« Une Eglise qui a ces trois traits – l’humilité, le désintéressement et les Béatitudes – est une Église qui reconnaît l’action du Seigneur dans le monde, dans la culture, dans la vie quotidienne des gens », a dit le pape François : ce sont les traits d’un « nouvel humanisme » qu’il appelle de ses vœux.
Son discours sur le « nouvel humanisme dans le Christ Jésus » correspondait au thème de ce 5e Congrès ecclésial italien dont il a rencontré les quelque 2 500 délégués ce mardi 10 novembre dans la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence, où le pape a d’abord écouté des témoignages d’itinéraires de foi différents.
Le pape a ensuite présenté « quelques traits de l’humanisme chrétien qui étaient ‘sentiments de Jésus-Christ’ » : « l’humilité », « le désintéressement » et « la Béatitude » : « Ce ne sont pas des sentiments abstraits et provisoires de l’âme, mais ils représentent une chaude force intérieure qui nous permet de vivre et de prendre les décisions. »
L’humilité, première condition
L’humilité est « le premier sentiment » de ce « nouvel humanisme », a expliqué le pape : « L’obsession de préserver sa propre gloire, sa propre «dignité», sa propre influence ne devrait pas faire partie de nos sentiments. Nous devons rechercher la gloire de Dieu, et elle ne coïncide pas avec la nôtre. »
Vouloir le bonheur de l’autre
En citant les paroles de saint Paul, le pape a ensuite invité les chrétiens à « ne pas chercher leur propre intérêt », mais plutôt « celui des autres ». Plus encore que de « désintéressement », il s’agit, a-t-il renchérit, de « chercher le bonheur de ceux qui sont à nos côtés ». « L’humanité du chrétien, a expliqué le pape, est toujours « en sortie ». Elle n’est pas narcissique ni auto-référente. Quand notre cœur est riche et est tellement satisfait de lui-même, alors il n’y a plus de place pour Dieu. S’il vous plaît évitons de « nous enfermer dans les structures qui nous procurent une fausse protection, dans des normes qui nous transforment en juges implacables, dans des habitudes dans les quelles nous nous sentons tranquilles » (Evangelii gaudium, 49). »
La béatitude du chrétien
Troisième élément de ce nouvel humanisme, le pape a fait observer que « le chrétien est un bienheureux, il a en lui la joie de l’Evangile » : « Dans les Béatitudes, le Seigneur nous montre le chemin. En le parcourant, nous, êtres humains, nous pouvons arriver au bonheur le plu authentiquement humain et divin. »
Il évoque cette « béatitude » de qui « connaît la richesse de la solidarité, du partage du peu qu’il possède; la richesse du sacrifice quotidien d’un travail parfois dur et mal payé, mais fait par amour pour les êtres chers; et aussi celle de misères personnelles, qui, cependant, vécues avec confiance dans la providence et la miséricorde de Dieu le Père nourrissent une humble grandeur ».
« Les Béatitudes (…) commencent par une bénédiction et s’achèvent par une promesse de consolation. Elles nous conduisent sur un sentier de grandeur possible, celle de l’esprit, et quand l’esprit est prompt, tout va de soi », mais pour cela il faut le don de l’Esprit Saint. Le pape insiste sur le fait que pour être ‘bienheureux’, pour goûter la consolation de l’amitié avec Jésus Christ, il est nécessaire d’avoir le cœur ouvert. La béatitude est un pari laborieux, fait de renoncement, d’écoute et d’apprentissage, dont les fruits se récoltent avec du temps, en nous offrant une paix incomparable : ‘Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur’ (Ps 34, 9) ! »
Pour le pape, ces trois traits du nouvel humanisme – humilité, désintéressement, béatitude – « naissent de l’humanité du Fils de Dieu ».
Nous soyons pas obsédés par le pouvoir
Or, pour refléter l’humanité du Christ, il ne faut pas, déclare le pape, « être obsédé par le pouvoir », et il avertit : « même quand il prend le visage d’un pouvoir utile et fonctionnel pour l’image sociale de l’Eglise ». Voilà une clef de ce « nouvel humanisme chrétien ». « Les béatitudes, a résumé le pape, sont le miroir dans lequel nous regarder, ce qui nous permet de savoir si nous sommes ne train de marcher sur la bonne voie : c’est un miroir qui ne ment pas. »
Le pape a mis en garde contre les « deux tentations » : celui du « pélagianisme » – une forme de volontarisme – qui a « confiance dans les structures, les organisations, la planification parfaite parce qu’abstraite ». Or, « la doctrine chrétienne n’est pas un système fermé, incapable de générer des questions, des préoccupations, des questions, a insisté le pape. Elle est vivante, elle sait s’inquiéter, elle sait encourager. Elle n’a pas le visage rigide, elle a un corps qui bouge et se développe, a une chair tendre: la doctrine chrétienne s’appelle Jésus-Christ. »
La seconde tentation, c’est celle du « gnosticisme » qui se confie dans le « raisonnement logique et clair » dans lequel, cependant, « la tendresse » envers « le frère » se perd.
Or, insiste encore le pape, « la proximité avec les gens, et la prière sont la clef pour vivre un humanisme chrétien populaire, humble, généreux, joyeux. »
Avec Anita Bourdin