« La disponibilité généralisée des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions est un facteur clé de la violence armée et des conflits », affirme Mgr Auza qui « appuie fermement les efforts multilatéraux visant à réduire le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, en particulier ceux qui visent à fournir une assistance aux États en proie à la violence armée, qui s’emploient à enrayer le mouvement illégal d’armes et à assurer la collecte et la destruction de celles qui sont déjà en circulation ».
Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies, est intervenu lors de la première Commission de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans le Débat thématique : Armes conventionnelles et mise en œuvre du Programme d’action sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), à New York, le 30 octobre 2018.
Le représentant du Saint-Siège estime « que l’Instrument international de traçage est une mesure très importante » pour « prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre » et il soutient « l’appel du Secrétaire général à la création d’un fonds fiduciaire par l’intermédiaire du Fonds pour le maintien de la paix, afin de fournir un moyen plus durable d’appliquer efficacement le Programme d’action et l’Instrument international de traçage ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza.
HG
Déclaration de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
S’attaquant au problème de l’accumulation excessive et du commerce illicite des armes classiques, le Secrétaire Général a souligné qu’ « en moyenne, toutes les 15 minutes, l’utilisation d’une arme à feu entraîne une mort violente quelque part dans le monde. La disponibilité généralisée des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions est un facteur clé de la violence armée et des conflits. Le taux élevé d’armes et de munitions en circulation contribue à l’insécurité, fait du tort aux civils, facilite les violations des droits de l’homme et entrave l’accès des organisations humanitaires ». Pourtant, selon le Secrétaire général, « les efforts déployés par l’ONU pour s’attaquer aux problèmes posés par les armes de petit calibre illicites ont été fragmentés et limités ». (1)
Le Saint-Siège appuie fermement les efforts multilatéraux visant à réduire le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, en particulier ceux qui visent à fournir une assistance aux États en proie à la violence armée, qui s’emploient à enrayer le mouvement illégal d’armes et à assurer la collecte et la destruction de celles qui sont déjà en circulation. Par conséquent, ma délégation se félicite du vote unanime à la troisième conférence d’examen du Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, et estime que l’Instrument international de traçage est une mesure très importante à cet égard. La réduction du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, comme l’indique le Programme d’action, renforce « le respect de la vie et la dignité de la personne humaine grâce à la promotion d’une culture de la paix ».
Comme plusieurs délégations l’ont souligné à la troisième Conférence d’examen, une coopération et une assistance internationales accrues sont nécessaires pour restreindre sévèrement et, dans la mesure du possible, éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Comme le Secrétaire général l’a déclaré : « Le paradigme actuel des projets à court terme et compartimentés visant à lutter contre le contrôle des armes légères ne tient pas compte de la gravité et de l’ampleur du problème ». Il est donc « impératif que les Nations Unies poursuivent un nouveau modèle de financement durable et cohérent de l’assistance internationale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre ». L’appel du Secrétaire général à la création d’un fonds fiduciaire par l’intermédiaire du Fonds pour le maintien de la paix, afin de fournir un moyen plus durable d’appliquer efficacement le Programme d’action et l’Instrument international de traçage, est un pas important dans la bonne direction, d’autant plus qu’il vise à traiter toutes les dimensions du trafic illicite des armes à petit calibre, notamment la promotion de l’éducation à la paix (2).
Monsieur le Président,
Un monde sécurisé est essentiel au développement et donc à la lutte contre l’extrême pauvreté. Le pape Paul VI a déclaré en 1967 que le développement était le nouveau nom de la paix, affirmation reprise dans l’Agenda pour le développement durable à l’horizon 2030, lorsqu’il soulignait : « Il ne peut y avoir de développement durable sans paix ni de paix sans développement durable » (3). Comme le dit l’objectif de développement durable 16.4, un élément important de l’effort global visant à instaurer la paix et le développement consiste à « réduire considérablement les flux financiers et d’armes illicites » d’ici 2030.
Il y a trois ans, le pape François a demandé au Congrès américain : « Pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui prévoient d’infliger des souffrances indicibles à des individus et à la société ? ». Il a affirmé que, malheureusement, c’est simplement « pour de l’argent, un argent ensanglanté, souvent d’un sang innocent. » (4) Ses paroles s’appliquent avec une force particulière à ceux qui tirent profit de la vente d’armes illicites à des entités et à des individus impliqués dans des activités aussi horribles que le terrorisme, le vol à grande échelle, l’oppression des pauvres et des personnes sans défense ainsi que le crime organisé, comme le commerce de stupéfiants, le trafic d’êtres humains et le commerce illégal d’espèces sauvages.
Monsieur le Président,
Il est de notre devoir de nous attaquer au problème du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre. Nous nous félicitons des progrès réalisés à ce jour et nous sommes déterminés à contribuer à sa poursuite.
Merci Monsieur le Président.
- Sécuriser notre avenir commun. Un agenda pour le désarmement, pages 40-41.
- Ibidem, page 41.
- Programme de développement durable à l’horizon 2030, préambule.
- Pape François, Allocution à la session conjointe du Congrès des États-Unis, 24 septembre 2015.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat