Dans un discours convaincant prononcé à l’occasion du centenaire du Bigard Memorial Seminary au Nigeria, le cardinal Francis Arinze a délivré un message clair sur le pouvoir transformateur d’une prédication concise, le besoin urgent d’une formation solide dans les séminaires et l’équilibre délicat de l’intégration culturelle au sein de l’Église. Ses remarques, qui reflètent des décennies d’expérience, ont tracé la voie à suivre pour les prêtres et les séminaristes dans un monde en mutation rapide.
Homélies : un appel à la profondeur et à la simplicité
Le cardinal Arinze a critiqué les homélies trop longues et alambiquées, exhortant les prêtres à se concentrer sur la clarté, la brièveté et la profondeur spirituelle. Selon lui, une homélie doit refléter le lien pieux du prêtre avec le Christ et les Écritures, en évitant les distractions telles que les commentaires politiques ou la critique sociale.
« Les homélies ne sont pas des exercices de gymnastique théologique ou des cours magistraux pour les salles de classe des universités », a ironisé M. Arinze. Il a proposé une durée standard de dix minutes, soulignant que la chaire devrait être un lieu de proclamation de l’Évangile, et non d’agendas personnels ou de diatribes publiques.
M. Arinze a également insisté sur le fait qu’un langage clair est essentiel, mettant en garde contre le mélange des dialectes ou l’étalage de prouesses linguistiques au détriment de la compréhension de l’assemblée. « Une homélie mal rédigée ne rend service ni à Dieu ni aux fidèles », a-t-il déclaré.
Formation en séminaire : préparer des pasteurs, pas des interprètes
Réfléchissant à la formation des futurs prêtres, M. Arinze a souligné le rôle crucial des séminaires dans la formation de leaders qui accompagnent leurs communautés. S’inspirant de l’image du pape François, il a fait remarquer qu’un bon berger « sent la brebis » et ne sert pas de figure distante, mais fait partie intégrante du troupeau.
Néanmoins, des défis nous attendent. De nombreux jeunes Nigérians, a-t-il observé, se détournent du catholicisme, attirés par les religions et les superstitions traditionnelles africaines. « Certains ont recours à l’idolâtrie, recherchent les conseils de voyants ou s’engagent dans des pratiques néfastes, y compris la violence, pour obtenir des gains financiers », a déploré M. Arinze.
Il a proposé des solutions innovantes, telles que l’affectation de prêtres à l’enseignement religieux dans les écoles, afin d’assurer aux jeunes des bases solides en matière de foi. « Cette tâche n’est pas indigne du sacerdoce », a-t-il déclaré, soulignant que les prêtres doivent apporter des réponses aux défis spirituels et moraux de la vie.
Intégration culturelle : équilibrer tradition et doctrine
M. Arinze a également évoqué les efforts déployés pour harmoniser les cultures locales avec les traditions catholiques. Il s’est félicité des progrès réalisés dans l’intégration des langues et des coutumes indigènes dans l’Église, mais a mis en garde contre des pratiques précipitées ou non examinées.
« L’inculturation requiert un processus rigoureux et collaboratif qui implique les évêques, les théologiens et les experts culturels », a expliqué M. Arinze. Il a rejeté l’idée d’innovations arbitraires, avertissant que l’adaptation culturelle doit être enracinée dans une profonde réflexion théologique.
Un siècle de formation : l’héritage du séminaire Bigard
Alors que le Bigard Memorial Seminary commémore 100 ans de formation sacerdotale, M. Arinze a fait l’éloge de ses contributions durables à l’Église nigériane. Fondé en 1924 et transféré à Enugu en 1951, le séminaire a été une pierre angulaire de la formation cléricale en Afrique de l’Ouest.
Revenant sur l’histoire du séminaire, M. Arinze a exprimé sa gratitude envers les visionnaires qui l’ont fondé, en particulier Stéphanie et Jeanne Bigard, dont la générosité a rendu sa construction possible. Il a également rappelé la visite historique du pape Jean-Paul II au séminaire en 1982, un événement qui a souligné son importance.
« Le séminaire a accompli un travail remarquable en préparant les prêtres à l’évangélisation », a déclaré M. Arinze. « Puisse-t-il continuer à prospérer dans sa mission, guidé par l’Esprit Saint et l’intercession de Marie, Reine des Apôtres ».
Regarder vers l’avenir : un défi pour l’Église
Le discours du cardinal Arinze était plus qu’une réflexion sur le passé : c’était un cri de ralliement pour le renouveau de l’Église. En mettant l’accent sur une prédication concise et significative, une formation sacerdotale solide et une intégration culturelle réfléchie, il a proposé une vision qui résonne bien au-delà du Nigeria.