Cycle de catéchèses – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance. III. La Pâque de Jésus. 8. La Descente. Dans l’Esprit, « il est aussi allé proclamer son message aux esprits en prison » (1 P 3,19).
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui encore, nous contemplons le mystère du Samedi saint. C’est le jour du mystère pascal où tout semble immobile et silencieux, alors qu’en réalité s’accomplit une action invisible de salut : le Christ descend dans le séjour des morts pour annoncer la Résurrection à tous ceux qui étaient dans les ténèbres et à l’ombre de la mort.
Cet événement, transmis par la liturgie et la tradition, représente le geste le plus profond et le plus radical de l’amour de Dieu pour l’humanité. En effet, il ne suffit pas de dire ou de croire que Jésus est mort pour nous : il faut reconnaître que la fidélité de son amour est venue nous chercher là où nous étions perdus, là où seule une lumière capable de pénétrer le royaume des ténèbres pouvait nous atteindre.
Dans la conception biblique, le séjour des morts n’est pas tant un lieu qu’une condition existentielle : celle où la vie est épuisée, où dominent la douleur, la solitude, la culpabilité et la séparation d’avec Dieu et les autres. Le Christ nous rejoint même dans cet abîme, franchissant les portes de ce royaume de ténèbres. Il entre, pour ainsi dire, dans la maison même de la mort, pour la vider, en libérer les habitants, les prenant un à un par la main. Voilà l’humilité d’un Dieu qui ne s’arrête pas devant notre péché, qui n’a pas peur de l’extrême rejet de l’homme.
L’apôtre Pierre, dans le bref passage de sa première Lettre que nous venons d’entendre, affirme que Jésus, rendu vivant dans l’Esprit Saint, est allé annoncer le salut même « aux esprits en prison » (1 P 3,19). C’est l’une des images les plus bouleversantes, rapportée non pas par les évangiles canoniques, mais par un texte apocryphe intitulé Évangile de Nicodème. Selon cette tradition, le Fils de Dieu est descendu dans la nuit la plus profonde pour atteindre jusqu’au dernier de ses frères et sœurs, afin d’y apporter aussi sa lumière. Dans ce geste se concentre toute la force et toute la tendresse du message pascal : la mort n’est jamais le dernier mot.
Cette descente du Christ ne concerne pas seulement le passé, mais touche la vie de chacun de nous. Le séjour des morts n’est pas uniquement la condition des défunts : il est aussi celui de ceux qui vivent la mort provoquée par le mal et le péché. C’est aussi l’enfer quotidien de la solitude, de la honte, de l’abandon et du combat de la vie. Le Christ entre dans toutes ces réalités obscures pour témoigner de l’amour du Père. Non pour juger, mais pour libérer. Non pour condamner, mais pour sauver. Il le fait discrètement, sur la pointe des pieds, comme celui qui entre dans une chambre d’hôpital pour offrir réconfort et secours.
Les Pères de l’Église ont décrit ce moment comme une rencontre : celle entre le Christ et Adam. Une rencontre qui symbolise toutes celles possibles entre Dieu et l’homme. Le Seigneur descend là où l’homme s’est caché par peur, et il l’appelle par son nom, le prend par la main, le relève et le ramène à la lumière. Il agit avec pleine autorité, mais aussi avec une infinie douceur, comme un père envers le fils qui craint de n’être plus aimé.
Dans les icônes orientales de la Résurrection, le Christ est représenté brisant les portes du séjour des morts, tendant les bras et saisissant Adam et Ève par les poignets. Il ne se sauve pas seul, il ne revient pas à la vie seul, mais emporte toute l’humanité avec lui. Voilà la véritable gloire du Ressuscité : la puissance de l’amour, la solidarité d’un Dieu qui ne veut pas se sauver sans nous, mais seulement avec nous.
Le Samedi saint est ainsi le jour où le ciel visite la terre de la façon la plus profonde. C’est le moment où chaque recoin de l’histoire humaine est touché par la lumière de Pâques. Et si le Christ a pu descendre jusque-là, rien n’est exclu de sa rédemption. Ni nos nuits, ni nos fautes les plus anciennes, ni nos liens brisés. Il n’existe pas de passé trop ruiné, ni d’histoire trop compromise pour ne pas être touchés par la miséricorde.
Chers frères et sœurs, descendre, pour Dieu, n’est pas une défaite, mais l’accomplissement de son amour. Ce n’est pas un échec, mais la manière dont il montre qu’aucun lieu n’est trop éloigné, aucun cœur trop fermé, aucun tombeau trop scellé pour son amour. Cela nous console et nous soutient. Et si parfois nous avons l’impression d’avoir touché le fond, rappelons-nous : c’est de là que Dieu peut commencer une nouvelle création. Une création faite de personnes relevées, de cœurs pardonnés, de larmes essuyées. Le Samedi saint est l’étreinte silencieuse par laquelle le Christ présente toute la création au Père pour la réintégrer dans son dessein de salut.












