Et si Rosemonde Cathala nous parlait de l’Année saint Joseph et d’adoption? Actrice, metteuse en scène, directrice artistique pour la Compagnie de la rOse (Marciac 32), au théâtre Les 7 chandelles (Maubourguet 65), elle est aussi l’auteure de L’esprit du jazz – Gershwin (éd. E.T.G.S.O.) et de Une identité française (éd. Arcane 17).
Membre de la « Diaconie de la beauté« , elle témoigne pour les lecteurs de Zenit en cette fête de l’Epiphanie 2021.
AB
LA DIACONIE DE LA BEAUTE TEMOIGNE : ROSEMONDE CATHALA
Pour l’artiste que je suis, mon rapport à la création m’invite à me placer dans cette filiation spirituelle dont est porteur Joseph, et à me laisser adopter par la sainte famille.
J’ai choisi ma « voix » de comédienne, metteuse en scène et auteure, à peu près à la même époque où j’ai demandé le baptême, à vingt-deux ans : mon rapport à l’art était intimement lié à mon cheminement spirituel.
Je ne saurais dire d’ailleurs, concernant les deux, s’il s’agissait véritablement d’un choix, tant la foi, le théâtre et l’écriture se sont imposés à moi comme une nécessité vitale à un âge où les grandes questions existentielles vous assaillent !
Pour moi, le théâtre était un chemin d’enseignement au service du verbe incarné… Ce qui m’a amenée à défendre un théâtre de la vie, sans complaisance avec les images d’Epinal, le verbe incarné m’apparaissant vecteur de beauté par le principe même de son existence au milieu du marasme humain.
A ma façon, j’ai cherché à faire « œuvre », en créant il y a plus de vingt ans, avec d’autres fondateurs, le théâtre « Les 7 chandelles », lieu de diffusion de spectacles en campagne, dans les Hautes-Pyrénées, non loin de Lourdes, ainsi qu’une compagnie professionnelle de théâtre contemporain : la compagnie de la « rOse ».
Dans ces deux appellations, on peut retrouver la trace de mon attachement aux symboles chrétiens comme vecteurs de création et de révélation. Les pièces de théâtre que je signe sont une quête perpétuelle de « l’esprit », tel que dans ma première pièce éditée : « L’esprit du jazz », ou encore : « L’appel » (spectacle sur la conversion des apôtres) …
Souvent mal considéré, peu promu car réduit à sa simple fonction de divertissement, le théâtre joue d’après moi un rôle essentiel dans la cité. Passerelle entre nos forces vitales et le monde extérieur, il suscite la réflexion, parfois la remise en question, sans créer d’autres confrontations qu’avec nous-mêmes et ce, toujours dans le but de nous faire avancer en direction d’une plus grande conscience collective : comment oublier qu’à l’origine, le théâtre et l’autel ne faisaient qu’un ? Médiateur entre les hommes et Dieu, l’art de la représentation, qui fait appel à l’ensemble des autres arts (musique, peinture…), ne rend-il pas possible l’expérience de la beauté, en unissant à la fois l’intellect, les émotions, le corps et les sens ?
J’ai eu la chance de rencontrer Anne et Daniel Facérias il y a près de vingt ans autour d’un spectacle, et d’assister à la naissance de la Diaconie de la Beauté. En être membre est pour moi une grâce. Communier en tant qu’artiste à une même espérance, se placer dans la fraternité…
C’est déjà mettre un pied dans le royaume, non ?
Belle fête de l’Epiphanie !
Propos recueillis par Anne Facérias