Réponse du P. Edward McNamara, LC, professeur de liturgie et de théologie sacramentelle et directeur de l’Institut Sacerdos à l’Université Pontificale Regina Apostolorum.
Q : J’ai une question concernant l’onction des malades. Je sais que les personnes souffrant de maladies graves sont sujettes à recevoir ce sacrement. Cela inclut-il les personnes souffrant de maladies mentales ? Si oui, quelles sont les maladies qui peuvent être considérées comme graves ? – A. L., Guadalajara, Mexique
R : Les normes actuelles indiquent le moment où le sacrement de l’onction des malades peut être administré : « dès qu’un fidèle commence à être en danger de mort par la maladie ou la vieillesse, le moment opportun est certainement arrivé pour qu’il reçoive ce sacrement » (Code de Droit Canonique 1004 § 1). Le Catéchisme, résumant les effets de ce sacrement, dit au n. 1532 :
La grâce spéciale du Sacrement de l’Onction des malades a comme effets :
– l’union du malade à la Passion du Christ, pour son bien et pour celui de toute l’Église ;
– le réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement les souffrances de la maladie ou de la vieillesse ;
– le pardon des péchés si le malade n’a pas pu l’obtenir par le sacrement de la Pénitence ;
– le rétablissement de la santé, si cela convient au salut spirituel ;
– la préparation au passage à la vie éternelle.
Les dispositions du Rituel pour l’onction des malades et leur soin pastoral (ci-après « Rituel ») publié par le Saint-Siège clarifient les conditions dans lesquelles le sacrement peut être reçu.
En ce qui concerne le jugement sur la gravité de la maladie, le Rituel précise : « il suffit d’avoir un jugement prudent ou probable sur la gravité de la maladie. Il faut laisser de côté toute inquiétude à ce sujet et, si nécessaire, consulter le médecin. » (n. 8)
En outre, « ce sacrement peut être répété si le malade s’est rétabli après la réception précédente de l’onction. Il peut aussi être conféré à nouveau si, au cours de la même maladie, son état de dangerosité s’aggrave. »
Une intervention chirurgicale importante est également une motivation suffisante pour recevoir le sacrement, même si la maladie n’est pas en elle-même immédiatement dangereuse pour la vie : « Avant une section chirurgicale (communément appelée “opération”), l’onction sainte peut être donnée au malade autant de fois que la maladie dangereuse est la cause de cette intervention chirurgicale. »
L’Église fait ici la distinction entre une maladie qui ne justifierait pas en elle-même la réception du sacrement, et la même maladie qui précède l’intervention chirurgicale. Dans ce dernier cas, l’onction est justifiée.
En ce qui concerne les personnes âgées : « L’onction peut être conférée à des personnes âgées très affaiblies, même si elles ne présentent pas de signes de maladie dangereuse. Dans ce cas, l’onction peut être répétée périodiquement au fur et à mesure que la vieillesse avance.
Le sacrement peut également être administré aux enfants malades « dès qu’ils ont atteint l’usage de la raison, afin qu’ils soient fortifiés par ce sacrement ».
Le sacrement peut également être conféré aux personnes inconscientes si « en tant que croyantes, elles auraient probablement demandé l’onction sainte alors qu’elles étaient en possession de leurs facultés ». De même, si une personne est apparemment morte mais que le prêtre « a des doutes sur la réalité de la mort du malade, il peut donner le sacrement sous condition ».
Jusqu’à une date relativement récente, la doctrine catholique ne considérait pas ce sacrement comme nécessaire pour les maladies chroniques ne mettant pas la vie en danger, les maladies mentales et les affections telles que la toxicomanie et l’alcoolisme. Il pouvait toutefois être administré dans le cas d’une situation dangereuse découlant de ces affections, telle qu’une overdose.
Cependant, la science médicale a découvert que certaines maladies jusqu’ici mentales sont en fait des symptômes de déséquilibres physiques. Par exemple, la démence associée à la maladie d’Alzheimer est apparemment mentale, mais c’est aussi une maladie mortelle et même incurable.
Même si la maladie mentale grave n’est pas causée par des phénomènes physiques connus, le n° 53 de l’introduction au Rituel ouvre la possibilité de l’utilisation du sacrement dans de tels cas. A savoir :
« Certains types de maladies mentales sont désormais classés comme graves. Ceux qui sont considérés comme souffrant d’une maladie mentale grave et qui seraient fortifiés par le sacrement peuvent être oints. L’onction peut être répétée dans les conditions prévues pour les autres types de maladies graves ».
Par conséquent, bien qu’il soit possible que l’anxiété et d’autres stress mentaux similaires atteignent un degré de gravité qui justifie l’onction, le ministre devrait procéder avec une certaine prudence en ce qui concerne l’onction pour la maladie mentale. Il n’y a pas de norme claire pour déterminer la « gravité ». Pour cette raison, de telles situations doivent être traitées au cas par cas et en consultation avec le médecin de la personne.
Il est également important de rappeler que les sources de grâce habituelles de l’Église, comme le recours fréquent aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie, la proximité avec la Vierge Marie, ainsi que la prière et la recherche d’un accompagnement spirituel, sont d’une grande aide pour surmonter ces fardeaux ou au moins pour supporter avec patience les épreuves permises par Dieu.
Le motif pour conférer le sacrement n’est pas (bien qu’il puisse inclure) la rémission des péchés personnels des personnes, mais d’obtenir la force dont elles peuvent avoir besoin, soit pour supporter leurs souffrances, soit pour surmonter le découragement.
Comme le dit le Rituel : « Ceux qui reçoivent ce sacrement dans la foi de l’Église y trouveront un véritable signe de consolation et de soutien dans l’épreuve. Il contribuera à vaincre la maladie si telle est la volonté de Dieu. » (n. 52)
Par conséquent, bien que les dispositions de l’Église permettent une administration généreuse de l’onction des malades, le sacrement est ordonné pour ceux qui sont gravement malades, avec une condition physique ou mentale. Il ne doit pas être administré de manière générale et sans discernement.
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