Le pape François met en garde contre la tendance à « atténuer le message de Jésus » et à « édulcorer ses paroles ». « Nous sommes devenus assez bons pour faire des compromis avec l’Évangile », déclare-t-il.
Célébrant la messe du 2 novembre 2022 en mémoire des cardinaux et évêques décédés lors de l’année écoulée, le pape s’est attardé sur deux notions : « l’attente » et « la surprise ». Il s’agit de l’attente « de la rencontre avec Dieu » et de la surprise que nous éprouvons en apprenant que « dans le tribunal divin, le seul chef de mérite et d’accusation est la miséricorde envers les pauvres et les exclus ». Au cours de l’homélie, le pape a aussi mis en garde contre les « compromis avec l’Évangile ».
Le pape a commenté un extrait de l’Évangile de saint Matthieu en disant : « La surprise est grande à chaque fois qu’on écoute le chapitre 25 de Matthieu. Elle est semblable à celle des protagonistes, qui disent : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?’ (v. 37-39). À quel moment? Ainsi s’exprime la surprise de tous, l’émerveillement des justes et la consternation des injustes. »
Comme réponse, le pape a cité les paroles du Christ : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (v. 40). « Le Très-Haut semble être dans les petits, a expliqué le pape. Celui qui habite dans les cieux habite parmi les plus insignifiants du monde. Quelle surprise! » Alors, pour « nous préparer » à la « rencontre avec Dieu », « nous savons quoi faire », a-t-il poursuivi: « aimer gratuitement » et « sans attente de réciprocité, ceux qui sont inscrits sur sa liste des préférences, ceux qui ne peuvent rien nous donner en retour, ceux qui ne nous attirent pas, ceux qui servent les petits ».
Évoquant encore les paroles des « justes » des « injustes » du 25e chapitre de saint Matthieu, le pape a noté que ce « quand » « étonné, qui revient quatre fois dans les questions que l’humanité adresse au Seigneur (vv. 37.38.39.44), arrive tard, seulement ‘lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire’ (v. 31) ».
« Frères et sœurs, ne soyons pas surpris nous aussi, a invité le pape. Faisons très attention à ne pas adoucir la saveur de l’Évangile. Car souvent, par commodité … on a tendance à atténuer le message de Jésus, à édulcorer ses paroles. »
Nous faisons « toujours des compromis », « ce sont les compromis que nous faisons avec l’Évangile », a affirmé le pape. « Nous faisons de la vie un compromis avec l’Évangile », a-t-il souligné: « De simples disciples du Maître, nous devenons des maîtres de la complexité, qui argumentent beaucoup et font peu, qui cherchent des réponses plus devant l’ordinateur que devant le Crucifix, sur internet plutôt que dans les yeux de leurs frères et sœurs. »
En ce qui concerne ce « quand » – cette question que posent les justes et les injustes – « il n’y a qu’une réponse, a expliqué le pape : le quand est maintenant, aujourd’hui, à la sortie de cette Eucharistie ». La réponse est « entre nos mains, dans nos œuvres de miséricorde: pas dans des éclaircissements et des analyses raffinées, pas dans des justifications individuelles ou sociales. Entre nos mains, et nous sommes responsables ».
Aujourd’hui, a poursuivi le pape « le Seigneur nous rappelle que la mort vient faire la vérité sur la vie et supprime toute circonstance atténuante à la miséricorde. Frères, sœurs, nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas ».
« Dieu attend d’être caressé non par des mots, mais par des actes », a conclu le pape François.