Luisa Piccaretta © etcatholic.org

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L’Église ne béatifiera peut être pas Luisa Piccarreta

Le Dicastère pour la cause des saints suspend le dossier de béatification de la mystique italienne

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Mgr Benoît Bertrand, évêque de Mende et président de la Commission doctrinale de l’épiscopat en France, a adressé le 24 janvier 2024 une lettre à ses confrères pour leur faire part de la décision du Vatican concernant l’examen du dossier d’ouverture de la cause en béatification de la mystique italienne Luisa Piccaretta.

Ce dossier a été ouvert en 1994 par l’archevêque de Trani, Mgr Giovanni Battista Pichierri. Trente ans après, il est suspendu. La mystique italienne ne sera peut être pas béatifiée ni canonisée, « sans préjuger de la conduite exemplaire de la vie et de l’exercice des vertus de Luisa Piccarreta » écrit l’évêque de Mende.

La « messagère de la divine volonté » a laissé beaucoup d’écrits qui, dès 1938, soulevaient déjà des problèmes doctrinaux. L’ouverture de sa cause en béatification en 1992 a cependant suscité depuis quelques années un regain d’intérêt chez nombre de fidèles.

Luisa Piccaretta est née en 1865 dans la province de Bari, dans le sud de l’Italie. Elle aurait été, selon ses dires, porteuse des stigmates de façon invisible. Malade et alitée depuis l’âge de 16 ans et jusqu’à sa mort en 1947, elle est entrée à 18 ans dans le tiers ordre dominicain. 

À partir de 1891, à la demande de son directeur spirituel de l’époque, elle a commencé à rédiger un journal relatant ses expériences mystiques. En tout, 36 cahiers manuscrits, totalisant environ 10 000 pages. Elle a cessé ses écrits sur l’ordre de son confesseur en 1938, à la suite de la mise à l’Index de ses trois premiers volumes par le Saint Office.

Dans sa lettre, Mgr Bertrand reprend les arguments avancés par le Dicastère pour la cause des saints, qui sont de trois natures : théologique, christologique et anthropologique. Le préfet du Dicastère, le cardinal Marcello Semeraro, demandait déjà dans une lettre du 18 avril 2022 d’« évaluer en conséquence la diffusion populaire de tels éléments pour éviter la confusion parmi les croyants ».

« Les difficultés relevées dans les écrits sont de nature à la fois théologique (une conception de la divine Volonté trop mécanique et obsessionnelle ne semblant pas laisser à l’homme la possibilité d’exercer son libre arbitre), christologique (une doctrine de la réparation et de la spiritualité victimale n’intégrant pas le primat de l’amour miséricordieux, immérité et inconditionnel de Dieu et risquant d’annuler ou relativiser l’offrande libre et gratuite du Rédempteur), et anthropologique (une spiritualité marquée par un pessimisme sur la nature humaine avec peu de références à la résurrection du Christ, à l’espérance chrétienne, à la grâce sanctifiante, à la bonté de la création et à la communion ecclésiale » écrit Mgr Bertrand.

L’évêque de Mende rajoute qu’il est nécessaire que la spiritualité de Luisa Piccarreta soit présentée dans la perspective du mystère de la gloire et de l’amour miséricordieux, et que la croix elle-même doit être contemplée à partir du mystère de la Résurrection du Christ.

 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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