Mme Azoulay (UNESCO), Pacte éducatif mondial, capture @ Vatican Media

Mme Azoulay (UNESCO), Pacte éducatif mondial, capture @ Vatican Media

Education: à Mossoul, un projet phare de l’UNESCO, par Mme Azoulay

« Faire de l’éducation un bien commun mondial »

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« C’est à Mossoul que nous mettons en œuvre l’un de nos projets les plus symboliques dans ce domaine, où nous soutenons la restauration des écoles et la relance de la vie culturelle – bibliothèques, festivals et événements éducatifs – qui sont tous des piliers essentiels d’une culture de paix et de respect »: la directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Madame Audrey Azoulay, a cité cet exemple dans un message vidéo projeté à l’occasion du lancement
du « Pacte mondial pour l’éducation », au Latran, ce jeudi 15 octobre 2020.

Le projet s’intitule « Faire revivre l’esprit de Mossoul » et comprend, entre autres, la restauration de l’église du couvent dominicain Notre-Dame de l’Heure (Al-Saa’a), avec l’aide des Emirats arabes unis.

Mme Azoulay a notamment indiqué comme objectif de « faire de l’éducation un bien commun mondial » d’ici 2030, réfutant les conceptions purement « économique » ou « utilitaire » de l’éducation .

La directrice de l’UNESCO a aussi insisté sur « l’humanité commune » comme fondement de cette éducation: « Nous visons également à construire un monde fondé sur l’équité, la solidarité et la dignité, à travers la coopération internationale et l’éducation, en révélant notre humanité commune. »

Enfin, elle a indiqué aussi une dimension importante de l’éducation promue par l’UNESCO « de plus en plus engagée dans l’éducation à l’environnement ».

Ce qui va dans le même sens que la septième « balise » du pape François pour un renouveau de l’éducation dans le monde: « Garder et cultiver notre maison commune, en la protégeant du pillage de ses ressources, en adoptant des styles de vie plus sobres et visant à l’utilisation complète des énergies renouvelables, respectueuses de l’environnement humain et naturel selon les principes de subsidiarité et de solidarité et de l’économie circulaire. »

Mme Azoulay a été reçue par le pape François au Vatican le 17 décembre 2018: dans cet entretien, il avait été question principalement de trois thèmes: l’éducation des jeunes migrants, la protection et la promotion du patrimoine culturel et les questions de diversité culturelle, et des questions éthiques comme celles liées à l’intelligence artificielle.

Mme Azoulay, UNESCO, 17 déc. 2018 © Vatican Mme Azoulay, UNESCO, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

Mme Azoulay, UNESCO, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

Voici notre traduction – rapide, de travail – des passages du discours de Mme Azoulay prononcés en espagnol et en anglais: le centre est dans son original en français.

AB

Message de Mme Azoulay

(En espagnol)

Sa Sainteté le Pape François,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d’abord exprimer ma gratitude à Sa Sainteté le Pape François pour son engagement à construire la paix par l’éducation et pour sa confiance dans le rôle que l’UNESCO peut jouer dans cette mission.

Au sein de notre Organisation, nous partageons la vision d’une éducation humaniste, basée sur la dignité et les droits de l’homme, la paix et la citoyenneté, l’écologie, la solidarité et le développement.

En fait, l’éducation ne peut se limiter à ses fonctions économiques ou utilitaires.

L’éducation est un bien commun qui nous permet de « raviver un désir universel d’humanité » comme le disait Sa Sainteté dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti. C’est la condition d’une société solidaire qui respecte la personne humaine, sa dignité, mais aussi la planète, qui est notre «maison commune».

(En français)

Mesdames, Messieurs,

Ce bien commun est pourtant en danger, en danger lorsque comme le rappelait Sa Sainteté en février dernier, le Pacte éducatif avait pu être « rompu », sous l’effet des inégalités et des injustices.

La crise à laquelle nous faisons face aujourd’hui est plurielle.

Crise éducative majeure d’abord, puisque près d’1,6 milliard d’élèves et d’étudiants dans le monde ont été privés de leurs salles de classes – ce qui a mis en lumière et accentué toute une série d’inégalités, notamment sociales.

Ce sont ainsi 40 % des pays les moins favorisés qui n’ont pas été en mesure de déployer des dispositifs spécifiques pour la continuité des apprentissages.

Et nous le savons tous, cette situation difficile touche en premier lieu les plus vulnérables – par exemple en Afrique subsaharienne où plus de 80 % des élèves n’ont pas accès à Internet à leur domicile.

Mais cette crise est plus large, elle est plus profonde. Elle a libéré une « mondialisation de l’indifférence », parfois de la violence, des discours de haine contre les plus vulnérables, contre les migrants, les populations discriminées, et très souvent les femmes.

Ce que la crise du COVID aura donc confirmé, en révélant la fragilité de nos systèmes éducatifs et au-delà la fragilité de nos sociétés, c’est la nécessité d’un nouvel agenda, d’un nouvel engagement de toute la société pour l’éducation.

Un Pacte appelé de ses vœux par Sa Sainteté, qui considère l’éducation dans toute sa portée globale, partagée, intégrale.

Et l’UNESCO, organisation chef de file des Nations Unies pour l’éducation, a vocation à être au cœur de cette refondation, dans toute la plénitude de son mandat : par l’éducation bien sûr, mais aussi à travers la culture, à travers le sport, à travers les sciences, à travers l’information.

Parce que l’UNESCO est par nature une organisation globale, qui rassemble 193 États membres de tous les continents.

Parce que l’UNESCO voit l’éducation comme une vision partagée et intégrale, qui met au centre l’humain, son empathie, sa dignité, pour faire de l’éducation le pilier de la refondation de nos sociétés.

Le Pacte mondial fait ainsi écho à la grammaire, à l’ADN, de l’UNESCO, à son ambition historique et humaniste de construire la paix, d’abord, par les esprits.

(En anglais)

C’est à Mossoul que nous mettons en œuvre l’un de nos projets les plus symboliques dans ce domaine, où nous soutenons la restauration des écoles et la relance de la vie culturelle – bibliothèques, festivals et événements éducatifs – qui sont tous des piliers essentiels d’une culture de paix et de respect.

Cette culture du respect ne doit pas seulement s’appliquer aux autres – elle doit également s’appliquer au monde naturel. C’est pourquoi l’UNESCO est de plus en plus engagée dans l’éducation à l’environnement, ce qui nous permettra de réparer un autre pacte – le pacte entre l’homme et la nature.

Pour reconstruire ces fondations, nous avons besoin d’une vision prospective à long terme.

C’est pourquoi nous avons lancé des réflexions internationales sur les futurs de l’éducation, avec le soutien d’acteurs et de la société civile du monde entier.

En impliquant l’ensemble de la communauté d’apprentissage, nous serons en mesure de faire de l’éducation un bien commun mondial, pour 2050 et au-delà.

En effet, c’est ce que nous devons à nos jeunes. À cet égard, il est symbolique que notre Commission internationale sur l’avenir de l’éducation soit dirigée par Son Excellence la Présidente de la République fédérale démocratique d’Éthiopie. Dans ce pays qui compte 100 millions d’habitants et fait face à de nombreux défis environnementaux, les jeunes représentent 60% de la population.

L’UNESCO est donc ravie d’être avec vous, de faire partie de ce Pacte pour l’éducation, car ses objectifs reflètent les nôtres. Nous visons également à construire un monde fondé sur l’équité, la solidarité et la dignité, à travers la coopération internationale et l’éducation, en révélant notre humanité commune.

De cette manière, nous serons en mesure de préparer les prochaines générations à affronter l’avenir et, selon les paroles de Sa Sainteté, à «naviguer sur les hautes mers du monde».

Merci de votre attention.

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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