« L’appartenance à une tradition commune, le rappel d’une identité et d’une culture issues de la même annonce évangélique, ne suffisent pas à nous préserver du glissement dans la barbarie de la violence, de la haine et de la guerre meurtrière » : c’est ce que nous enseigne le conflit actuel en Ukraine, fait observer Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère pour la communication.
Dans l’éditorial de L’Osservatore Romano en italien du 14 novembre 2022, intitulé « Les chrétiens concernés par la blessure de la guerre en Ukraine », Andrea Tornielli rappelle que le conflit entre la Russie et l’Ukraine implique deux peuples qui appartiennent à « la même foi dans le Christ et le même baptême » : en 988, Vladimir le Grand a voulu que sa famille et le peuple de Kiev reçoivent le sacrement dans les eaux du Dniepr.
Neuf mois après le début de « l’horrible guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine », cette appartenance commune de la foi et de la tradition liturgique tend à être occultée par la propagande de guerre, fait observer le directeur éditorial des médias du Saint-Siège. Car dit-il en reprenant les paroles d’un « prophète de paix », Mgr Tonino Bello, « quand on tue, il faut oublier le visage et l’humanité de l’autre » et même, ajoute Tornielli, « oublier que l’autre a le même baptême que vous ».
« Ici, les attaquants lisent le même évangile que les attaqués », souligne l’écrivain et journaliste italien. Il ne s’agit pas ici, insiste-t-il, du « choc des civilisations », mais d’une guerre entre chrétiens, au cœur de l’Europe, qui « rend la blessure encore plus douloureuse pour les disciples de Jésus ». Pour le vaticaniste, « garder la plaie ouverte », aide à se rappeler que notre foi et nos traditions religieuses ne peuvent jamais être « considérées comme acquises, comme allant de soi ». Et d’inviter à devenir des « humbles mendiants du Seigneur » et de sa paix.
