« Ceux qui étaient proches de lui savent ce qu’il a dit et fait sur toute la question de la pédophilie. Il a été le premier à agir en tant que cardinal et a ensuite poursuivi la ligne de transparence en tant que pape » : Mgr Georg Gänswein a été interviewé par le quotidien italien le Corriere della Sera (9 février 2022), au lendemain de la lettre du pape émérite Benoît XVI et de la vérification des « faits », en réponse au Rapport de Munich publié en janvier.
Mgr Gänswein vient en effet de publier en italien son livre « Rendre témoignage à la vérité. Comment l’Église renouvelle le monde » (éd. Ares) : 21 écrits qui ne pouvaient pas ne pas évoquer la pensée et la personnalité de Joseph Ratzinger. Le livre « est sorti en Allemagne il y a deux ans*. La nouvelle édition en Italie était prévue pour l’année dernière, puis il s’est fait tard. Et oui, peut-être qu’il y a quelque chose de providentiel qu’il soit publié en ce moment, en ces jours si orageux d’un point de vue médiatique… », explique Mgr Gänswein.
Il confie que le fil conducteur choisi pour son livre, avec son éditeur allemand, a été « l’étude et la réflexion de la pensée de Joseph Ratzinger-Benoît XVI » : « Déjà ces dernières années, en tant que lycéen puis séminariste, j’avais lu l’Introduction au christianisme. Et ce fil théologique est resté et s’est enrichi : depuis 1996, lorsqu’il m’a appelé à la Congrégation pour la doctrine de la foi, je me suis nourri et je me nourris de sa théologie, il est évident qu’elle a imprégné mon cœur et mon esprit, comme la pluie. »
Pour Mgr Gänswein, cette lettre de Benoît XVI ressemble à un testament spirituel : « Elle est l’image de ses pensées, de ses sentiments, de sa sincérité morale et intellectuelle. En l’écrivant, il pensait aux victimes d’abus. Et devant lui, devant ses yeux, il avait Dieu lui-même. Vous voyez, un homme peut tromper les autres, mais Dieu ne peut pas être trompé. »
Pour ce qui est des attaques récentes contre le pape émérite, son secrétaire particulier estime que c’est l’oeuvre du théologien qui est visée : « Un courant veut vraiment détruire la personne et l’œuvre. Il n’a jamais aimé sa personne, sa théologie, son pontificat. (…) Comme la recherche d’une damnatio memoriae. »
Les attaques ont en particulier visé le pape émérite, parce que son mémoire de 82 pages ne mentionnait pas sa présence à la réunion de 1980 à propos d’un prêtre du diocèse de Essen venu suivre une thérapie dans celui de Munich.
La réponse au rapport de Munich explique notamment cette erreur du mémoire, reconnue par Mgr Georg Gänswein, dès le 22 janvier dernier.
Mgr Gänswein, redit, avec l’analyse publiée qu’il s’agit d’une « erreur » et non pas d’un « mensonge » : « L’’analyse des faits, ainsi que la lettre, donne une réponse très claire : oui, il y a une petite équipe de personnes qualifiées qui aident Benoît, il y a eu cette erreur et malheureusement aucun de nous ne s’en est rendu compte. C’était clairement une erreur éditoriale involontaire, Benoît était vraiment désolé. Mais il n’en demeure pas moins qu’une erreur et un mensonge sont deux réalités différentes. Et la substance ne change pas. Les auteurs du rapport eux-mêmes ont répondu qu’il n’y avait pas de « preuve ». Il ne peut pas y en avoir. »
En outre, Mgr Gänswein reconnaît que si, à 95 ans, le pape émérite est « physiquement, un homme très faible, comme c’est naturel à son âge », cependant cela « n’enlève rien à sa présence spirituelle et intellectuelle ».
Enfin, pour ce qui est de cette forme de « testament spirituel », Mgr Gänswein conclut que « Benoît XVI espère que la lettre sera lue avec cette sincérité d’intelligence et de cœur avec laquelle elle a été écrite, avec un regard vers le Seigneur. »
* “Vom Nine-Eleven unseres Glaubens” (« Du 11 septembre de notre foi »), aux éditions Fe-Medienverlags, 2019.