qui ont adressé un appel pour la paix dans ce pays. Je condamne tout acte de violence et je prie le Seigneur pour que se rétablisse la paix dans la justice et dans la fraternité, au Royaume du Lesotho.
Ce dimanche un convoi d’une trentaine de volontaires de la Croix Rouge Italienne part à destination de l’Irak, dans la zone de Dohuk, près d’Erbil, où sont concentrés des dizaines de milliers de réfugiés irakiens. Exprimant mon appréciation sincère pour cette action généreuse et concrète, je leur donne ma bénédiction, ainsi qu’à toutes les personnes qui cherchent concrètement à aider nos frères persécutés et opprimés. Que le Seigneur vous bénisse.
Je salue tous les pèlerins provenant d’Italie et de divers pays, en particulier le groupe des Brésiliens, les étudiants de l’école S. Basile le Grand de Presov, en Slovaquie, les fidèles de Sulzano (Brescia), Gravina di Puglia, Castiglion Fiorentino, Poggio Rusco (Mantova), Albignasego (Padoue), Molino di Altissimo (Vicence), les jeunes confirmands de Matera, Valdagno et Vibo Valentia.
J’adresse un salut cordial au cardinal archevêque de Lima et à ses diocésains, qui aujourd’hui inaugurent le XXe Synode de l’archidiocèse de Lima. Que le Seigneur vous accompagne en ce chemin de foi, de communauté et de croissance.
Et souvenez-vous demain – comme je l’ai dit – de la fête liturgique de la Nativité de la Vierge Marie. Ce serait son anniversaire. Que fait-on quand sa maman fête son anniversaire ? On la salue, on lui envoie des voeux… Demain rappelez-vous,
dès le matin tôt, dans votre cœur et sur vos lèvres, de saluer la Vierge et de lui dire : « Bon anniversaire ! ». Et de lui dire un « Je vous salue Marie » qui vienne du cœur de son fils ou de sa fille. Rappelez-vous bien !
A tous je vous demande, s’il-vous-plaît, de prier pour moi. Je vous souhaite bon dimanche et bon déjeuner.
Traduction de Zenit, Anne Kurian