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« La passion du Christ pour la destinée de chaque créature » doit « animer le croyant »

Message pour le XLIII Meeting pour l’amitié entre les peuples

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C’est la « passion du Christ pour la destinée de chaque créature qui doit animer le regard du croyant sur quiconque : un amour gratuit, sans mesure et sans calcul », écrit le pape François dans un message adressé à l’occasion du XLIII Meeting pour l’amitié entre les peuples.

Le pape François a adressé un message à Mgr Francesco Lambiasi, évêque de Rimini, à l’occasion du XLIII Meeting pour l’amitié entre les peuples, intitulé « Une passion pour l’homme », qui se tiendra du 20 au 25 août à Rimini (Italie). Le message, daté du 21 juillet 2022 et rendu public ce vendredi 19 août, est signé par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin.

« En nous donnant la vie, Dieu s’est en quelque sorte donné lui-même afin qu’à notre tour, nous nous donnions aux autres », explicite le message. Le bon Samaritain est ce « modèle de la passion inconditionnelle pour tous les frères et sœurs que l’on rencontre en chemin et c’est pourquoi il est en profonde résonance avec le thème du Meeting ».

Le bon Samaritain, poursuit le message, nous indique que notre existence est intimement connectée à celle des autres et que la relation avec l’autre est une condition pour devenir pleinement nous-même et porter du fruit. « L’Evangile de Jésus incarné dans la vie de la communauté chrétienne » rend possible cette « fraternité universelle ». Le pape François « appelle avec insistance les chrétiens à cette tâche historique », conclut le cardinal Parolin.

 

Voici notre traduction du message du pape François :

 

Excellence,

Le Saint-Père vous salue de tout cœur et vous confie, par mon intermédiaire, ce message pour le prochain Meeting pour l’amitié entre les peuples intitulé « Une passion pour l’homme ». En ce centenaire de la naissance du Serviteur de Dieu Mgr Luigi Giussani, les organisateurs désirent faire mémoire avec gratitude de son zèle apostolique, qui l’a poussé à rencontrer de nombreuses personnes et à porter à chacun la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Il disait en effet, dans son discours au Meeting de 1985 : « Le christianisme n’est pas né pour fonder une religion, il est né comme une passion pour l’homme. […] L’amour de l’homme, la vénération pour l’homme, la tendresse pour l’homme, la passion pour l’homme, l’estime absolue pour l’homme ».

Parfois, il semble que l’histoire ait tourné le dos à ce regard du Christ sur l’homme. Le pape François l’a souligné en de nombreuses occasions : « La fragilité des temps dans lesquels nous vivons est également celle-ci : croire qu’il n’existe pas de possibilité de rachat, une main qui te remet debout, une étreinte qui te sauve, te pardonne, te relève, t’inonde d’un amour infini, patient, indulgent ; qui te remet dans le droit chemin » (Le nom de Dieu est miséricorde. La parole du pape, la vérité d’un homme. Conversation avec Andrea Tornelli, Robert Laffont 2016). C’est l’aspect le plus pénible de l’expérience de tant de personnes qui ont vécu la solitude pendant la pandémie ou qui ont dû tout abandonner pour fuir la violence de la guerre. Voici alors que la parabole du bon Samaritain est aujourd’hui plus que jamais une parole-clé, parce qu’il est évident que, « au plus profond d’eux-mêmes, les hommes attendent que le Samaritain vienne à leur aide, qu’il se penche sur eux, qu’il verse de l’huile sur leurs blessures, qu’il prenne soin d’eux et les mette à l’abri. En dernière analyse, ils savent qu’ils ont besoin de la miséricorde de Dieu et de sa délicatesse […], d’un amour salvifique qui leur soit donné gratuitement » (Interview de Sa Sainteté le pape émérite Benoît XVI, dans Per mezzo della fede (Par la foi, ndr), a cura di Daniele Libanori et Cinisello Balsamo 2016, 129).

L’Evangile indique le bon Samaritain comme modèle de la passion inconditionnelle pour tous les frères et sœurs que l’on rencontre en chemin ; et c’est pourquoi il est en profonde résonance avec le thème du Meeting : « Prenons soin de la fragilité de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant et de chaque personne âgée, avec cette attitude solidaire et attentive, l’attitude de proximité du bon Samaritain » (Encyclique Fratelli tutti, 79).

 

Il ne s’agit pas seulement de générosité, que certains ont davantage et d’autres moins. Ici, Jésus veut mettre sous nos yeux la racine profonde du geste du bon Samaritain. Le pape François le décrit ainsi : « Reconnaître le Christ lui-même dans chaque frère abandonné ou exclu (cf. Mt 25,40-45). En réalité, la foi fonde la reconnaissance de l’autre sur des motivations inouïes, car celui qui croit peut parvenir à reconnaître que Dieu aime chaque être humain d’un amour infini et qu’il lui confère ainsi une dignité infinie. A ceci s’ajoute le fait que nous croyons que le Christ a versé son sang pour tous et pour chacun, raison pour laquelle personne ne se trouve en dehors de son amour universel » (ibid., 85).

 

Ce mystère ne cesse de nous surprendre, comme en témoigna précisément Don Giussani en présence de saint Jean-Paul II, le 30 mai 1998 : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu t’en souviennes, le fils de l’homme pour que tu en prennes soin ? ». Aucune question ne m’a jamais autant frappé, dans ma vie, que celle-ci. Il n’y a eu qu’un Homme au monde qui pouvait me répondre, par une nouvelle question : « Quel avantage l’homme aura-t-il à gagner le monde entier s’il se perd lui-même ? Ou que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? » […] Le Christ seul prend à cœur mon humanité » (Engendrer des traces dans l’histoire du monde, Parole et Silence 2011).

C’est cette passion du Christ pour la destinée de chaque créature qui doit animer le regard du croyant sur quiconque : un amour gratuit, sans mesure et sans calculs. Mais, nous demandons-nous, tout ceci ne pourrait-il pas apparaître comme une pieuse intention, au regard de ce que nous voyons se produire dans le monde d’aujourd’hui ? Dans l’affrontement de tous contre tous, où les égoïsmes et les intérêts partisans semblent dicter l’agenda dans la vie des individus et des nations, comment est-il possible de combler la distance qui sépare les uns des autres ? La pandémie et la guerre semblent avoir creusé le fossé, faisant reculer le chemin qui mène à une humanité plus unie et solidaire.

Mais nous savons que la route de la fraternité n’est pas tracée dans les nuages : elle traverse les nombreux déserts spirituels présents dans nos sociétés. « Dans le désert, disait le pape Benoît XVI, l’on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ; ainsi, il y a dans le monde contemporain des signes innombrables, souvent exprimés de manière implicite ou négative, de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie. Et dans le désert, il faut surtout des personnes de foi qui, par leur vie même, indiquent le chemin vers la Terre promise et gardent ainsi ferme l’espérance » (Homélie de la messe d’ouverture de l’Année de la foi, 11 octobre 2012). Le pape François ne se lasse pas d’indiquer la route qui traverse le désert en apportant la vie : « Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance ; ce que l’Esprit met en mouvement n’est pas un excès d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre, en le considérant comme étant un avec soi. Cette attention d’amour est le commencement d’une véritable préoccupation pour sa personne et c’est à partir d’elle que je désire chercher effectivement son bien » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 199).

Reprendre conscience de cela est déterminant. Une personne ne peut faire seule le chemin de la découverte de soi ; la rencontre avec l’autre est essentielle. En ce sens, le bon Samaritain nous indique que notre existence est intimement connectée à celle des autres et que la relation avec l’autre est une condition pour devenir pleinement nous-même et porter du fruit. En nous donnant la vie, Dieu s’est en quelque sorte donné lui-même afin qu’à notre tour, nous nous donnions aux autres : « Un être humain est fait de telle façon qu’il ne se réalise, ne se développe ni ne peut atteindre sa plénitude “que par le don désintéressé de lui-même“ » (Fratelli tutti, 87). Don Giussani ajoutait que la charité est un don de soi « ému ». En effet, il est émouvant de penser que Dieu, le Tout-puissant, s’est penché sur notre rien, qu’il a eu pitié de nous et nous a aimés personnellement d’un amour éternel.

Quel est le fruit de celui qui, imitant Jésus, fait don de lui-même ? « L’amitié sociale qui n’exclut personne et la fraternité ouverte à tous » (ibid., 94). Une étreinte qui abat les murs et va à la rencontre de l’autre, consciente de la valeur de chaque personne singulière et concrète, quelle que soit la situation dans laquelle elle se trouve. Un amour de l’autre pour ce qu’il est : une créature de Dieu, faite à son image et à sa ressemblance, et donc dotée d’une dignité intangible, dont personne ne peut disposer ni, pire, abuser.

C’est cette amitié sociale que nous sommes invités, en tant que croyants, à alimenter par notre témoignage : « La communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, raccourcit les distances, s’abaisse jusqu’à l’humiliation si nécessaire et assume la vie humaine, en touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple » (Evangelii gaudium, 24). Comme les hommes et les femmes de notre temps ont besoin de rencontrer des personnes qui ne donnent pas de leçons de leur balcon, mais qui descendent dans la rue pour partager la fatigue quotidienne de la vie, soutenues par une espérance digne de confiance !

Le pape François appelle avec insistance les chrétiens à cette tâche historique, pour le bien de tous, avec la certitude que la source de la dignité de chaque être humain et la possibilité d’une fraternité universelle est l’Evangile de Jésus incarné dans la vie de la communauté chrétienne : « Si la musique de l’Evangile cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés et envoyés. Si la musique de l’Evangile cesse de retentir dans nos maisons, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et dans l’économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme » (Discours lors de la Prière œcuménique, Riga, Lettonie, 24 septembre 2018).

Le Saint-Père espère que les organisateurs et les participants au Meeting 2022 accueilleront cet appel dans un cœur joyeux et disponible, en continuant de collaborer avec l’Eglise universelle sur la route de l’amitié entre les peuples et en dilatant dans le monde la passion pour l’homme. Il confie cette intention à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie et envoie de tout cœur sa bénédiction apostolique.

Vous adressant à mon tour mes meilleurs vœux pour que le Meeting réponde pleinement à vos attentes, je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments distingués.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

 

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Hélène Ginabat

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